« Par ung miroir en obscurté » ? Le conseil politique dans les œuvres de Noël de Fribois ( ?-c.1467-1468) et de Mathieu Thomassin (c. 1391-post 1457)
Kathleen Daly
Kathleen Daly, « « Par ung miroir en obscurté » ? Le conseil politique dans les œuvres de Noël de Fribois ( ?-c.1467-1468) et de Mathieu Thomassin (c. 1391-post 1457) », Cahiers de recherches médiévales et humanistes, 24, 2012, 99-112.
Extrait de l’article
« Ce que la justice et la politique demandaient à l’histoire », comme nous le rappellait notre regretté collègue le professeur Bernard Guenée, « c’étaient des précédents qui justifiassent le présent […], les arguments précis ou de grandes idées simples, [qui] établi[ssen]t des continuités […]. Et les œuvres historiques […] renvoyaient au lecteur l’image d’un présent cent fois réfléchi par les glaces du passé. »
Toutefois, la réflexion du passé semble parfois nous parvenir, à nous autres historiens du bas Moyen Âge, par « ung miroir en obscurté ». Je reprends ici l’expression de saint Paul (1 Co 13, 12), telle que nous la reflète à son tour la traduction de Jacques Lefèvre d’Étaples : cette « obscurté » fait de l’histoire un médium pour le moins problématique pour la formulation de conseils politiques. Comme le suggère Jean-Philippe Genet dans la conclusion d’un précédent colloque, « l’histoire a été limitée à la portion congrue dans les miroirs », précisément au moment où les Miroirs des Princes en tous genres réussissent à s’imposer à un public peut-être réticent, ou, en tout cas, moins cultivé, grâce à « un support intermédiaire (le plus souvent une chronique) ».