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Les diplomates de Mantoue à la cour de France (1501-1559). Extraits de la correspondance diplomatique conservée aux Archives d’État de Mantoue

Monique Chatenet, Francesca Mattei (éd.)

Monique Chatenet, Francesca Mattei (éd.), Les diplomates de Mantoue à la cour de France (1501-1559). Extraits de la correspondance diplomatique conservée aux Archives d’État de Mantoue, Paris, Cour de France.fr, 2024, 6 vol.
Ouvrage inédit mis en ligne le 1er septembre 2024 (https://cour-de-france.fr/article6970.html).

Avant-propos

Le présent ouvrage a connu une genèse laborieuse. Initié avec Marc Smith il y a près de vingt-cinq ans, puis interrompu pendant une douzaine d’années, le projet éditorial a repris vie en 2020 grâce à Francesca Mattei, pour arriver à son terme aujourd’hui seulement. Mais son objectif n’a jamais varié : offrir aux chercheurs s’intéressant à la cour de France du XVIe siècle un vaste corpus de documents susceptibles de nourrir et d’orienter leurs travaux, tout en leur faisant découvrir sous toutes ses facettes l’immense richesse de la correspondance diplomatique des Gonzague conservée aux Archives d’État de Mantoue.

On connaît depuis très longtemps l’intérêt historique des archives diplomatiques des cours européennes qui s’est traduit depuis le XIXe siècle par de nombreuses et éminentes publications [1]. Mais l’intérêt particulier que les dépêches de Ferrare et de Mantoue présentent pour l’histoire de la société de cour n’a pas donné lieu, tant s’en faut, à la même abondance éditoriale. Si la correspondance de Ferrare a fait l’objet en 2001 de la précieuse publication de Carmelo Occhipinti [2], il n’en va pas de même pour celle de Mantoue, en dehors des années 1515-1517 étudiées par Raffaele Tamalio [3]. Et pourtant, les princes de ces deux cours – et donc leurs diplomates – qui, au début du XVIe siècle, s’efforcent de louvoyer habilement entre François Ier et Charles Quint, accordent une importance exceptionnelle, non seulement au fonctionnement de la cour de France afin d’en comprendre les arcanes, mais aussi à ses principaux protagonistes, au cadre et au mode de vie, aux usages, au cérémonial, aux intérêts artistiques et aux cadeaux diplomatiques, aux fêtes, tournois, chasses et autres divertissements, aux vêtements et aux armes, aux chevaux, chiens et autres animaux. Relater les grands événements faisant partie de leurs obligations statutaires, les ambassadeurs, qui ont droit à un rang éminent dans les cortèges et les festins, bénéficient de tribunes réservées dans les cérémonies qui leur permettent d’en être des observateurs privilégiés.

Principes éditoriaux
Le choix des documents retenus, dont on ne saurait cacher une part d’arbitraire, a été pour beaucoup déterminé par les dépouillements effectués dans le cadre nos recherches personnelles : cadre architectural et mode vie de la cour de France [4], mécénat des Gonzague [5], rapports entre Français et Italiens [6]. Il en a été de même pour la période retenue : 1501-1559, c’est-à-dire depuis le début de la correspondance conservée à Mantoue jusqu’à la mort d’Henri II. En revanche, nous avons dès l’origine adopté le parti de publier chaque document dans son intégralité, même si, bien souvent, les nouvelles de la cour ne concernent qu’un paragraphe. Le but n’était pas seulement que les historiens « du politique » puissent trouver, eux aussi, matière à réflexion. Il nous est apparu en effet que le premier intérêt de cette correspondance est la variété des sujets abordés. Il s’agit, nous semble-t-il, d’un enseignement essentiel à méditer, à une époque où, eu égard à l’aspect fragmenté de la recherche, il devient de plus en plus difficile de mesurer avec justesse la distance – parfois grande ─ qui sépare nos propres curiosités intellectuelles de la réalité du siècle de la Renaissance.

Présentation
Les dépêches, classées dans l’ordre chronologique, sont réparties dans quatre volumes : tome 1 : 1501- 1521 ; tome 2 : 1528-1540 ; tome 3 : 1541-1549 ; tome 4 : 1550-1559 [7]. La liste des dépêches et leur numérotation figurent en tête de chaque volume. Le volume 5 énumère les sources et la bibliographie citées en annotation des textes. Le volume 6 contient l’index des noms des personnes (en CAPITALES), des lieux (en minuscules) et des matières ou sujets (en caractères gras) évoqués dans les dépêches. Chaque rubrique d’index fait renvoi au numéro du volume concerné (en chiffres romains) suivi du numéro de la dépêche (en chiffres arabes).
Chaque dépêche est précédée d’un résumé en français, suivi, le cas échéant, d’une liste des sources et de la bibliographie afférentes ainsi que des principaux sujets évoqués. Des notes en bas de page identifient dans la mesure du possible les personnes et les lieux, orthographiés phonétiquement ─ et donc avec beaucoup de fantaisie ─ par les diplomates italiens.
Pour l’établissement du texte, nous nous sommes référées à deux ouvrages : Bernard Barbiche, Monique Chatenet (dir.), L’édition des textes anciens. XVIe siècle - XVIIIe siècle, Paris, Inventaire général, 1990 (coll. Documents et Méthodes) ; Marc Hamilton Smith, Conseils pour l’édition des documents en langue italienne (XVe-XVIIe siècle), Ms. dactylographié, s . d. Toutes les abréviations ont été développées, à l’exception des titres des protagonistes pour lesquels une liste des abréviations et leur développement figurent en tête du tome 6.

Remerciements
Cet ouvrage n’aurait pu voir le jour sans l’appui du personnel des Archives d’État de Mantoue, et en particulier de leur directrice Luisa Onesta Tamassia. Qu’ils trouvent ici l’expression de notre vive reconnaissance. Nous tenons aussi à évoquer le souvenir de l’ancienne directrice et historienne émérite, Daniela Ferrari†, qui nous a aidées si généreusement et si efficacement dans nos recherches.
Outre Marc Smith, premier contributeur de cette édition, Luisa Capodieci, Vanna Manfré et Jan Sammer ont été d’un apport indispensable à son élaboration. Nous tenons à les en remercier chaleureusement, de même que tous nos collègues et amis qui nous ont apporté un concours précieux quoique plus ponctuel : Flaminia Bardati, Pierre de Bizemont, Emmanuel de Crouy-Chanel, Etienne Faisant, Guillaume Fonkenell, Sara Galletti, Lucie Gaugain, Pierre-Gilles Girault, Anne-Marie Lecoq, Xavier Pagazani, Anne Slomovici, Daniela Sogliani, Niccolò Tasselli, Marina Viallon, Laurent Vissière, Caroline Vrand et Alexandra Zvereva.
Enfin, last but not least, nous souhaitons exprimer notre gratitude à Caroline zum Kolk, Kathleen Wilson-Chevalier et au conseil scientifique de Cour de France.fr qui ont rendu possible cette publication, ainsi qu’à Selma Kasbaji, auteur de l’index.

Monique Chatenet et Francesca Mattei, août 2024.

Contacter les éditrices : mailto

Notes

[1Voir dans le t. 5 (Bibliographie), la liste des sources imprimées.

[2Carmelo Occhipinti, Carteggio d’arte degli ambasciatori estensi in Francia (1536-1553), Scuola normale superiore di Pisa, 2001 (Strumenti e testi 8).

[3Raffaele Tamalio, Federico II Gonzaga alla corte di Francesco I di Francia nel carteggio privato con Mantova (1515-1517), Paris, Champion, 1994. Il faudrait en outre mentionner quelques contributions sur la correspondance des Gonzague parallèles à la correspondance avec la France : le Carteggio degli oratori mantovani alla corte sforzesca, édition systématique des sources consacrées aux relations entre l’État des Gonzague et la cour milanaise promue par l’ancien ministère des Biens et Activités culturelles, aujourd’hui ministère de la Culture ; l’étude réalisée sur la correspondance de la famille Gonzaga (1563-1630) à l’occasion de l’exposition La Celeste Galeria (2002), désormais disponible en ligne dans le projet Banche dati Gonzaga (Bases de données Gonzaga), un portail où sont regroupés les différents projets archivistiques consacrés à la famille Gonzaga (les sources sur Giulio Romano éditées par Daniela Ferrari à l’occasion de la célèbre exposition de 1989 sur l’artiste) ; les archives Herla, créées au sein du Centro Studi Mantova Capitale Europea dello Spettacolo, inauguré en 1999 ; les banques de données Regge dei Gonzaga, consacrées aux résidences de la famille). Il convient également de mentionner le projet IDEA - Isabella d’Este Archive, un autre projet numérique dans lequel les lettres de la correspondance de la marquise de Mantoue ont été rassemblées (malgré une consultation peu conviviale).

[4Monique Chatenet, La cour de France au XVIe siècle. Vie sociale et architecture, Paris, Picard, 2002.

[5Francesca Mattei, Architettura e committenza intorno ai Gonzaga. Modelli, strategie, intermediari, Roma, Campisano 2019.

[6Marc Hamilton Smith, Les Italiens à la découverte de la France au XVIe : géographie, voyages et représentations de l’espace, Thèse de doctorat, Paris, EPHE, 1993.

[7L’absence de documents entre 1522 et 1527 est due à une lacune du carteggio.