Un témoin supplémentaire du rayonnement de sainte Radegonde au Moyen Age ? La Vita domnae Juttae (XIIe siècle)
Laurence Moulinier
Moulinier, Laurence, "Un témoin supplémentaire du rayonnement de sainte Radegonde au Moyen Age ? La Vita domnae Juttae (XIIe siècle)", dans Bulletin de la société des Antiquaires de l’Ouest, 5e série, t. XV, 3e et 4e trimestres 2001 (2001), p. 181-197.
Extrait de l’article
La princesse thuringienne Radegonde, devenue reine de France par son mariage avec Clotaire puis moniale exemplaire à Poitiers après être sortie de cette union, jouit très tôt d’une réputation de sainteté. Peu après sa disparition en 587, le poète Venance Fortunat, qui était aussi son ami, entreprit d’écrire sa vie, et il fut rapidement imité, au début du VIIe siècle, par la moniale Baudonivie. Complémentaires, ces deux Vitae circulèrent souvent ensemble, formant le substrat du culte de Radegonde, qui se répandit rapidement en Europe. Le XIe siècle marqua un tournant important dans l’histoire de cette diffusion : les restes de la sainte furent redécouverts, une nouvelle Vie de Radegonde vit le jour sous la plume d’Hildebert de Lavardin, et son culte s’implanta dans différents milieux, en particulier sous l’influence de monastères réformés. En Allemagne, notamment, la vénération de Radegonde était très vive à Hirsau, comme le montre à son tour une analyse détaillée d’un témoin textuel récemment édité, la Vita domnae Juttae inclusae. La présentation de cette Vita de Jutta de Spanheim, morte en 1136 après avoir été la première magistra de la célèbre Hildegarde de Bingen, est ainsi l’occasion à la fois de mettre au jour des parallèles textuels frappants, et de dérouler l’écheveau de la circulation des hommes, des textes et des morceaux de corps saints. De nombreux indices convergent en effet pour désigner la Vita Radegundis comme une des sources de la Vita Juttae, ce qui confirme plus largement l’importance de Radegonde comme modèle de sainteté monastique au féminin.
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