Éditer l’histoire au XVIIe siècle
Jean-Dominique Mellot
Jean-Dominique Mellot, Éditer l’histoire au XVIIe siècle, dans Les Chahiers du CRHQ, n° 3, 2012 (Livres d’Histoire, lectures de l’Histoire ), en ligne : http://www.crhq.cnrs.fr/cahiers/page-cahier.php?id_num=8
Résumé de l’article
Dans la France du XVIIe siècle, l’histoire est un domaine-clé de la production imprimée, souvent au service de la monarchie et du gallicanisme. Malgré le faible nombre d’études approfondies consacrées à sa production éditoriale, Jean-Dominique Mellot, à la fois historien et professionnel du livre comme le fut Henri-Jean Martin, décrit les tendances générales de la production historique au Grand Siècle.
Scientifiquement encore indéfinie au XVIIe siècle, l’histoire était dominée par une dimension narrative (qu’elle soit vraie ou fausse). La question de l’édition de l’histoire (qui ne se confond pas avec celle de son écriture) relativise l’idée d’une crise profonde de l’histoire au XVIIe siècle : la critique philosophique de l’histoire fut le lot d’une poignée d’érudits dont les textes connurent une faible diffusion. Au contraire, les cas de Paris et Rouen montrent une croissance de la production historique : vers 1690, le livre d’histoire au sens actuel du terme en représente près du quart ; l’édition se nourrit d’une histoire nationale laïque bientôt relayée par une histoire religieuse érudite, tandis qu’un public de plus en plus large goûte les succès de l’actualité politique ou de l’histoire récente. À la fin du siècle, Rouen, capitale provinciale du livre interdit et contrefait résiste à la centralisation éditoriale et produit une part grandissante de littérature contestataire qui incarne la montée de la critique et dévoile l’envers du Grand Siècle. L’intérêt du public semble confirmé par les inventaires après-décès : l’histoire, marque symbolique d’une certaine aisance sociale et culturelle, y est souvent bien représentée, en deuxième place derrière la religion.