La notion de Renaissance : réflexions sur un paradoxe historiographique
Arlette Jouanna
Arlette Jouanna, "La notion de Renaissance : réflexions sur un paradoxe historiographique", dans Revue d’histoire moderne et contemporaine, no 49-4bis 2002/5.
Extrait de l’article
Le choix de la Renaissance comme thème du programme des concours d’enseignement offre une utile occasion de réfléchir sur l’usage historiographique de cette notion et sur le malaise qu’il suscite chez bien des historiens.
Tous s’accordent pour estimer que cette notion renvoie d’abord à un fait culturel, fait culturel caractérisé en premier lieu par le nouveau regard porté sur l’Antiquité, mais surtout, plus largement, par le sentiment qu’ont éprouvé les lettrés et les artistes à l’aube des Temps Modernes de vivre une résurrection, au sortir de ce qu’ils appelaient les ténèbres gothiques. Les difficultés surgissent lorsqu’il s’agit, en un temps où la primauté de l’économique et du social comme facteur explicatif fait toujours figure de dogme, de se servir de ce fait culturel pour caractériser une période. D’où cette question : est-il pertinent d’utiliser la notion de Renaissance, nécessairement difficile à définir et dont les manifestations apparaissent avec un certain décalage dans les divers pays européens, pour opérer un découpage chronologique et nommer la séquence temporelle ainsi isolée ?