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Le baptême de Clovis : heurs et malheurs d’un mythe fondateur de la France contemporaine, 1814-1914

Christian Amalvi

Christian Amalvi, Le baptême de Clovis : heurs et malheurs d’un mythe fondateur de la France contemporaine, 1814-1914, dans Bibliothèque de l’École des chartes, 1989, n° 1, p. 583-610.

Extrait de l’article

A la question « pourquoi il se référait si souvent aux quinze cents années d’histoire de la France, alors que, pour la plupart des Français, elle remontait à deux mille ans », le général de Gaulle aurait répondu : « Pour moi, l’histoire de France commence avec Clovis, choisi comme roi de France par la tribu des Francs, qui donnèrent leur nom à la France. Avant Clovis nous avons la préhistoire gallo-romaine et gauloise. L’élément décisif pour moi c’est que Clovis fut le premier roi à être baptisé chrétien. Mon pays est un pays chrétien et je commence à compter l’histoire de France à partir de l’accession d’un roi chrétien qui porte le nom des Francs »*.

Ces quelques phrases résument parfaitement ce que le XIXe siècle catholique n’a cessé de proclamer sur tous les tons et en toutes circonstances : la France n’est pas un peuple comme les autres ; elle constitue, grâce à la victoire miraculeuse de Tolbiac et au baptême de Reims, le peuple élu, prédestiné des temps modernes (par opposition à l’ère biblique), le successeur insigne du peuple hébreu. Cette prééminence providentielle implique une triple mission sacrée : propager la révélation chrétienne dans l’univers, « extirper » l’hérésie, protéger enfin l’Eglise de Jésus-Christ, la papauté en particulier, en tous temps et en tous lieux. Chaque fois que la France s’est montrée fidèle au pacte de Reims, elle a brillé d’une gloire incomparable, notamment lors du règne de saint Louis. Chaque fois, au contraire, qu’elle s’est détournée de sa mission de « fille aînée de l’Eglise » (sous Philippe le Bel ou sous Louis XV par exemple), elle a été aussitôt impitoyablement châtiée. Et ce schéma, assure-t-on, n’est nullement périmé après la « tornade » révolutionnaire : il demeure plus que jamais valable pour l’époque contemporaine.

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