Sociologies de la contrainte en Histoire
Gil Bartholeyns
Bartholeyns, Gil, « Sociologies de la contrainte en Histoire. », dans Revue historique 2/2007 (n° 642), p. 285-363.
Résumé de l’article
Une confrontation des sociologies de la contrainte fait apparaître des contradictions profondes. La seule manière de les résoudre consiste à relativiser la suffisance descriptive de ces sociologies et à proposer des alternatives à une échelle de complexité supérieure. Identifier les limites et les conceptions que les théories imposent à celui qui réfléchit sur la contrainte en société, mettre à plat et remettre dans le temps les différents facteurs qui interviennent dans l’observation d’une règle ou dans sa transgression, ce sont les conditions, les premières, pour penser le fait normatif dans toute son épaisseur. Or, en la matière, l’historien ne semble pas avoir fait son « tournant pragmatique ». Par un sociologisme paradoxalement excessif, où dominent les faux dualismes, il a oublié d’interroger historiquement les intérêts et les valeurs, les situations internormatives, les systèmes normatifs, les sensibilités individuelles, les circonstances et les espaces de la vie, la socialisation, la responsabilité. Un modèle à géométrie variable lui est pourtant d’autant plus utile que son accès au social est indirect et partiel. Les interdits et les contraintes induisent un comportement : mais cette réalité lui échappe largement. Cette situation d’enquête, assez différente de celle de ses collègues qui étudient des sociétés vivantes, est toutefois porteuse de méthodes dont l’intérêt peut être général. C’est à ces questions traitées successivement – à quoi tient l’efficacité d’une prescription, et comment connaître la réalité comportementale en histoire ? – que l’on tente d’apporter une réponse réaliste.