Dépêches de Jean de Saint-Mauris, ambassadeur impérial en France, 1547
David L. Potter
David L. Potter, La fin du règne de François Ier et l’avènement d’Henri II d’après les dépêches de Jean de Saint-Mauris (1547), Paris, Cour de France.fr, 2013. Article et documents inédits mis en ligne le 1er avril 2013 (https://cour-de-france.fr/article2749.html).
Introduction
Dépêches de Jean de Saint-Mauris
Abréviations
HHSA : Haus-, Hof- und Staatsarchiv, Wien
BB : Bibliothèque municipale de Besançon
* : début et fin des parties chiffrées
(…) : partie non transcrite
[] : folio ou commentaire
/ : page omise
1. « Occurens », début 1547
Copie. : BB, MS Granvelle 40, fo. 135-137.
(...) Le daulphin avec sa femme allarent passé vingt jours à Romorantin, et doibvent estre bien tost de retour en ceste court, et avec eulx les sr et dame d’Allebrecht
[1]. Du commancement que led. daulphin partit l’on suspeçonna que ce fut à aultre fin, et estoit bruit que dez led. Romorantin il prandroit la poste pour aller à Lion, afin de veoir les preparations de guerre que l’on endressoit, mais il n’en a esté riens, aussy estoit il peu vray semblable, car il pourroit aussi bien scavoir par relations des ministres que aultrement.
L’on actend deans deux jours les gouverneurs de Savoye, Daulphiné et Provence en ceste court. L’on dit que c’est pour prendre une determiantion sur les moyens que l’on observera, quant à la deffence du Piedmont, de quoy l’on se assentira pour entendre la pure verité.
Le sr d’Omale [2] se partit de Paris il y a passé huit jours, allant en Lorraine, pour estre en certaines nopces d’ung gentilhomme d’illec et avec ceste couleur il a deliberé visiter Madame la duchesse de Lorrayne, et faire joustes et tounoyemens à Nancy, à ces Casimodo. Et à ceste fin il a fait accoustremens de bardes aud. Paris, pour plus de cinq mille escuz comme l’on dit. Il meyne peu de compaignie avec luy. L’on a sceu de bon lieu qui dit souvent, qui ne scait tirer ung seul mot qui soit à son propoz de lad. dame (...).
Il y a passé quinze jours que le Roy depescha en poste *Francisc’ Bernardin* [3] en Piedmont pour visiter toutes les places les places fortes et scavoir si elles sont munies, comme il appartient et pour combien de temps. Si ainsi il seroit expedient en fortiffier d’aultres oud. coustel, et doibt bien tost retourner led. Bernardin, lequel est icy fort favorisé du Roy et de l’admiral.
Le sr de Pecqueres [4] autrement appellé le Roy des Ras a esté confiné en sa maison pource que à son dernier voyaige et retour d’Alemaigne qui fut au temps de la rompture des Protestans, il declaira par le menu au
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Roy la prosperité de l’empereur, et que la Germanie se submectoit à sa majesté, blasmant au reste la pusillanimité desd. Protestans, lequel raport fut si mal prins que dez lors l’on luy dit qu’il se retira sans soy trouver en court si on ne le mandoit. Et il respondit que pour cela ne lairoit il de dire la verité, laquelle tousiours vaincroit en fin (...).
2. À l’Empereur, Poissy, 11 février 1547
Copie : BB, MS Granvelle 40, fo. 139 ; publié partiellement par A. Castan, « La mort de François Ier et l’avènement de Henri II d’après les dépêches secrètes de l’ambassadeur impérial Jean de Saint-Mauris », dans Mémoires de la Société d’Émulation du Doubs, 1878, p. 441-442.
[Très longue dépêche sur les négociations de l’abbé de Longpont pour une nouvelle entente entre François Ier et l’empereur, mais aussi les démarches de ce dernier et de ses ministres à Strasbourg et auprès les cantons suisses.] Et pource, sire, que la mort du Roy d’Angleterre a esté icy publiee, j’ay demandé aud. Olsatius quels desseings le Roy de France faisoit sur icelle, et mesmes s’il entreroit en guerres pour le recouvrement de Boulongne selon que souvent il avoit icy esté dit, que advenant lesd. trespas l’on endresseroit lad. guerre, avec sy bonne conjoncture [5]. Sa responce a esté, sire, que sur le mesme affaire l’on avoit ja tenu trois conseilz secretz et selon qu’il avoit peu entendre l’on estoit demeuré en ceste resolucion pour maintenant, de veoir quel chemin prendroient les affaires d’Angleterre pour selon cela se conduyre, et que à la dissuation de la guerre il fut remonstré que combien l’on se debvoit servir de l’occasion quant elle se presentoit, si estoit ce que ayant nagueres traicté avecque led. Angleterre, si l’on venoit à mouvoir la guerre sans du moyngs presenter les deniers, ce seroit non seullement tesmoingner à tous princes chrestiens, mais mectre en evidence notoire, que de ce cousteil, l’on ne voulsist observer aulcuns traictez mais les rompre sans fondement, et quant bon leur sembleroit. Declairant toutesfois que la chose n’estoit du tout dehors, que entre cy et le mois de juillet, l’on ne deust possible faire pour quelque esmotion pour le recouvrement dud. Boulongne, s’il advenoit qu’il se meut quelque sedition en Angleterre. Et si avant que le gouverneur et le conseil du pays ne se vulsissent promptement accommoder à la restitution dud. Boulongne, dont le Roy avoit deliberé de bien tost leur en faire tenir propoz, et proposer nouveau moyen, pour eviter le payement des deniers, estant tel qu’il feroit condescendre l’Escosse au maraige de leur princesse avec le jeusne Roy d’Angleterre (...) moyennant lesquelles et ce qu’il procuroit led. mariaige, il demeuroit quicte des deux millions d’or, et luy seroit restitué Boulongne (...) et que aissi il entendoit faire declarer ausd. gouverneur et conseil, que à son advis le mariaige de Monsr de Vendosme avec le princesse d’Angleterre seroit bien convenable (...). De ceste mort, sire, ceulx d’icy se rejouyssent grandement ; comme la nouvelle en vint, Madame d’Estampes couru de plain sault en la chambre de la Royne, estant encores assez bien matin, et trouvant la porte fermee, elle hurta tresfort contre icelle, criant à haulte voix : nouvelles, nouvelles, tellement que sa majesté se doubtant que ce ne fut chose contre la vostre, demeurast esperdue qu’elle se fut retrouvee en tresgarnd dangier, si l’on ne l’eust proptement secouru. A laquelle lad. dame d’Estampes dit : nous avons perdu nostre principal ennemy, et m’a commandé le Roy le vous venir dire. Le mesme jour, sire, environ la nuyt, l’ambassadeur d’Angleterre envoya l’un des siens envers l’admiral pour scavoir la certaineté de lad, mort, laquelle present le cardinal de Tournon, il sertiffia aud. serviteur, et luy declaira joinctement que led. Roy de France la sentoit jusques à l’extreme, pour avoir perdu ung bon et vray amy, dont l’on en recouvroit peu de ceste saison, accompaignant son propos de maintz aultres, tous tendans à demonstrer que led. Roy en fut incrediblement faché. Et toutesfois, sire, led. serviteur le vit au mesme instant fort rire, et se jouer avec ses dames, estant lors au bal par où il concepvoit, que la douleur n’estoit si profonde que led. admiral tesmoignoit, en quoy, sire, il ne se
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surcomptoit aucunement. A ce propoz sire led. admiral luy dit entre toutes aultres choses, que le Roy demeuroit tant plus satisfait, de ce que le feu Roy d’Angleterre avoit fait couronner le Roy son filz, et donné pour gouverneur personnaige qu’il se scauroit bien acquiter de la charge (...). [Pourparlers avec les Anglais et la levée des troupes en Allemagne].
Quelque peu apres sire la mort du feu Roy d’Angleterre, fut icy publié que le Roy de France tumba malade d’une rume, dont il fut contrainct prendre le lict, et dit lors en soubzriant que si led. feu Roy d’Engleterre l’avoit adiourné pour le suyvre, que ce seroit bien aultre parolle. Il a prins, sire, medicine, et n’est nouvelle qu’il doibts encores bouger de St Germain, sy ne va à La Muette proche de là. L’on dit que en ce voyaige il ne ira à Fontaine bleau, à cause que l’ouvraige qu’il y fait bastir de nouveaul est imparfait, et qu’il ne sera achevé avant six mois. Et aud. Fontainebleau, sire, luy sont venues plusieurs antiquailles et medailles de Levant, que le Turcq luy a envoyé.
[Négociations avec Venise, l’envoi de Mandosse à Strasbourg, puis en Hesse et en Saxe, et négociations avec les Suisses.]
Sire j’adiousteray encores que dez que le Roy s’est trouvé malade, il a heu trois exces de fiebvre tierces causez de rume et que ses medecins dient que ceste fiebvre sera cause de sa meilleur santé et disposition.
3. À l’Empereur, Paris, 6 mars 1547
Original : HHSA, Frankreich 14, ‘Berichte Saint-Mauris an Karl V’ 1547, III, fo. 1-3.
Sire, je ferez responce par cestes aux lettres qu’il a pleu à vostre magesté m’espcripre du xxie du mois passé. * En en premier lieu, Sire, je ne deffaulderay d’ensuyvir ce que vostre magesté m’a commandé quant à non m’eslargir davantaige avec ceulx d’icy quant à ce qu’a touché la plus estroicte alliance et de remettre l’affaire à la royne regente et si avant que l’on m’en parle de rechief. A ce propos, Sire, j’entendis naguerres du nunce residant en ceste court [6] que puis peu de jours il exhorta le roy de par le pape qu’il voulsist mectre en avant quelques nouveaulx moyens pour parvenir à plusestroicte amytié avec vostred. magesté, l’asseurant que vostred. magesté si accommoderoit les trouvans raisonnables, et que de son coustel il feroit son mieulx que vostred. magesté les accepteroit, et mesmes qu’elle avoit donné bon espoir au cardinal Fernese quant il se partit d’elle de ne riens plus desirer que la perpetuation de lad. amytié par nouvelle alliance si l’on proposoit de ce coustel choses esquelles l’on sceu [sic] prendre raisonnable fondement pour la conservation de lad. amytié. A quoy, sire, selon l’assertion dud. nunce led. roy luy dit et avec bien grande colere que l’on n’estudieroit sinon tirer de luy tout ce que l’on pouvoit et que en fin l’on ne trouvoit riens bon de ce qu’il declairoit. Par où il vouloit desormais demeurer plus retenu en cela et que quand l’on vouldroit bien prendre et peser ce qu’il avoit fait francement et plainement proposer l’an passé à Bruges [7] par ses principaulx ministres, l’on trouveroit qu’il auroit offert pour le bien de la paix tout ce que l’on pouoit faire et qu’il seroit tousjours trescontent d’entendre à aultres moyens que vostre magesté feit mectre en avant aud. Bruges esquelz il ne pouoit consentir pour non faire preiudice à sa couronne, qu’estoit le regard principal qui tenoit en cecy. Tant est sire qu’il semble desirer et ainsi l’a puis peu de jours cerytiffié Olsatius que vostre magesté luy doibve faire nouvelles ouvertures de paix et qu’elles procedent de la royne [8] à laquelle ilz ont offert de remectre ceste negociation seulement afin que sa magesté face declaration de nouveaulx expediens. Et si je ne me fourcompte beaucoup leur dessaing, sire, tend à cela.
Quant aux propoz, sire, de Pierre Strossy [9] et son emprinse contre la personne de vostre magesté, je me suis, sire, soigneusement enquis de la verité desd. propoz, et ay procuré sire que Trebatius a assentu de
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Olsatius s’il en scavoit aucune chose. En quoy led. Olsatius a respondu que certainement il n’en avoit riens entendu et que bien mal scauroit il croire que la chose fut passee selon qu’elle luy fut confidemment declairee ; et quant bien il auroit esté ainsi, si estoit ce qu’il ne se pouoit persuader qu’elle se fut declairee en presence d’aulcuns du sr. Orace [10] estant mesme l’affaire de telle qualité que led. sr. Orace avec les siens en trop moindre faveur icy que la publication de telz propoz requerroit, lesquelz ne pouoient avoir esté dictz sinon en tresgrant secret. Et promit il, sire, d’en enformer tout ce qu’il pourroit, et si l’on m’eust ecript, sire, les noms des gentilzhommes dud. sr. Orace / [2r] qui ont rapporté telz propoz, j’eusse heu tant meilleur commodité d’enfoncer ce qu’en peult estre par moy, en quoy je regarderay le tout tirer d’eulx. Et toutesfois sire, n’ay je delaissé d’employer en cecy ung italien estant au sr. don Fernande [11] envoyé icy par luy homme seur et qui a bonne accoinctance cheux led. sr. Orace où il congnoit tout ses gentilzhommes desquelz sire il n’a riens sceu scavoir dud. affaire non pas qui le leur ait declairé ouvertement, mais il feit son mieulx d’assentir d’eulx dextrement le tout que fut en parlant du combat dud. Strossy, et dissimulant qu’il porta sa querelle, et que l’on luy imputoit à tort maintes choses entre lesquelles il declaira comme de luy mesme celle dont vostred. magesté desire avoir l’esclaircissement faignant toutesfois qu’il descreoit qu’il n’en fut riens et si entremest sire ce qu’estoit imputé aud. Strossy des practicques qu’il adressoit en Ytalie encontre vostre magesté, l’excusant le plus qu’il pouoit qui fut sire avec mon conseil afin qu’il en sceut tant plustost la verité. Mais sire il n’en peult riens entendre. Bien donnoit il espoir que s’il scavoit quelz gentilzhommes ce sont que il en tireroit sa raison et si lesd. gentilzhommes sire perseveroient en leurs propoz la chose sembleroit estre suffisamment adveree si avant qu’ilz ne fussent ennemys capitaulx dud. Strossy. Je feray en somme sire encores tout l’instance de possible pour en attaindre la verité et ne fais doubte sire, que comme la volunté dud. Strossy est meschante / envers vostred. magesté que il ait aussi esté si malheureux que de tenir telz propoz que les executeroit si le pouoit faire. Je diray, Sire, à ce propos à vostre magesté que led. Strossy doibt estre bien tost en ceste court selon qu’il est publié et le favorise beaucoup le daulphin, ayant porté ses deux querelles contre le Paulin [12] et conte de Sainct Segonde [13] en tout ce qu’il a peu, voire jusques à en faire son cas propre, tellement qu’il declaire une fois à l’ung de ses gens dud. conte qu’il ne lairoit faillir led. Strossy, lequel sire il favorise ainsi pour l’affinité qu’il a avec luy à cause de sa femme [14], pour le moings telle en est la fame.
J’ay, sire, declairé à l’admiral ce que vostre magesté m’avoit escript qu’elle treuvoit à propos son ouverture qu’estoit que le mesme substance servira entre le seigneurs gouverneurs de Milan et Piedmont comme il se faisoit en son temps entre le feu marquis del Gaste [15] et luy quant à la conservation de la bonne voisinance entre lesd. pays. Sa responce fut, sire, que tousjours estimoit il que la chose conviendroit grandement au bien desd. pays mais que il ne la pouoit resouldre ny m’en parler en tout absolutement que prealablement il ne l’eust declairé au Roy, tenant pour certain qu’il s’y accommoderoit selon qu’il me l’avoit dit dez de commencement mais que estant led. sr. roy malade que il seroit bien malaisé luy en tenir propos si soubdain. A quoy toutesfois il satisferoit si tost que l’opportnité l’advanceroit et me’n responderoit certainement / [3r] en facon sire que je suis encores actendant lad. responce ; et ne scay si ceste dilation me doibt faire suspeconner que il se vueille retirer de lad. ouverture.
J’ay sire donné compte où il a esté besoing de ce qu’attouché l’emotion de Praghe [16], de laquelle l’on a icy fait bien grant cas comme si fut esté chose de bien grant preiudice au Roy et son estat de Boheme, y entremelant sire que les Bohemiens n’avoient voulu suyvir sa magesté en son expedition de Saxen et qu’ilz avoyent respondu qu’ilz vouloient garder bonne amytié avec le jadis Electeur [17] et prendre les armes pour luy s’il estoit besoing. Mais sire quant on leur remarche leurs mensonges ilz se retrou[vent] du tout confus
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comme à la verité ilz sont de ce qu’ilz entendent que l’heur rit peu aud. jadis electeur lequel ilz avoyent icy magniffié jusques au tiers ciel et leuhé que luy seul resista à vostred. magesté et blasment avec ceste couleur la pusillanimité des aultres Protestans de sorte qu’ilz disoient qu’ilz ne feroient à l’advenir tant de cas qu’ilz avoyent fait cy devant de la nation germanicque.
Le Roy est de present, sire, à Rambouillet pres Limours et par l’indisposition que luy est survenue de sa fiebvre il ne fera, comme il se dit, le voyage de Nantes pour passer deslà en la maison de l’admiral, ains comme il se trouvera bien prendra son chemin contre la Muette et deslà à Medon en intention d’estre à Chasteau Thierry sur la fin de ce mois. Et deslà se rendra à Meaulx pour y estre à ces pasques. Sa fiebvre, sire, luy fut aspre par ung exces et luy trouve souvent mais pour cela ne delaisse il d’aller à la chasse et soy recreer avec les dames à son accoutume. *
Sire je supplie le Createur donne à vostre magesté l’entier complissement de ses haults nobles et vertueulx desirs. Dois Paris ce vi de mars 1547.
De vre magesté treshumble et treobeyssant subgect et serviteur,
J. de St Mauris.
4. À l’Empereur, Paris, 9 mars 1547
Original : HHSA, Frankreich 14, ‘Berichte Saint-Mauris an Karl V’ 1547, III, fo. 15.
Sire * j’escripvis y a seulement deux jours à vostre magesté, et depuis est succedé que le roy est tumbé en plus griefve maladie qui n’avoit, auquel la playe de son appostume s’est de rechief ouverte. Et dit l’on qu’elle s’est trouvee tant infectee que les medecins desperent aucunement de sa convalescence. Il doibt estre, sire, ce jourd’huy ou demain à Saint Germain où il vient en lictiere dez Lymours et y sera jusques à son entiere guerison. Par ce moyen l’on dit, sire, qu’il ne fera la voyage de Chasteau Thierry et qui mandera le daulphin celle part pour laver en son nom l’enffant de monsieur de Sedan [18]. Je ne deffauldray, sire, m’assentir tousjours soigneusement du progres de sa maladie pour en advertir vostre magesté. Et aujourd’huy, sire, toute ceste court, signamment la cardinal de Tournon et l’admiral et la dame d’Estampes craignent perdre le roy, lequel, sire, quelque ouverture qu’il ait, ne delaisse d’aller à la chasse en sa lictiere mais l’on luy tient couverte. Et s’il vouloit croire les medecins, il se tiendroit au logis.
Sire, Olsatius declaira il y a seulement trois jours à Trebatius que l’on avoit escript nagueres aud. roy que ceulx de Strasbourg avoyent resolu de non eulx rendre à vostre magesté sinon avec quelque condition [19] et que plustost ilz prendroyent l’aide que led. roy leur offroit avant que de consentir le contraire et de entrer en lighe avec les Suysses, asseurant que led. Roy ne leur deffauldroit et qui les faisoit inciter de continuer en leur oppinion, ne desirant riens plus sinon qu’ilz demeurent en leur rebellion afin que vostre magesté se trouve tant plus empesché.
Aussi, sire, il dit que puis peu de jours le jadis electeur a escript et asseuré led. roy par lettres de sa main qui resistera à vostre magesté jusques au boult et d’aultant plus si l’on l’assiste et que si bien il vient à soy submectre et que la necessité le meyne à cela que pour sauver sa vie et son estat il condescendra à tout ce que l’on vouldra mais que jamais il n’obliera l’iniure et tort que luy tient vostre magesté et avec le temps il se vengera et ne tiendra riens du tout ce qu’il promectra et traictera avec vostred. magesté, laquelle si luy plait fera prendre regard à sept ou huit francais lesquelz journellement led. roy envoye en Allemaigne avec lettres et pacquetz praticquans avec plusieurs pour entendre les desseings de vostre magesté et faire plusieurs menees avec les ennemys d’icelle, lesquels francois changent leurs habitz francois et se vestent à l’alemande que j’escripts à vostred. magesté par le rapport dud. Olsatius. *
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5. À l’Empereur, Paris, 12/14 mars 1547
Original : HHSA, Frankreich 14, Saint-Mauris an Karl V, 1547, III, fo. 28-33 [20].
Sire * depeschant la Royne le pourteur de cestes au Roy des Romains et le faisant passer par devers vostre magesté, il m’a semblé, sire, debvoir avec ceste opportunité faire entendre à vostred. magesté aulcunes que j’ay icy sceu et dez mes dernieres lettres à vostred. magesté qui furent du ixe de ce moys. En prealable, sire, la pluspart des gouverneurs et principaulx capitaines de ce royaulme par especial ceulx qui ont charge de gens et estats comme à la garde des places fortes ont esté en ceste court et y est encores à present le plus grant nombre d’iceulx lesquelz avoyent esté mandez par le Roy et dont j’en donnay advertissmens nagueres à vostred. magesté. A tous lesquelz sire j’entens que led. roy a ordonné par especial à ceulx qui ont charge particulieres des forteresses de procurer avec toute la dilligence qu’ilz pourront la munition desd. places faisant contraindre realement tous ceulx qui conviendra pour amener vivres en icelles conforme au mandment qui en a esté depesché pieca et qu’ilz encheminent le tout par l’advis des principaulx gouverneurs des pays ausquelz ilz declaireront de temps à aultre ce que sera de besoing pour la provision desd. fortz. Et quant aux aultres, sire, qui ont charge de gens d’ordonnances et de gendarmerie soubz eulx, il leur a esté enjoinct tresexpressement de tenir leurs hommes d’armes prestz et leur doibt estre donné argent pour deux quartiers ja passez avec promesse de les payer à l’advenir. Il m’a aussi esté certiffié par plusieurs et l’a confirmé Olsatius / à Trebatius que l’on mect sus quelque nombre de chevaulx legiers qui est à la poursuyte de Brisacq, lequel a declairé que tous les siens estoient rompuz et que s’il en advenoit aucune necessité que ne scauroit riens furnir, s’excusans si mal en advenoit. Et m’a dit, sire, l’homme du sr. don Fernande [21] avoir entendu que s’en dressoit jusques au nombre de deux mil et que entre aultres les srs. de Chastillon [22] et Andelost [23] en avoyent charge d’aucuns. De quoy, sire, je m’assentiray plus avant soigneusement aud. nombre. Bien, sire, a declairé Olsatius avoir entendu que l’on fera passer une partie desd. chevaulx legiers en Piedmont. Car le prince de Melphe insiste d’en avoir, remonstrant que vostre magesté en ait fait venir de Naples et qu’ilz pourroient retourner à Milan apres l’expedition de la Germanye. Il a aussi esté enjoinct, sire, à tous ceulx qui ont charge des legionnaires d’icy que sans bruyt quelcun [sic] ilz ayent à choisir leurs souldartz les faisans enroller le plus secretement qu’ilz pourront et que les puissent avoir quant l’on les advertira sans toutesfois en lever ung seul ny faire pour ce regard aucune esmotion. Et a l’on declairé ausd. capitaines que le roy desiroit estre pourveu s’il advenoit que l’on voulsist mouvoir la guerre. Et a esté, sire, ce dernier poinct certiffié pour veritable par led. Olsatius, envers lequel, sire, j’ay fait de rechief enfoncer et assentir par Trebatius si led. roy est en volunté mouvoir ceste annee aulcune chose / [29r] contre vostre magesté puis qu’il avoit ainsi mandé lesd. capitaines et faisoit les susd. provisions, lesquelles je ne pouvoye juger sinon tressuspectes. Sa responce a esté, sire, que led. roy et tous ses principaulx ministres, voire indifferamment son peuple sont tousjours en une mirable perplexité que vostre magesté ne leur face la guerre pour le respect du Piedmont, mesmes apres ceste expedition de la Germanye, et que combien vostre magesté les ayt asseuré du contraire si ne s’en peult led. roy fier ny moings veult à lad. seurté, laquelle il avoit du commencement dissimulé estimant que avec ses praticques vostred. magesté auroit encores beaucop à negocier en lad. Germanye et que pour le moins ceste annee se consumeroit par où il consepvoit lors espoir qui demeureroit tant plus à repos. Mais comme il apercevoit et congnoissoit evidamment que vostred. magesté pourroit avoir bien tost mis une fin à ces querelles et soubmis à elle les rebelles et que la practique de Dennemarcq, en laquelle il faisoit fondement principal reucissoit tresmal, il demeuroit et les siens tous en ceste forme d’oppinion que vostre magesté ne le laira à repos et que apres avoir la Germanye à sa devotion qu’elle le fera sommer par l’Empire de faire
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restitution de l’estat de Monsieur de Savoye [24] et que en non le rendant comme il ne fera jamais volontairement, que l’on luy dresseroit la guerre. Par où il estoit conseillé de tous ses serviteurs et l’en avoyent prié treshumblement la Daulphin que à tout le moins il se pourveust de ce que seroit necessaire / si l’on venoit à l’envahir et que ce fut seulement à ceste fin et non pas en intention d’enprendre ny endresser aucune chose fut contre vostre magesté ou le roy d’Angleterre. Et dict, sire, led. Olsatius que ceste craincte leur est augmentee dez qu’ilz ont esté advertiz que vostre magesté venoit à Francfort, estimant que ce sera fort les approcher et que dez là vostred. magesté pourra tout à ung cop joindre toutes ses forces et armees en une. A ce que dessus, sire, a adjousté led. Olsatius que led. roy a debatu avec ses ministres si en se pourvoyant comme ilz luy conseilloient vostred. magesté pourroit alleguer qui contrevenoit à sa promesse faicte quant à la cessation des apprestes, mais que en fin la resolution a esté que non, par les raisons qui s’ensuyvent. Car de munir les places fortes, c’estoit chose que vostre magesté faisoit journellement, voire const[amment] en temps de paix. Pareillement quant à tenir prestes leurs ordonnances, l’on ne luy en scauroit rien imputer d’aultant qu’elles leur sont ordonnees qui les payent en tous temps. Aussi que vostre magesté avoit les siennes en pied moings y avoit il apparence de ressentement. Quant à leurs legionnaires qu’avoyent esté cy devant choisiz pour la deffence du Royaulme en facon que les employant à lad. fin il n’y auroit que redire de tant moings quant l’on les voudroit seulement enrollez sans que l’on en leve personne sinon qu’ilz fussent prestz ; remonstrans à ceste fin que vostre magesté avoit fait le mesme ces jours passez tant en Arthois, Haynault / [30r] Flandres et Gheldres pour y avoir gens prestz si la necessité le requerroit. Et au regard des chevaulx legiers que ce leur a esté tousiours chose coustumiere d’en avoir signamment en Ytalie, en sorte, sire, que led. roy s’est determiné selon le rapport dud. Olsatius de s’asseurer le plus qu’il pourra pour sa deffence et de non s’arrester du tout à la parolle de vostred. magesté d’aultant qu’il ne peult delaisser craindre la grandeur et prosperité que luy rit journellement et trop plus qui ne vouldroit, de laquelle, sire, il est tant jaloux qu’il fera tout ce qu’il pourra pour traverser et ne cessera qui n’ait fait descendre le Turcq en la Hongerie, lequel selon l’assertion dud. Olsatius il fait sans cesse solliciter et ses bassatz d’envoyer armee ceste annee, ayant escript encore une fois à Haramont [25] dez le partement du sr. de Valentiennes [26] afin qu’il y tienne la main et qui doibje bien remonstrer aud. Turcq que si souffre que vostre magesté seigneurie la Germanye qui se doibje asseurer de prendre son estat de Hongerie. Car vostre magesté a resolu le conquerir le plustost qu’elle pourra où elle en pourra estre empeschee si ceste annee il fait envahissement, par lequel les Protestans se pourront aisement rabiller et tous les desseings de vostred. magesté quant à la reduction et paciffication de lad. Germanye empeschez.
Tout ce que dessus, sire, signamment quant à ce qu’a esté advisé avec lesd. gouverneurs et capitaines de ce royaulme est à demy publicq entre les Ytaliens qui suyvent ceste court / lesquelz commencent jà a dire entre eulx qui les convient tenir prestz pour la deffence du Piedmont et reste du Royaulme. Et fault bien, sire, que cela procede du plus hault. Vray est qu’ilz en parlent comme ilz le desirent car ilz ne serchent que la guerre.
J’ay aussi sceu, sire, que plusieurs capitaines florentins donnent ordre à leur equippaige sans bruit. Toutesfois, sire, c’est ung dire commun à Paris que le roy ne veult estre surprins et qu’il pourvoyera à tout ce qui sera necessaire pour la deffence de son estat.
Il m’a esté dit de bon lieu, sire, que depuis huict jours et du temps que l’on negocioit avec lesd. gouverneurs et capitaines que Bayard [27] feit sercher les departemens de la derniere guerre mais je n’ay sceu à quelle fin et si c’estoit pour le regard de leurs legionnaires, si est ce, sire, que l’indice est fort suspect. La
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royne et l’ordre, sire, dient qu’ilz ne peuvent oultrement ymaginer sinon que led. roy ait quelque chose de maulvais en son estomach contre vostre magesté et qui brasse aucune secrette menee pour l’executer quant il congnoistra son appoinct. Cecy, sire, se dit seulement par conjecture et je ne doubte, sire, ains je tiens du tout sertain que led. roy ne scauroit avoir pire volunté encontre vostre magesté de celle qu’il a, qu’est ung poinct, sire, auquel j’auray tousjours bon regard pour descouvrir ses desseings, lesquelz, sire, ne peuvent decliner à bonne fin puis qu’il se deffie sans raison ny fondement à vostre magesté, d’aultant qu’elle ne luy avecques [sic pour avoit] failly de sa proumesse. /
[31r] Bien croys je, sire, que si l’on luy parloit de ceste diffidence, qui diroit et ses ministres tout le contraire et donneroient raison et excuses à tout ce que l’on leur allegueroit avec leurs desguisemens et palliatives accoutumees et diroient que si vostre magesté vouloit qu’ilz n’eussent gens prestz que ce leur seroit argument de croire vostred. magesté les vouldroit surprendre. Mais, sire, leurs euvres et actions sont tant manifestes que je ne scauroye desnyer lad. diffidence mais certiffier à vostre magesté qu’elle soit telle, laquelle led. roy ny ses ministres ne peuvent aucunement couvrir. Bien, sire, m’assentiray je tousjours plus avant et à la verité de leurs provisions deffensives et comme ilz les enchemineront. Vray est, sire, que j’ay encores de nouveau sceu qu’ilz ont surceu de non lever legionaires tant en Daulphiné que la Provence et il est certain, mais Olsatius dit que pour cela l’on ne delaisse de les tenir prestz. Aussi est il vray, sire, que pour ceste saison ilz sont en bien grande craincte de vostre magesté ne leur face la guerre, qui sont les termes esquelz ilz se retouvent.
J’envoye, sire, avec cestes la depesche qu’ilz m’ont fait sur deux poinctz desquelz vostred. magesté m’avoit commis la sollicitation. Et quant au premier, ilz ont teuz par leurs lettres que ce fut eulx qui avoyent fait l’ouverture de l’expedient, qu’est sire leur accoutume, vueillans tousjours persuader que l’on les ait requis. Et si en delivrant lad. depesche Bayard dit assez bravement / et encores plus insolamment a Trebatius que la raison vouloit bien que les deux gouverneurs s’entendissent et qui ne povoit estre aultrement. Le dernier poinct, sire, ilz ne l’ont aucunement debatu mais il leur a esté declairé que si le prince de Melphe procede à la prinse et execution des biens du gouverneur de Conny que ce seroit ouvrir une porte pour en ainsi user encontre les leurs et qu’il estoit hors de raison que led. gouverneur deust perdre biens par l’arrest du sol veu que les francois mesmes auroit commis le delict avec ce qu’il ne failloit de plain sault proceder par saisissement des biens d’une personne ains plus civillement.
J’ay cy devant, sire, et a diverses fois escript à vostre magesté, et apres me semble il necessaire le repeter par cestes, que le roy fait armer plusieurs grosses navires de guerre, tant à Dieppe que qu Havre de Grace qui n’est à aultre fin sinon pour aller rober en mer les subgectz de vostre magesté. Car l’admiral a bien bonne volunté de recouvrer par telle voye ce qui perdit par la detention de son navire duquel, sire, Monsieur nostre prince luy feit nagueres responce et au Roy consistant en ce qui feroit abreger la justice et qu’elle n’avoit peu estre desnyee aux parties interessees, laquelle responce, sire, led. admiral n’a sceu goutter [28]. Et par les propos que luy et les siens tiennent, ilz n’y doibvent riens perdre, dont j’ay adverty en Espaigne afin qu’ilz naviguent seurement, venant nagueres sire ung navire espaignol en la basse Normandie où il y avoit seulement / [32r] quelques mariniers francois. Et m’a escript le sr. Carvajal [29] estant celle part, que led. navire est espagnol et qui venoit des Yndes selon le bien que l’on a trouvé. Lequel, sire, nous avons fait mectre soubz la main de la justice et inventaire jusques à ce l’on ait sceu la pure verité, laquelle ne se descouvrera jamais en ce royaulme où ilz ne veullent que leurs malefices soient manifestez et en ce malheur, sire, sont portez que les rend tant plus aigres et appassionez à rober.
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Led. Carvajal, sire, travaille beaucop pour l’instruction de ses proces et y rend une peyne incredible, laquelle je ne doubte sera à la fin de peu de fruict. A quoy, sire, je prens pour exemple ce qu’est passé endroit monsieur le duc d’Albroucquerque [30] auquel, sire, l’on ne veult aucunement donner la copie de l’information qu’il a faicte pour justiffier sa pretension selon que le roy l’avoit advis à cela. Laquelle denegation, sire, ne se fait sinon afin que la vision des pieces ne tesmoingne l’injustice que luy a esté faicte, lequel toutesfois, sire, ne delaisse de renvoyer icy et poursuyr obtenir du conseil d’Angleterre declaration ou assertion que le navire qu’il avoit affreté fut pour luy et que en icelluy il n’y avoit que son bien. Mais quant bien, sire, il obtiendra tout ce qui pretend il ne raira pour tant son bien en ce coustel, lequel est dispersé en trop de lieux. Et est, sire, entre les mains de ceulx qui sont en possession de non riens rendre.
Je puis, sire, adjouster à ce que dessus que tous les capitaines des galleres ont esté appellez en la court / ausquelz en somme l’on a donné argent de ce que leur estoit dheu et avant pour deux mois jusques à la fin d’avril, ouquel temps ilz doibvent rendre leurs galleres prestes à naviguer et du tout furnies de ce qui convient. Aulcuns, sire, dient que selon le succes des affaires publicques et si les choses ne tumbent en guerre qu’ilz les feront passer en Levant, dont, sire, j’ay ja preadverty Monsieur Covos [31] afin qu’en tous evenemens il face pourvenir aux havres d’Espaigne. Car, passant lad. coste soubz manteau d’amytié ilz ne se abstiendront de mal faire qui n’y remediera. Toutesfois, sire, il est possible qu’elles ne bougeront de la mer oceane dont, sire, je me informeray tousjours le mieulx que je pourray.
Sire, l’on a sceu de Olsatius puis deux jours, que Petre Strossy a escript et asseuré le roy qui luy furnira toutes et quantesfois qu’il vouldra jusques au nombre de sept à huit mil Ytaliens et qu’il scait où il les levera promptement dont led. Roy est demeuré fort satisfait comme aussi est le Daulphin, lequel par assertion dud. Olsatius est aujourd’huy le premier qui tient bon que le roy ne rende le Piedmont, tellement que n’a pas long temps il dit au chancelier que si l’on venoit de parler de lad. restitution qui ne la consente aulcunement et qui le face appeller si l’on la vouloit faire sans luy. Par où led. Olsatius afferme que led. Roy et tous ses principaux ministres demeurent tant plus arrestez à non delaisser led. Piedmont faisans le cardinal de Tournon et admiral tous les offices exterieurs qu’ilz peuvent envers led. Roy pour luy dissuader lad. restitution enpres qu’il en ait moins de volunté que eulx, / [33r] qu’est afin d’acquester tant plus la bonne grace dud. Daulphin, lequel offre d’aller en personne aud. Piedmont pour le conserver, en quoy il est grandement incité par les Ytaliens qui sont aupres de luy, luy mectant en teste qui doibt bruler en son temps de recouvrer Milan et ce qui luy appartient en lad. Ytalie et qui le fera aisement estans ses forces bien conduictes et tant plus si vostre magesté venoit à deffaillir, en quoy ces malheureux colloquent leur expectation.
Tousjours, sire, est à Paris le cardinal de Meudon [32] pour faire mectre au Louvre les deniers du Roy. Il dit en publicque qu’il y a ja plus xvCM escuz mais il scait bien, sire, que led. roy serre tout ce qu’il peult, voyre fait payer à ses villes closes les deniers de LM hommes qu’elles luy ait cy devant accordez pour quatre ou six mois, le tirant ainsi en ordinaire ou toutesfois ilz luy avoyent consentis en temps de necessité pour la guerre ouverte, et si parle l’on, sire, qu’il fera quelques particuliers emprumptz sur les plus riches personnaiges de son Royaulme tant seculiers que ecclesiaticques.
Par le mandement, sire, qu’il a fait depescher quant à l’emprumpt de Paris, il narre comme luy mesme a rescindé son train, celluy de la Royne et messieurs ses enffans pour aultant mieulx mectre argent ensemble afin de s’en aider à la deffence de son Royaulme et ses subgectz, lesquelz il ne vouloit aucunement laisser fouler ny opprimer par estrangiers*.
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Sire, je supplie au reste le createur donner les et vertueulx desirs. Dois Paris ce xii de mars 1547.
De vre magesté treshumble et tresobeissant subgect et serviteur,
J. de St Mauris.
6. À Granvelle, 12 mars 1547
Original : BB, Ms Granvelle 40, fo. 249.
Aujourd’huy le roy se retreuve bien fort malade d’une fiebvre laquelle luy est survenue par ce que son appostume s’est rouvert, ouquel il se retreuve telle pourriture que les medecins desperent de la curation. Led. roy est à Rambouillet lieu champestre de où l’on ne l’ose tirer pour non le mectre en hazard et il desireroit estre à St Germain. Monsr le daulphin l’abandonne peu, et je tiens qu’il viendroit peu à propoz [si] led. roy morust, pource que led. daulphin demonstre estre du tout enclin à la guerre. Je ne faiz doubte monsr vous aurez sceu ce que led. roy me respondist de faire cesser ses apprestz de guerre mais encores qu’il me le declaira ainsy et qu’il l’ayt faict dire à l’empereur par monsr Mesnaige, sy est ce qu’il faict secretement tenir prest tout ce qu’il peult tant de sa gendarmerie que legionnaires pour comme il dient secourir leur pays sy sa majesté les envahist, dont ilz demonstrent se doubter et de tant plus que sad. majesté ayt quasy du tout submis à elle la Germanie en laquelle ilz estimoient que sad. majesté auroit beaucoup plus à travailler. Et selon que j’ay entendu ilz dressent aujourd’huy maintes practicques avec les Lighes, signamment pour assister Strasbourg. Il m’a aussy esté certifié qu’ilz font tousiours tenir prestz les quinze mil Suysses qu’ilz avoient fait choisir, non pas qu’ilz en facent lever. Pour conlcusion led. roy, le daulphin ny les ministres ne se peuvent ny veullent asseurer de la parolle de sa majesté ains se munissent le plus qu’ilz peuvent pour non estre surprins. Et il y a dange[r] que en fin comme ilz se verront fortz qu’ilz ne se esmeuvent plus avant selon les propoz que ja s’en tiennent.
7. À l’Empereur, 17 mars 1547
Original déchiffrement : HHSA, Frankreich 14, ‘Weissungen Saint-Mauris – Karl V’ 1547, III, fo. 34-37.
[35v] Quant est, sire, de la disposition du Roy, le xje de ce mois la Royne de France receu lettres sur le soir d’ung sien medecin lequel est aussi aud. seigneur Roy et contenoient que sa fievre l’avoit laissee et qu’il se portoit assez bien. Le xve, sire, je sceu par ung secretaire du nunce venant lors de la court que led. seigneur estoit aucunement retourné en fievre et que l’on avoit mis hors du chasteau où il est toutes les femmes saulf mesdames daulphine, Marguerite, princesse d’Albrecht [33] et madame d’Estampes et que l’on avoit chassé hors du village et d’une demy lieue alentour tous ceulx de la court pour eviter le bruyt. Le xvje, sire, l’evesque de Sistron [34] estant au daulphin dit que led. seigneur Roy soy sentant disposé avoit mandé led. daulphin et parlé à luy longuement, mais l’on ne scavoit de quoy et que jointement il avoit tenu propoz qu’il seroit bon qu’il pense à sa conscience. Toutesfois, sire, je ne scay certainement ceste particularité sinon par rapport d’aultruy et est bien difficile d’entendre à la verité l’estat du seigneur Roy, car l’on n’ad[met personne] / vers luy ny ne luy parle de negoces sinon pour le servir. L’on a bon espoir, sire, qu’il se portera bien et je ne fauldray faire scavoir à vostre magesté de temps à aultre ce que j’en entendray. Et depuis, sire, qu’il est ainsi malade, l’on se refroidy beaucoup en sa court tenir propoz de grandes apprestes ains pense l’on à le pourveoir de santé, de laquelle il est fort curieux, demandant souvent si son mal est dangereux et tenant propoz qu’il ne desire le surplus de ses jours sinon vivre en bonne quietude et repos. Et comme, sire, il s’est quelquefois trouvé hors de fiebvre il a dit parlant de vostre magesté que si vostred. magesté vouloit emprendre sur son estat apres l’expedition de la Germanie, qu’elle y trouveroit autre resistence qu’en lad. Germanie et ses villes autrement munies, et qu’il n’estoit pour estre
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suppedité comme ung daulphin de Saxen [35] ou Lantgrave de Hessen [36] où je redoute, sire, que sa maladie le retirera de riens innover si sa deliberation avoit esté telle. Et à ce propos il se continue tousiours en sa court, Paris et ailleurs et telle est la voix commune de ses principaux capitaines qu’il ne cherche soy pourveoir sinon pour asseurer son royaulme et affin de non estre surprins de vostre magesté (...).
[37r] J’ay sceu que led. seigneur Roy par l’advis de ses medecins se debvoit partir de Ramboulet et aller en une abbaye à deux lieues delà où il sera trois jours. Puis viendra à Saint Germain et se treuve quitte de la fiebvre si elle ne retourne à quoy l’on obvye le plus que l’on peult. Mais comme son appostume n’est encoires bien ouverte l’on doubte qu’elle retourne. Et sont en doubte ses medecins ou ny en quel lieu ilz luy pourront faire incision, craindant que l’ung des boyaulx enflambe, que denote grande corruption et alteration de luy. Ce que dessus, sire, ay je sceu certainement et que l’on tient sa disposition beaucoup meilleure qu’elle n’avoit esté.
8. À l’Empereur, Paris, 20 mars 1547
Original autographe : HHSA, Frankreich 14, ‘Weissungen Saint-Mauris – Karl V’, III, fo. 42.
(…) J’ay sceu de nouveau que le roy n’elonge encores de où il est dois longtemps, qu’est pour ce que les medecins luy conseillent d’attandre jusques ad ce que son apposteme s’est bien ouvert, car la matiere est encores reteneu en dedans et l’on ne cognoit encores si elle prandra sa voye par la playe accoustumee, à quoy tous ses medecins tachent l’attirer pour eviter le daingié qu’elle ne pregnet cours en lieux daingereux. Et fait, sire, ceste incertitude doubter beaucoup de la meilheure santé dud. seigneur roy, envers lequel n’admet personne (...).
9. À l’Empereur, Paris, 25 mars 1547 (extraits)
Déchiffrement : HHSA, Frankreich 14, ‘Weissungen Saint-Mauris – Karl V’, 1547, III, fo. 52-60.
[52r] Sire, par mes dernieres lettres je feis entendre que l’on preparoit en ce lieu les obseques du feu Roy d’Engleterre et depuis, sire, le xxie de ce mois elles furent celebrees (...) [37].
[56v] Le xxje de ce mois, sire, le Roy fust extremement malade et en temps que son appostume se debvoit plus ouvrir de ce qui n’estoit lors et toute la nuyt il eust telles douleurs qu’il crioit comme ung homme desperé, tellement qui conceust opinion de devoir mourir en sorte qu’il confessa et manda le daulphin, auquel present le cardinal de Tournon, l’admiral et madame d’Estampes il feyt maintes longues remonstrances et declaration de sa volonté en aucuns pointz, entre lesquelz il luy enjoindit et pria de favoriser lad. dame d’Estampes en tous ses affaires, et continuer lesd. cardinal de Tournon et admiral en la charge qu’ilz avoient, l’asseurant qu’ilz estoient bien bons serviteurs et qui entendoient les affaires du royaulme et fut sire toute lad. nuyt tenu chierge allumé pour luy en donner le signe de la croix à cause que les medecins le jugeoient mort, mesmes que son appostume estoit retenu et jà commencoit lors luy monter en hault accompaigné d’une fiebvre. Et toutesfois sire Dieu permist que le lendemain il se feyt une nouvelle ouverture proche de deux doiz du lieu ou souloit estre l’anchien appostume, de laquelle y sortist telle puantise qu’il se trouva hors de peyne et depuys sire il est demeuré fort alleché[?] jusques à maintenant, en facon qu’il fait son compte d’estre bien tost à St Germain où il se desire pour le regard de l’air, estant mesmes celluy où il est de present peu salubre. Et lors sire qu’il fust tant indisposé la Royne de France manda devers luy pour savoir si luy plairoit qu’elle l’alla veoir mais elle ne sceust eschever avec luy ny ses ministres que l’on luy consentist, que l’on a trouvé acte bien dur et fort estrange, mesmes estant personne si proche audit sire Roy comme est sa majesté, laquelle se comporte le plus paciament qu’elle peult.
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Et comme sire il n’y a eu moyen quelconque pouvoir negocier avec ledit seigneur Roy ce que vostre majesté m’avoit escript quant aux François qui font secretes practicques en la Germanie, il me semble sire convenir d’en parler au cardinal de Tournon (...).
[57v] Le Rhingrave [38], sire, est doiz la court repassé en Saxen selon que, passant icy, il a dit au Flameng qui se tient apres le cardinal de Lorraine [39], et où ledit Flameng luy remonstroit en privees devises que a peyne pourroit durer longuement le jadis Electeur, il luy feist responce que pour certain le Roy luy faisoit tenir tant par mer que terre jusques à trois cens mil escus et avec ses deniers il pourroit endresser une puissante armee, laquelle il emploieroit le plustost que pourroit avecq espoir d’en emporter la victoire, et que ledit sr. Roy luy mandoit dire, que quant elle seroit / en tel ordre que convenoit il luy conseilloit de donner la bataille et que deust penser que Dieu l’ayderoit comme il feist feu Monsr de Lorraine lequel defaict ung si grant prince que le bon duc Charles tant redoubté auparavant [40]. L’on a sceu de Olsatius, sire, que Sturmius [41] a tenu propos aux ministres principaulx dud. sr. Roy que cest guerre commenchee en la Germanie par vostre Magesté causeroit en brief la ruyne de la maison d’Austrice (...). Aussi a, sire, led. Olsatius affermé pour chose veritable avoir assentu dextrement que l’on tenoit fin de s’atacher s’il estoit possible à la personne de vostre majesté et que cela c’estoit mis en terme par les gens du Recret [42] (...).
Ilz sont, sire, venuz en ceste court nouveaulx ambassadeurs d’Escoissse [43] ayans ja remonstré aux ministres du Roy la continuation de l’appareil de guerre des Anglois encontre d’eulx, et que l’on ne veult recevoir leur ratiffication du dernier traicté de paix (...).
10. À la reine de Hongrie, 25 mars 1547
Original : HHSA, Frankreich 14, ‘Saint-Mauris – Marie de Hongrie’ 1547, III, fo. 99.
Madame, vostre magesté * par ce que j’escriptz à present à l’Empereur pourra estre informee de l’estat des affaires icy, signament de la disposition du Roy, qu’elle est beaucoup meilleure qu’elle ne souloit selon que encoires ce jourd’huy la Royne de France me l’a fait entendre avec toutesfois ce mot que encoires avoit il quelque cintille de fiebvre mais qu’elle se diminuoit selon que l’umeur infect se widoit. Sa magesté, Madame, se porte tresbien s’addonnant du tout en ceste saison à oyr son prescheur Binet, homme tresavant et à ceuiller le fruit d’une lecture que luy feyt apres le sermon son liseur ordinaire. Elle eust bien, Madame, desiré s’employer à visiter et consoler led. seigneur Roy mais come l’on ne la veult, elle n’y scauroit donner remede (...). [Entretiens avec l’ambassadeur d’Angleterre à propos des plaintes faites par celui-ci au roi de France] (...) s’appercoit assez madame led. ambassadeur que led. roy de France et les siens ne serchent sinon de mectre et nourrir division entre led. Angleterre et vostre magesté, aussi croye je madame que led. roy se peut assez apercevoir que celluy d’Angleterre n’a aucune volunté de rendre Boulongne puis qu’il fait de nouveau garder tant soingneusement (...).
11. À Granvelle, Poissy, 25 mars 1547
Duplicata : HHSA, Frankreich 14, ‘Saint-Mauris – Karl V’ 1547, III, fo. 67-72. Extrait édité par A. Castan, La mort de François Ier…, d’une copie à Besançon, BB, Ms Granvelle 40, fo. 245-48.
Monseigneur, je je vous escripviz il y a seullement passé cinq ou six jours, qui fust par ung escholier de Bourgogne et par mes lettres je remys vous advertir plus largement des occurens d’icy, que fust le precis partement dud. escholier. Par mesd. lettres, Monseigneur, je vous feix entendre * comme le Roy se trouvoit fort indisposé et encores aujourd’huy est il es mesmes termes, estant travaillé d’une fiebvre laquelle le tient par interval et procede tout son mal de son appostume, lequel s’est aucunement trouvé ouvert tant est il en bien mauvais termes et ne la peult faire longue selon le rapport des medecins, ausquelz
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sa vie dissolue, mesmes qu’il ne se garde aucunement, fait concepvoir ce jugement. L’admiral et madame d’Estampes le tiennent de pres et font extreme le debvoir pour le garantir. Et luy est une mirable craincte de morir en laquelle il entre dez que ung gentilhomme anglois luy vint naguerres declarer le trespas du feu Roy d’Angleterre et dire de sa part selon qu’il l’avoit ainsi enjoinct à l’article de la mort qu’il deust penser qu’il estoit mortel comme luy, laquelle admonition l’estonna dois lors et advint que au mesme instant il tomba malade.
Vous scavez, monseigneur, comme led. Roy me respondit quant à faire cesser toutes apprestes de guerre, en quoy pour lors ilz feirent en ce coustel grand demonstration de jouyssement et mandarent incontinent tant en Provence, Suysses que Daulphiné faire surceoir toutes provisions. Mais depuis ilz sont retournez en leur premier vomissement faisans tout ce qu’ilz peuvent pour se rendre fortz, et publient que c’est seulement pour la deffence du royaulme, craignans d’estre surprins de l’Empereur (...).
[68r] La pluspart des gouverneurs et capitaines de ce Royaulme ont esté nagueres appellé et se sont trouvez à la court où ilz ont esté pour quelques jours et a l’on fait secretement negocier avec eulx au lieu de Rambouillet et en temps que l’on tenoit le Roy pour fort malade. L’on dit et tiens l’on pour certain que l’on les a enchargé de pourveoir à ce que leurs villes frontieres soyent munies de ce qui convient et que ceulx qui ont charge de gendarmerie ayent leurs gens prestz le plustost qu’ilz pourront (...).
[68v] Toutes leurs galleres se mesctent en ordre, et fut livré nagueres argent aux capitaines d’icelles pour les rendre du tout prestes à naviguer dedans la fin d’avril et se arment environ de dix à douze grande navires de guerre tant à Dieppe que au Havre de Grace. Ilz font tenir propos de vouloir envoyer grosse garnison en Bourgogne et Bresse jusques à autre cens hommes d’armes et ont rapellé le sr. de Langey [44] qui faisoit fortiffier [-] [45] pour le mander à Bourg et y demeurer jusques la ville soit du tout forte (...).
[69r] Ledict Roy de France a faict passer plus de soixante mil escuz à Lubeg dois Dieppe par la voye de mer, et dict l’on que c’est pour l’assistence des rebelles et si faict practicquer audict quartier tout ce qu’il peult pour esmouvoir le peuple contre l’empereur. Le bon est que la derniere journee qui se faisoit aud. coustel est tumbee en confusion et s’est rompue sans effect pour ce que le Roy de Dennemark s’est declaré amys de l’empereur [46], dont led. roy de France a pensé desperer d’autant qu’il faisoit bien grant capitoil sus lad. journee et qu’elle seroit au desavantaige de sa magesté imperialle (...).
[70v] Il feist bon accueil au gentilhomme d’Engleterre qui le visita avec propos / que luy tient de demeurer amys du Roy d’Engleterre. Mais depuis le retour dud. gentilhomme il a sceu que les Anglois avoient faict passer gens decha la mer en bon nombre pour renouveller leurs garnisons et qu’ilz envoient de jour à autre ung infinité des materiaulx en l’endroit de Bouloigne dont il scet grandement stomache et fait dire à l’ambassadeur d’Engleterre que tout cela convenoit peu à conserver bon amité. A quoy led. ambassadeur a respondu qu’il se faisoit pour seullement conserver leur estat et non en intention de riens entreprendre contre luy. De quoy il ne scet pas contenter bien considerant que l’on n’a peu de volenté de luy rendre Bouloigne puis que l’on la vouloit de tant plus fortiffier et munir en sorte que l’amité n’est du tout bien certaine entre eulx.
Le Paulin est tousiours en Engleterre et ne scet l’on encoires l’issue de sa negociation [47]. Led. Roy l’avoit une fois volu rappeller mais il le contremanda soubdainement. Et à ce que j’ay sceu la longue demeure dud. Paulin cause quelque suspicion contre luy aux Anglois, lesquelx le vouldroient hors de lot et ceulx d’icy publient qu’il n’y est sans bien bon cause (...)*.
12. À l’Empereur, Poissy, 31 Mars 1547 [d’abord datée le 1 avril]
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Déchiffrement : HHSA, Frankreich 14, ‘Saint-Mauris – Karl V’ 1547, III, fo. 311-315.
Sire, j’advertiz vostre magesté par mes lettres du xxiiijme du mois passé comme pour lors le Roy s’estoit mieulx trouvé par l’incision que luy avoit esté faictez. Et ainsi fust il dit par tout et certiffié à la Royne de France par les medecins, voyre processions ordonnees à Paris pour rendre graces à Dieu de ceste meilleure dispos[it]ion. Mais depuis Sire mesmes le xxvijme jour suyvant il se retrouva plus malade que auparavant avec une vehemente fiebvre, alteration, grande debilitation de nature et desvoyence d’estomach, lequel ne le laissa oncques jusques à son deces qui fut le penultiesme dud. mois, d’anviron la nuyct il tumba es maintes reveries et perturbations d’esperit pour lors que la maladie le vexoit. Toutesfois approchant son heure il retourna en bon sens et se recogneut envers Dieu luy demandant pardon de ses offences, tenant propoz à ses medecins qui faisoyent leur mieulx le secourir qu’ilz s’envoyent à la boucherye, car il estoit mort. Il feist pour lors testament et legua entre autres choses à l’admiral de France cincquante mil francqs, à Sourdy [48] trente et à maintes autres particuliers de ses serviteurs anchiens, lesquelz il recommanda au dolphin et luy tint estant ja proche de la mort quelque propoz de la Royne de France que l’on dit estre en recommandation de sa magesté, mais l’on ne scet certainement ce qu’il en dit lors ; et est ce toute la souvenance qu’il a eu d’elle en sa maladye, laquelle doibt peu à l’admiral qui jamais n’a volu procurer d’y mectre en termes qu’elle fust admise pour veoir led. feu Roy, lequel, sire, durant le discours de sad. maladie feist maintes remonstrances / aud. dolphin et entre autre propoz qu’il luy tint enjoignit de bien observer la religion chrestienne sans s’en desvoyer aucunement et de non vexer son peuple. Confessa que quelquefoiz il [l’]avoit par trop travaillé et que à d’autre foiz il avoit esté occasioné par les guerres et autres necessitez du royaulme de exiger ce qu’il avoit fait du passé. Il parla aussi en secret lors aud. dolphin et tient l’on que ce fust de madame d’Estampes pour tenir regard à elle. Mais l’on conjecture que cecy servira de peu à cause du mal que luy veult led. daulphin, ayant ja passé quinze jours sequestré de sa compagnie, le mary de lad. dame d’Estampes s’estant retourné en son gouvernement. Je tiens, sire, qu’il y aura et maintes autres particularitez entrevenues durant lad. maladie, lesquelles l’on decouvrera de temps à autre et si c’est chose qui le merite j’en donneray compte à vostre magesté. Laquelle sire ne puis asseurer que universellement tous subgectz de ced. royaulme demonstrent estre tresjoyeux de la mort dud. seigneur Roy et d’estre quictes comme ilz dient de ses oppressions, especiallement le povre peuple, en sorte qu’il y a mille plainctes, sinon de ses officiers et ja, sire, commencent la suyte de dames de la petite bende s’esquarter, estant aussi bruyt du rappel du connestable, lequel le Roy recommanda au dolphin en luy certiffiant qu’il avoit esté cause qu’il fust venu à la court mes cecy fust, Sire, avant l’incision de l’apostume et depuys l’ouverture d’icelle et que l’on tenoit led. seigneur Roy estre hors de dangier, Madame d’Estampes procura que led. seigneur Roy dit aud. dolphin que quant il luy avoit parlé / dud. seigneur connestable qu’il se trouvoit aliené de son sens par sa maladie et qu’il vouloit qu’il le delaisse. Laquelle histoire, Sire, la senescale de Normandie [49] a fait entendre aud. seigneur, qui scaura maintenant vivement remarcher le tout. Et comme, sire, je sceuz la grefve indisposition dud. seigneur Roy, je vins de Paris en ce lieu pour aprocher la Royne affin de la visiter, consoler et observer à l’endroit de sa magesté tout ce que verrois convenir au bien de ses affaires. Laquelle, sire, j’ay trouvé grandement alteré de la maladie dud. seigneur Roy et plus perturbee quant elle a sceu son deces. Mais, sire, elle s’est resolue se conformer au bon vouloir de Dieu et en prendre la mesme consolation qu’elle pourroit donner aux autres en pareil cas. Elle espere, Sire, que le doulphin passera en ce lieu pour la visiter et se confye qu’il luy sera bon filz et que le connestable avec lad. senescale de Normandie feront bon office de l’assister en ses affaires. Lesquelles, sire, elle remect entre les mains de vostre magesté, m’ayant donné charge la supplyer treshumblement de
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sa part qu’il luy plaise luy faire scavoir comme elle les devra encheminer mesme de ce qui touche son dot et douaire et seureté de son partement d’icy avec ses meubles s’il advenoit que cy apres elle se retira. En quoy, sire, il plaira à vostred. magesté faire peser que le Daulphin n’a ratiffié le dernier traicté ny chose qui concerne sad. magesté qui peult rendre l’affaire tant plus scrupuleux. Sad. Magesté, sire, n’a sceu escripre à la vostre tant est elle desolé et ainsi m’a elle enchargé le faire savoir à vostred. magesté, mais qu’elle satisfiera cy apres à son debvoir. / Vostre magesté me feist nagueres escripre par Monsieur d’Arras [50] pour parler au Roy de la translation du Consile affin qu’il feist demeurer ses ambassadeurs à Trente. Sire, le courrier qui apporta les lettres arriva en temps que le Roy estoit en extremité de mort par où il ne me fust possible negocier ce que dessus, non pas avec ses ministres, lesquelz ne sortoyent d’aupres de luy et estoyent enserrez au chasteau sans que l’on y admist personne. Et depuys qu’il a esté mort le Cardinal de Tournon et l’admiral se sont excusez de toutes negociations et ne scet l’on encores comme elles se traicteront ny par cuy et je pensa alors, sire, que j’en debvroys parler au dolphin, mais en fin je jugea que le mieulx seroit que non, pour le regard dud. trespas mesmes qui s’estoit distraict de toute compaignie, par où sire, je n’ay lieu donner autre ordre aud. affaire. Et en mesme temps estoit le nunce en la court pour solliciter de par le pape que le Roy ne revocqua ses ambassadeurs et qu’il les laissa aller à Boulongne . . . / . . . / . . . ./
Le xxvme du mois passé, sire, arriva en ceste court ung serviteur de Monsieur Mennaige [51], lequel apportoit nouvelles, du moings l’on les publya telles apres sa venue, que vostre magesté avoit esté (…)luse de tous ses membres iiij jours entiers frappee d’une poplesie [52] et qu’elle estoit tumbee en ung mal caducque par xij heures continuelles, lesquelles nouvelles, sire, furent publiees à Paris et estonnerent beaucop la Royne de France, laquelle a esté tant plus aisé d’entendre par le contraire que m’en escripvit Monsieur d’Arras que n’en fut riens et que vostred. magesté avoit eu seullement la goutte dont elle se portoit mieulx et Dieu scet, sire, si avec ce bruyt les franchois faisoyent ja de beaulx discours pour en prendre sur les estatz de vostre magesté.
J’ay escript, sire, cy devant à vostred. magesté tout ce que j’avois entendu des preparatives du guerre que le roy faisoit pour sa deffence et d’abbondant, sire, il m’a esté certiffié qu’il avoit dressé tout l’estat de la guerre et resolu avec ses capitaines d’estre prestz s’il estoit de besoing, mais qu’il ne faisoit lever ung seul homme ains estoit le tout pour le deffence de son estat / non se veuillant fyer à l’asseurance que vostre magesté avoit donnee du contraire. Et quant, sire, je me partiz nagueres de Paris, le Flameng qui se tient avec le cardinal de Lorraine me dit qu’il avoit sceu pour vray que l’on avoit despesché quelque capitaine pour faire gens de guerre en Normandie pour les mectre es galeres et me feis dire, Sire, nagueres Carvajal qui est de present en lad. Normandie qu’il avoit sceu que l’on y vouloit faire quelque gens, dont, sire, je l’ay pryé s’en voulloir plusavant enquerir. En somme, sire, il est certain que led. sr. Roy avoit quelque chose de mauvais en l’estomach contre vostre magesté et pense bien qu’il n’eust fait guerre ouverte pour cest annee à vostre magesté, mais sa deliberation estoit de l’adresser l’an prochin selon que l’on l’a entendu de Holsatius, ayant affermé que led. sr. roy avoit resolu avec Monsieur de Termes [53] et en presence du Daulphin de mouvoir guerre l’an qui vient en Piemont avec propoz qui tenoit que si lors il ne rairoit son estat de Milan que à paine le recouvriroit il jamais pource que vostre magesté se fortifiereoit de deniers, desquelz elle se trouveroit alors denuee. L’on verra, Sire, quel chemin prendra le Daulphin quant ausd. apprestes et autres affaires publicques.
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Sire, j’ay fait scavoir a vostre magesté du xixme [54] du mois passé par ung gentilhomme portugalois estant icy passé et allant en court de vostre magesté que le Ryngrave / avoit porté au jadiz Electeur de Saxen la resolution que ceulx d’icy donnoyent aud. duc (...).
13. À l’Empereur, Poissy, 1 avril 1547
Original déchiffrement et duplicata : HHSA, Frankreich 15, ‘Saint-Mauris – Karl V’ 1547, IV, fo. 1-6.
Sire * la mort du Roy dont mes aultres lettres font mention me fust certiffiee de declaree par la Royne de France avecq instruction de la faire entendre à vostre magesté et de luy affermer qu’elle l’avoit de bon lieu. [55] Le mesmes sire entendis je par Olsatius, l’ayant acertené à Trebatius pour chose veritable. Et toutesfois sire pour le scavoir tant plus vrayment je suppliay sa magesté que comme d’elle mesmes elle envoya en court monsieur de Catillon [56] pour scavoir ce que en estoit, ce qu’elle feist sire, et le manda au daulphin comme à celluy qui le scavoit mieulx que nul aultre. Lequel pour response dit audit Catillon que le Roy estoit en tel estat qu’il ne pouvoit vivre deux heures et qu’il envoyeroit à la Royne de France mesdames la daulphine et Marguerite pour la visiter et consoler, louant qu’elle fust au monastere de Poissi où elle se retrouve de present pour estre lieu propre à dueil et manda à sad. magesté que apres avoir fait son dueil par quelques jours qu’il la visiteroit et la meneroit à Saint Germain, et luy donna charge dire à sad. magesté qu’il luy vouloit estre et demeurer à jammais treshumble et obeissant filz et la traicter comme sa propre mere, et qu’il deliberoit la suplier qu’elle print sa residence en France sans aller autre part, et qu’il la luy consentiroit telle qu’elle la desireroit et vouldroit, usant au reste de maintes cordiaulx, honnestes et affectionnez propoz. Et où sire sad. magesté pressa led. Catillon luy dire certainement si led. seigneur Roy estoit mort pour ce qui n’en respondoit absolutement, il luy dit n’en scavoir autre chose, mais qui le tenoit estre decedé et que ja madame d’Estampes s’estoit eslongnee de la court, et que le cardinal de Tournon et admiral de France faisoient leurs comptes d’eulx sequestrer. Depuys sire est survenu ung escuier de sad. magesté venant de court lequel luy a affermé la mort dud. seigneur Roy, mais que l’on la tenoit aucunement secrete pour cependant advertir ceulx avecq lesquelz ilz avoient secretes practicques, affin qu’ilz ne se desmenssent en riens pour le regard d’icelle, et qu’ilz ne delaissoient de executer leurs emprinses. Aultres sire ont dit à sad. magesté que c’est pour ce que l’on a fait faulte de non l’appeller durant la maladie, et que l’on desire luy faire scavoir le deces par personne de qualité. Je crois en somme l’un et l’autre. Led. Catillon sire a adjousté que Brisac [57], Sandrey [58] et le secretaire Marc Hammont [59] commenchent ja à traicter les affaires en actendant le connestable, lequel a esté mandé et que devisant avec luy ilz luy demandarent si la Royne de France avoit riere elle les enseignemens servans à son dot et douaire et qu’il failloit l’on tint bon compte des joyaulx de France que sa magesté gardoit (...). C’est sire le commancement d’un jeusne conseil. Par ledit Catillon sire sa magesté a aussy sceu que pour vray le Roy l’a bien expressement recommandé au daulphin, confessant qu’il l’eust tresmal traicté à la sugestion d’aultruy et qu’elle ne le meritoit, louant sa grande pacience, et soy repentant extremement d’en avoir si mal usé, l’exhortant et commandant de non ainsi traicter sa femme avec ce mot qu’il ne deust esconduire l’amitié de sa magesté, car comm elle estoit de si haulte maison il scavoit qu’elle le pourroit bien ayder en l’adresse de ses affaires (...). *
14. À la reine de Hongrie, 1 avril 1547
Déchiffrement : HHSA, Frankreich 15, ‘Saint-Mauris – Marie de Hongrie’ 1547, IV, fo. 3.
[Des infomations sur les preparatifs sur mer des Français] (…) aucuns ont volu dire que l’on feroit repasser led. galeres en levant pour ce que le Roy avoit volunté de rentrer en guerre l’an prochain du costé d’Ytalie
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par où il veult asseurer sa coste de Prouvence, mais Madame si l’on veult proceder en cecy par conjectures il y en a d’assez grandes pour croire que telz apprestes soyent à quelque mauvaise fin contre l’empereur, car il est certain que les Franchois et Anglois sont en bonne intelligence pour le present laquelle ceulx d’ici ont principallement reserchee pour nuyre à sa majesté imperiale, voyre se dit madame que les.d Anglois ont donné le mot de accepter la ratiffication de la paix derniere quant aux Escossois (...).
Quant à ce Madame que monsr de Champtonay [60] a declaré à vostre majesté du nouveau traicté entre les Franchois et Anglois, duquel vostre majesté m’a enjoinct me informer, Madame Holsatius convient avec led. sr. de Champtonay qu’il y a eu traicté mais il a juré que encoires n’avoit il sceu descouvrir ce qu’il contenoit, mais madame led. Pacquelon [61] qui est icy tenu pour Franchois et hantant avec les groz seigneurs de la court m’a affermé avoir entendu de lieu bien sur que pour certain le Paulin à son retour dernier d’Engleterre declaira qu’il avoit traicté au nom du Roy de France avec les Anglois et que l’ambassadeur de Venise y estoit entrevenue comme contrahante, contenant led. traicté que tous troiz avoient fait ligue entre eulx pour assister les jadiz electeur de Saxen, Lantgrave et autres Protestans contre sa majesté et furnir argent pour leur contingent, le tout pour empescher les dessaings de sa majesté en la /Germanie et pour rompre sa grandeur (...) [l’ambassadeur de Venise a nié que la seigneurie est entrée dans une telle ligue] or ne scay je madame s’il est ainsi ou si depuis elle aura changé d’opnion veant la prosperité de sa majesté en la Germanie. Tant est madame que tous ceulx d’cy ne cessent de dire quilz empescheront par tous les moyens qu’ilz pourront que sa majesté n’accroisse plus ses forces et qu’ilz gaigneront à ceste fin tous ceulx qu’ilz pourront pour ceste querelle en facon que je ne doubte ilz auront persuadé les Anglois de traicter avec eulx, lesquelz madame ne sont hors de la mesme opinion quant à la grandeur de sa majesté selon que l’ambassadeur du Roy d’Engleterre resident icy s’en est descouvert à quelque’ung qu’il me le dit (...).
15. Rapport envoyé par courier spécial, 6 avril 1547
Original : HHSA, Frankreich, Varia 6, Nachtrag, fo. 16-19. Edité partiellement d’une copie sans date en chiffre envoyée à Granvelle par A. Castan, La mort de François Ier…, p. 445-452 (d’après BB, Ms Granvelle 40, fo. 261-263, adr. « à monsr de Granvelle »).
Le penultiesme du mois de mars passé, le Roy mourut à Rambouillet d’une fievre, que luy avoit duré trente jours. Il fut ouvert apres sa mort, et trouva l’on une appostume en son estomach, les rognons gastez et toutes les entrailles pourriz et si avoit la partie du gesier enchancré et le pomon jà quelque peu entarmé. Deux jours avant sa mort, madame d’Estampes se retira dud. Rambouillet et alla en sa maison de Lymours. Le lendemain dud. deces, le daulphyn avec sa femme allarent en ung monastere proche dud. Rambouillet et le jour suyvant led. daulphin se trouva à Saint-Germain et avant son partement dud. Rambouillet il enchargea au cardinal de Tournon et l’admiral et l’evesque de Mascon d’estre là quarante jours, pour satisfaire aux solempnitez, mesmes de tenir le plat et service de vyande qu’est accoutumé en tel cas.
Le second de ce mois mesdames la daulphine et Marguerite visitarent la Royne de France à Poissy, par le commandement du daulphin, lequel escripvit à sa Majesté lettres de sa main concernantes la mort dud. Roy, et excusant que sad. Majesté n’en fut esté advertye par luy de lad. maladie, qui avoit esté pour l’espoir que l’on concevoit que de jour à autre il gauriroit, offrant faire pour elle tout ce qu’elle pourroit actendre d’un qui luy estoit et vouloit demeurer à jamais humble et obeissant filz. De mesmes aussi lesd. dames daulphine et Marguerite parlarent à sa Majesté de s’employer pour elle jusques au boult, l’accompaignant / d’une infinité de honnestes propoz et entrant lad. dame Marguerite en la chambre de sad. Majesté comme
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elle la veit tappissee de noir la cueur luy faillit et au sortie elle retumba en une autre evanouissement. Avec lesd. dames se trouvarent entre autres mesdames de Canaple [62], Massy [63], contesse de Vertu [64], sa seur l’admiralle [65] que fut par le commandement dud. daulphin, lequel depuis leur fit dire qu’elles ne retournassant à la court, en sorte qu’elles firent leur mieulx d’estre retenues par la Royne de France, laquelle print seullement Massy et l’admiralle en faveur de la ducesse de Montpensier sa seur, [66] laquelle l’en prya bien fort ; et est lad. ducesse avec madame Marguerite combien que le daulphin l’ait voulsu licencier. Mais lad. dame Marguerite declaira qu’elle n’yroit en court que lad. ducesse ne l’accompaignast, si esse que l’on tient ce ne sera pour long temps, à cause que la seneschalle de Normendie la hayt et sa seur ; et fault que Massy laisse le train qu’elle menoit et renvoya la Royne de France madame de Canaple combien qu’elle prya de demeurer. Mais elle avoit fait de maulvaiy offices avec elle, et, sans la seneschalle, Monsieur de Canaples la vouloit mectre en ung monastere et la repudier, disant maintenant qu’elle a esté concubine du Roy. L’on ne scet encoires que diroit les autres maris et espere l’on que le jour sera venu.
Le jour mesmes que le daulphin fut aud. Saint-Germain, y arriva le connestable, lequel il receut de tresbon visaige et furent en devises eulx deulx à part plus de deux heures ; et dit l’on que la mesme nuyct l’on deporta Longueval de ses estaz et / lieutenandise de Champaigne. Le lendemain Bayart [67] qui estoit à la court, fut deschassé de lad. court et pryvé de ses estaz, en sorte que jà il s’en est allé en sa maison bien estonné ; et tient l’on que l’on dresse jà contre luy quelques articles pour soy en informer.
Pendant que l’admiral est à Rambouillet, l’on a pourveu de son estat de marischal, mais on ne scet encoires à qui et entend l’on luy laisser l’office d’admiral sans gaiges ny entremises en icelle tout ainsi qu’il a procuré que il se fit de l’estat de connestable ; et par ce il demeurera privé du gouvernement de Normendie, lequel se demeura a monsieur d’Aumale [68]. L’on tient que monsieur de Hesdan [Sedan] [69] sera marissal de France et jà est sa femme dame d’honneur de la Royne nouvelle. Le cardinal de Tournon est du tout debouté et prive l’on le conte de Monstreval [70] et le seigneur de Grignan [71] ses neveux de leurs gouvernemens de Provence et la Bresse. Le bruyt est que le Paulin [72] n’aura pas la charge des galleres et qu’elle se baillera à Pierre Stroche.
L’on a deporté Saint-Sierge [73] et tous autres chevaliers de l’ordre qui estoient du conseil privé, duquel demeure chef quant aux affaires de la justice monsieur de Rains [74] soubs la superintendance du connestable, qui l’a voulu pour compaignon led. sr. de Rains, puis qu’il est prince né et que l’on luy a imputé du passé qu’il vouloit luy seul tout conduire, aussi pour complaire à la seneschalle de Normendie, [75] qui est cause de son retour en court.
Le receveur de Sens [76] et Marchiomont [77] sont esté creez secretaires / dud. conseil et tient l’on que L’Aubespine [78] ne trouvera plus Bouchetel [79]. Il est encoires. Le chancelier [80] s’empesche tousiours des affaires mais il craint d’estre rebouté. Toutesfoiz il y a plus d’espoir qu’il demeurera que autrement.
Madame d’Estampes le tiers jour de ce mois manda l’un des siens demander son logiz acoustumé à Saint-Germain pour venir prendre congié du daulphin, lequel fit dire au serviteur d’icelle dame qu’il allast vers la Royne de France faire instance pour led. logiz et tel que sa Majesté l’accorderoit il le feroit aussi, donnant assez à entendre à lad. dame qu’elle avoit tresmal usé d’avoir esté cause que sad. Majesté fut esté si mal traicté ; et jà sont en court plusieurs qui se doubtent de lad. dame d’Estampes, repetans les places qu’elle leur detient, en quoy ilz sont oyz et seront tresbien pourveuz, en quoy l’on ne use d’aucune faintize avec icelle dame, ny autres ausquelz l’on veult mal, mais de plain sault l’on les deporte et ne veult led. daulphin oyr parler aucunement d’icelle dame d’Estampes ny ceulx de sa famille.
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Led. daulphin se fit excuser le iiije de ce mois envers la Royne de France de ce qu’il ne l’avoit encoires visitee, luy mandant qu’il se faisoit informer s’il devroit porter l’habit de dueil, auquel cas il la vouloit venir trouver avec led. habit mais que aucuns disoient que les Roys de France ne devoient porter dueil ; et que si tost qu’il auroit esclaircy ce que dessus il feroit son devoir avec sad. Majesté, retournant à luy faire certiffier de nouveau le grant /desir qu’il avoit de la bien servir et traicter et qu’il la pryoit qu’elle en print l’experience, l’asseurant qu’elle luy feroit plaisir d’en ainsi user.
Le connestable a aujourd’huy les logiz que souloit avoir lad. dame d’Estampes et est aupres de luy le cardinal de Chastillon [81], aussi sont mis en la maison du Roy les srs de Rains et Guyse, le cardinal de Lorraine est tousiours le bien venu et monstre l’on assez bon visaige au cardinal de Ferrare [82]. Mais led. cardinal de Chastillon commenche jà à luy faire concurrence en precedence. C’est en somme ung monde nouveau que de ceste court, et l’on ne trouve riens bon aujourd’huy de tout ce que ont fait le cardinal de Tournon et l’admiral, soit avec les Protestans, Angloiz ou autres.
Doiz le iiije d’avril l’on tient monsr d’Aumale grant maistre de France par le consentement dud. connestable et gouverneur du Daulphiné au lieu de Maugiron [83] estant deporté du conseil privé de tous ses estatz et charges d’hommes d’armes et son filz aussi. Le jeusne St André [84] est du conseil privé et monsr de Hesdan et tous deulx sont esté creez mareschaulx de France, ès places de l’admiral et monsr du Biez, lequel a esté chassé. L’on a aussi mandé They [85] de sa maison et donné à monsr de Bussy [86] la charge de l’artillerye de France que souloit avoir led. They. Aussi est pour vray le Paulin du tout hors de credit et sa charge des galleres donnee au pryeur de Capua [87].
L’on tient pour certain que l’on a mandé prendre prisonnier / Longueval [88] et qu’il sera mené à la Bastide et par ce boult l’on entrera à taster et enchercer le fond des affaires de madame d’Estampes, lequel [sic] se trouvera bien tost perdu ; et a l’on osté aud. Longueval une abbaye mise en la personne du cardinal de Lenoncourt, laquelle il gardoit pour donner au dit Longueval qui n’en avoit aucunes bulles et a esté donnee lad. abbaye à monsr de Rains.
Aussi se dit icy pour chose vraye que l’on doit arrester monsr de Grignan lequel le conte de Tandes [89] charge de plusieures malversations, aussi fait le conte de Languillaire [90] estant jà hors de prison et duquel le proces se voit par aucuns deputez à ce, qu’est pour recouvrir ses interestz et dommaiges sur led. sr de Grignan que de le deffaire. L’on a mandé dire au cardinal de Tournon qui est à Rambouillet de n’en venir en court, et se dressent informations encontre de luy. Il est bruyt qu’il se retirera à Romme. L’admiral de France peult retourner s’il veult mais ce sera sans charge ny auctorité et monsr d’Attigny [91] a esté mis hors la Bastide, et craint l’on que Lorges [92] qui l’avoit accusé ne soit en sa place et tousiours a il esté mis hors de ses estaz et tout credit. Le viel St André [93] doit estre gouverneur de Bresse ou lieu de Monstreval. Boisy [94] s’est jà rendu en court, mais il est en chemin d’estre esbranlé pour le parentaige qu’il a fait avec monsr d’Estampes estant deschassé peu avant la mort du feu Roy. Sordy est demeuré en grace du jeusne Roy [95]. Les heritiers du tresorier Pontchiere [96] repetent Lymours de madame d’Estampes et le chargent qu’il fit wyder leur proces contre leur feu pere par gens qu’elle avoit attirez, affin d’avoir lad. place ; et sont admis à veriffier led. fait. Ce sera ung chemin pour en attirer d’autres querelles.
L’on a jà deputé pour la garde de l’argent du Louvre autre que le cardinal de Medon [97], et s’i est deporté de son gouvernement de Paris. Quant se partist l’on le dessaisit honteusement de tous ses papiers et lettraiges et il dit lors que il n’en attendoit paz moins. Madame d’Albreche [98] doit bien tost arriver en court, et luy est allé audevant par voye de postes le cardinal d’Armignac [99] (...).
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Du vje d’avril 1547
16. À l’Empereur, Poissy, 12 avril 1547
Déchiffrement contemp. : HHSA, Frankreich 15, Berichte, ‘Saint-Mauris – Karl V’, 1547, IV, fo. 7-15.
[8r] (...) Led. daulphin sire l’a [la reine Eleonore] mandé visiter de temps à autre et y fut nagaires de sa part le cardinal de Lorraine [100], lequel luy notiffia de rechef l’extreme et singulier desir que led. daulphin avoit luy demeurer bon et obeyssant filz, et de l’observer comme s’il estoit sa mere propre, luy faisant incontinent entendre de la part dud. daulphin, que icelluy daulphin esperoit bien / que encores seroit elle cy apres principal instrument pour endresser une bonne, seure, sincere et perpetuelle amytié entre vostred. magesté et led. daulphin (...). Sependant en cecy led. cardinal de Lorraine sur ce que touchoit de Pyemont, lequel il dit, sire, led. daulphin ne rendroit jamais, et que l’on le devoit tenir pour du tout constant, mais que hors mis cela il consentiroit à tout ce que luy voudroit, prenant fin son propoz à dire à sad. magesté que la vostre ne devoit esgarrer la bonne volunté dud. daulphin quant à l’establissement de paix, pour ce que autrement l’on le pourroit mectre en chemin de continuer à maintes praticques dressees du vivant du feu Roy, lesquelles il proposoit faire suspendre pour l’espoir qu’il concevoit de traicter avec vostre magesté, et que quant le tout seroit bien pesé et examiné, il se faudroit tousiours resouldre en ung point, qu’est d’estre amis ou ennemis et d’avoir guerre ou paix. Ce dernier mot, sire, fut recueilly par sad. magesté avec remonstrance qu’elle fit aud. cardinal que par telz propoz il sembloit l’on voulsist gehenner vostre magesté à la paix, et telle qu’ilz la desirent en ce costel, et que ce n’estoit chemin pour y mener vostre magesté. A quoy, sire, il ne sceut que bonnement respondre, sinon qu’il voulsist coulourer sa parolle, laquelle sad. magesté vit lors accompaignee de telle inconsideration, que de plain sault elle jugea qu’il procedoit du cerveau dud. cardinal de Lorraine. Et de vray, sire, la pluspart des grans seigneurs de ceste court conferment assez que led. cardinal de Lorraine desire sur tout establir bonne et parfaicte amitié avec vostre magesté, voire, sire, le me dit nagaires Brisach [101] et avec asseurance qu’il le savoit tresbien et que puis deux jours auparavant il en avoit oy parler largement led. daulphin, avec une si grande sincerité d’affection que l’on ne scauroit de plus, et que pour lors il avoit tenu maintes honnourables propoz de vostred. magesté, louant jusques au tiers ciel toutes ses euvres, lesquelz il proposoit vouloir ensuyr et imiter, et sur tout s’accomoder à guerroyer contre le Turch, scavant qu’il peult traicter avec vostred. magesté. Catillon sire, qui est homme de beaucoup de parolles dit en cecy nagaires à la Royne de France qu’il avoit entendu par aucuns du nouveau conseil dud. daulphin, que tous ses principaulx ministres luy conseilloient de rechercher la paix avec vostre magesté, mais que ce fut sans rendre le Pyemont. Adjoustant led. Cattillon, que si autre amitié ne se traictoit il failloit tenir pour du tout constant, que vostred. magesté espouseroit pour sa vie une guerre, laquelle ce jeusne Roy pourroit soldoyer d’autant qu’il commenchoit mectre tresbon ordre en ses affaires, lesquelz yroient tousiours de mieulx en mieulx, selon qu’il deliberoit suyvir conseil, duquel le connestable qui entendoit le fond des affaires, demouroit superintendant. Cecy sire, se dit incidamment pour le conjoidre à ce que declaira le cardinal de Lorraine en semblable conformité et pour incontinent advertir des desaings de ceulx d’icy, desquelz, sire, je tiray nagaires plus de certainté dud. sr. connestable que fut lors que je me trouvay devers luy pour les affaires de la Royne, auquel sire je congratula pour lors son retour à la court (...) [des mots polis concernant son retour] en quoy sire il me respondit (...) qu’il avoit cogneu le Roy moderne doiz son enffance voire à demy nourry et institué, par où led. seigneur Roy avoit esté tant plus meu l’entremectre en ses affaires, esquelz il entendoit rendre le devoir tel que meritoit le service d’un si grant prince et tant extimentez comme il estoit. Me declairant, sire, à ce propoz que led. daulphin estoit en determinee volunté de refrener plusieures choses que luy sembloit et à son conseil avoir
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esté mal endressees et dirigees du passé et de joinctement pourveoir sur ce que touchoit la meilleure pollice de ce royaulme selon que l’effect le demonstreroit avec le temps mais que sur tout le principal soing que tenoit led. daulphin estoit de soulder et establir une indissoluble paix et amitié avec vostre magesté et monsieur nostre prince (...) [la question de la douaire de la reine Eléonore et de la « translation » du Concile de Trente] (...). Il se dit icy sire, publichement, que le pape l’a fait pour ce que vostre magesté traicte seullement les affaires de la rebellion, et non point de la Religion, qu’est tousjours retomber au premier vomissement de ceulx d’icy, lesquelz se dient ouvertement que vostre magesté ne tache sinon à une monarchie, et non point au concille, et que par ce moyen ilz l’empescheront. Que sont sire leurs mensonges et accoustumez propoz.
Le jour que je fuz vers monsieur le connestable, je sceuz que l’on avoit publyé que les gens de vostre magesté avoient voulu surprendre Montcaillier [102], dont l’on faisoit ung bien grant bruyt, avec demonstracion de mescontentement, laquelle chose sire, je voulsi bien esclairchir par demander aud. seigneur ce qu’en estoit et si le daulphin imputoit aucune chose à vostre magesté et ministres d’icelle. Sa response fut, sire, que de vray led. daulphin en avoit eu telles nouvelles mais que graces à Dieu le tout s’estoit remedié avec le bon ordre que l’on y avoit mis (...).
Led. daulphin sire doit estre demain envers la Royne de France avec habit de dueil [103], lequel il porte puis trois jours seullement. Et est le drap violet et comme ceulx d’icy le tiennent Roy treschrestien et avoir plus de dignité, comme il disent, que les autres, ilz ont esté d’advis qu’il print led. couleur, affin que l’on cogneut qu’il y eult quelque chose de plus en luy, dont sire maintes bons personnaiges se rient, estimant par la soudaine variation de tant de choses que led. daulphin se larra mener comme le feu Roy faisoit. Aussi à la verité il est jà du tout esclave d’affection de la seneschalle de Normandie, du quoy sire le temps descouvrera ce que y pourra estre cy apres. A tant (…) De Poissy le xije d’avril 1547.
17. À la reine de Hongrie, 13 avril 1547
Orig. autogr. : HHSA, Frankreich 15, ‘Saint-Mauris – Marie de Hongrie’ 1547, IV, fo. 7-15.
Madame, le xie de ce moys arriva en ce lieu sur la nuict monsieur de Glagon [104], lequel poura à peine avoir audience d’avecq le Roy avant jeudy prochain à cause que led. seigneur doibt aller à Sanct Clou visiter le corps du feu roy où l’on l’anvoie. L’on attand ce jourd’uy en ced. lieu la royne moderne et madame Marguerite venans visiter la royne qu’est par le commandement de Dux, lequel l’a visité le jourd’hier et traicta sa majesté austant d’honnestez, cordiaulx et affectionnez propoz mesmes de la vouloir obeyr et bien traicter que l’on ne scauroit de plus. Monsr le connestable s’esjourna bon espace de tamps avecques sad. magesté apres que led. seigneur roy s’estoit partie d’elle et demeura en resollucion de venir en ced. lieu dedans quelques jours et si tost qu’il auoit la commodité pour negocier ce qui concernoit le dot douaire et aultres droictz de sa magesté donnnant bien bon espoir que le tout passeroit selon le desir d’elle et qui ne fauldroit que beaucoup de gans s’en empeschassent pour le bon offre que il y vouloit faire. L’on verra enfin madame quelle en sera l’yssue.
Vueillant ma dame mettre fin à cestes j’ay sceu par l’ung des miens retournant de St Germain où je l’avoys mandé pour parler à mond. sr connestable, que la nuit passé xije de ce moys le roy c’estoit trouvé aulcunement indisposé selon que led. seigneur connestable l’avoit dit à mond. serviteur mais qu’il esperoit que ce n’estoit aultre chose sinon le changement des viandes et que cela se / remectroit aveques une ligiere purge [105].
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Madame je supplie le createur donner à vostre magesté l’accomplissement de ses haultz vollez et vertueulx desirs. Dois Poissy ce 13me de avril.
De vre magesté treshumble et tresobeyssant serviteur,
J. de St Mauris.
18. À l’Empereur, Poissy, 20 avril 1547
Original, déchiffrement : HHSA, Frankreich 15, ‘Saint-Mauris – Karl V’, 1547, IV, fo. 17-21, 33-36.
Sire, j’ay cy devant faict entendre à vostre magesté mesmes * du vivant du feu Roy de France que led. seigneur Roy faisoit secretement practicquer monsieur de Savoye par aucuns gentilzhommes pietmontois qui l’avoient esté visiter à Vercel avec la permission du prince de Melphe [des changements possibles de la politique française à l’égard de l’Empereur] (…).
[19r] Il n’ya a icy, sire, riens succedé de nouveau sinon que le daulphin a fait commander à tous ceulx qui ont charge de places fortes d’aller resider en personne esd. lieux et de prendre tressoigneulx regard à les bien garder et faire munir de toutes provisions necessaires. Cecy, sire, m’a esté declaré par le connestable avec propoz que comme le dolphin entroit en ce nouveau regne il ne povoit delaisser de mectre ordre ausd. frontieres, combien il n’y auroit autre respect sinon pour donner frain et loy aux subgectz, de n’en riens esmouvoir m’asseurant que led. Roy ne desiroit riens plus que d’entrer en plusgrande amytié avec vostre magesté et qu’il avoit escript par toutes ses frontieres tant de mer que terre que l’on traicta et favorisa les subgectz de vostre magesté comme les siens propres, qu’estoit aussi avec espoir que vostred. magesté feroit user du mesme à l’endroit des siens. Comme qu’il en soit, sire, j’estime que les provisions desd. frontieres se font pour la craincte qu’ilz ont [que] vostre magesté ne les envahissent, laquelle sire, leur diminue et augmente selon qu’ilz entendent les progres des affaires de vostred. magesté en la presente expedition.
Sire, je supplie (...)
19. À l’Empereur, Poissy, 25 avril 1547
Original et déchiffrement : HHSA, Frankreich 15, ‘Saint-Mauris – Karl V’, 1547, IV, fo. 25-32.
Sire, * le premier de ce mois l’abbé de Longpont [106] me declara en ce lieu pour le devoir escripre à vostre magesté que du vivant du Roy et peu avant son deces, led. Roy l’avoit faict encharger par l’admiral d’assentir de monsieur le confesseur de vostre magesté si se pourroit convenablement trouver vers luy pour joinctement adviser quelque moyens à l’establissement de plus grande amitié entre voz magestez, asseurant led. admiral que led. feu Roy le desiroit et qu’il se pourroit trouver quelque expedient quant au Pyemont, avec declaration qu’il luy fit que led. seigneur Roy craignoit jusques au boult que vostre magesté ne luy endresse la guerre, voires tenoit pour chose du tout asseuré qu’elle luy tumberoit sur les braz, mais que en fin tousjours s’en desmesleroit il en rendant led. Pyemont [L’empêchement de l’empereur par la guerre en Allemagne avait différé la matière, mais l’amiral avait encore une fois écrit au confesseur de l’Empereur, qui avait demandé quel « moien » les Français proposait pour le Piémont. Sur ces entrefaits, le roi François mourut mais le nouveau Roi avait donné à entendre qu’il voulait bien continuer les pourparlers] et qu’il la rechercheroit par tous moyens qu’il pourroit, remectant luy declairer si le feroit passer vers led. sieur confesseur selon qu’il tachoit et persistoit à cela jusques à ce qu’il fut de retour à St Germain et que cependant il se trouveroit vers l’admiral à St Clou pour luy dire de sa part qu’ilz reiunissent eulx deulx en memoire ce qu’estoit passé en ceste praticque doiz le commechement et le fondement d’icelle, affin que
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led. admiral luy en fit rapport, avec lequel lors et par l’advis du connestable il adviseroit ce qu’il yroit mieulx convenir (...) [on continue à discuter des moyens pour resoudre la question du Piémont].
[30v] Led. abbé, sire, me declaira enoultre qu’il avoit delaissé led. daulphin et ses ministres en bien grande perplexité par la crainte qu’ilz avoient que vostre magesté ne leur endressa la guerre à ceste annee, et que le connestable luy avoit dit que led. daulphin ne se pourroit assez esbahir que vostre magesté tarda si longuement à mander visiter led. daulphin pour consoler le trespas du feu Roy, dont il concevoit suspicion, que vostre magesté ne voulsist entrer en plus grande amitié avec eulx. Or ne scay si telz propoz passerent ainsi. Bien ay je entendu, sire, de bon lieu, que led. daulphin n’est point du tout hors ceste opinion que vostre magesté luy endressera la guerre avec son apoint, par où il fait pourvoir ses frontieres le mieulx qu’il peult et tient souvent propoz qu’il veult employer une partie de ses deniers à la fortiffication desd. frontieres. (...) à propoz des pratiques secrètes du feu roi en Allemaigne, Castillon declara que le nouveau roi de sa nature les détestait mais la reine Eléonore pense que led. daulphin et ses ministres [c]ercheroit d’entrer en paix et d’y mener vostre magesté avec tant de doulx, gratieulx et honnestes propoz pour tant plustost parvenir à ce qu’ilz desirent, et que à ceste cause ilz donnent tant d’asseurance comme ilz font de la fidelité et leaulté dud. daulphin, le baptisant estre prince observateur de sa parolle, pour en somme faire incliner vostre magesté à lad. paix, mais que en fin elle croit que s’ilz n’y procedent du droit fil, et avec la realité et sincerité qu’il conviendra, que leur intencion soit vouloir decevoir vostre magesté cy apres, qu’est, sire, un conjecture laquelle n’est du tout eslognee de la verité. Vray est que ledit daulphin dit souvent, que venant à traicter avec vostre magesté il ne le veult faire legierement mais veult que le tout soit bien pesé, asseurant au reste qu’il observera inviolablement ce qu’il accordera et que en cela l’on n’y trouvera redicte, laquelle chose, sire, la douaigiere de France croira quant elle congnoistra qu’il se accommodera en traictant ce que sera de raison.
Il est grant bruyt, sire, en ceste court du mariage de monsieur d’Aumalle avec la princesse d’Albrecht, et que la seneschalle de Normandie par l’enhort de ceulx de Guyse en poursuyt le daulphin, lequel demonstre qu’il se face et en presse le sr. d’Albrecht, qui toutesfoiz ny sa femme aussi et moins la princesse y veullent consentir, mais l’on doubte que à la longue ilz ne le facent, si led. daulphin y persiste et se dit que lesd. seigneur et dame d’Albrecht s’arrestent au partie du prince de Pyemont s’il y moyen d’y parvenir.
La douaigiere de France [107] m’a dit, sire, que bien tost se traicteroit la mariage de Celcedo [108], espaignol, avec Le Breuyl, et que led. Celcedo s’estoit reconseillé avec le daulphin, ayant offert de le bien et loyaulment servir, en sorte que jà il a esté mandé par led. daulphin pour estre entrevus en quelque charge selon que lad. Breuyl l’a declaré, sans avoir particularisé lad. charge.
Ils dient icy, sire, que le jadiz electeur leur a faicte entendre, que s’il se voit beaucoup pressé, qu’il hasardera la battaille en espoir de la gaigner.
Trebacius a sceu de Olsatius le second de ce mois que l’on envoyoit de ce costel mil cincq cens hommes en Pyemont pour garder les villes, et qu’il n’y a aucun espoir que le daulphin le rende, et que son intencion est faire queremonye de la souverainté de Flandres. Le Roy, sire, doit estre dedens deux jours à St Germain où swe treuvent les estaz de Normandie et de Bourgoigne. * Sire, je supplie le createur (...) de Poissy le xxve d’avril 1547.
20. « Advertissement », 25 avril 1547
Original : HHSA, Frankreich 15, ‘Saint-Mauris – Karl V’ , 1547, IV, fo. 37. Edité par C.-H. Paillard, « La mort de François Ier », dans Revue historique, tome 5, 1877, p. 100-110.
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Comme depuis le deces du feu Roy l’on a sceu plus par le menu ce qu’il avoit passé en sa maladie, l’on en fera icy particulier recit sans aultrement ramentevoir ce que ja en a esté escript. Trois jours avant que led. roy mourut, il congneut et declaira que c’estoit fait de luy et que à ceste cause il vouloit du tout adonner ses pensees à Dieu et disposer de sa conscience, enchargeant qu’on ne luy parlit d’aultres affaires (...).
21. À l’Empereur, Poissy, 9 mai 1547
Déchifrement : HHSA, Frankreich 15, ‘Saint-Mauris – Karl V’ 1547, V, fo. 1-5. Chiffre avec déchifrement : BB, Ms Granvelle 40, fo. 228-237.
Sire, monsieur Mesnage envoya icy nagaires ung des siens qui porta au daulphin la nouvelle de la deffaicte du jadiz banny electeur [109], laquelle les a estonné tellement que doiz qu’ilz la sceurent, ilz se determinarent de renvoyer incontinent le mesme messaigier pour advertir led. Mesnaige à ce qu’il face tout ce que sera en luy pour empescher que s’il est possible les lettres envoyees par le Roy aud. jadiz electeur ne tumbent entre les mains de vostred. magesté, et que il en face si peult dextrement advertir led. banny. Cecy, sire, c’est sceu par Olsatius, et que le daulphin et les siens craignent jusques au boult, que lesd. lettres ne soient veues, tenant pour certain que vostre magesté ne pourroit si non s’en ressentir grandement encoires que ce fut des anciennes praticques dud. feu Roy.
Aussi, sire, à la susd. victoire cause, selon que la chose en est jà par tout divulguee, que led. daulphin a remis son sacre et coronnement jusques en novembre prochain, qu’est pour la crainte qu’il concoit que vostre magesté ne luy endresse la guerre apres son expedicion presente, laquelle ilz tiennent icy pour achevé, puis que le chef de la ligue est prins, en sorte qu’il envoye à toute dilligence tous gouverneurs, capitaines et autres qui ont charge de places sur les frontieres avec artillerye. Et est cecy une chose du tout certaine, et leur a esté enjoict de tenir ung nombre de legionnaires prest pour gecter ès villes si la necessité le donne et faict l’on mectre toute la gendarmerye entre bon equippaige. Il a aussi despesché en Suysse pour avoir gens et s’en ayder / à la defence de son royaulme si avant qu’il soit de besoing.
Et comme, sire, j’entendz ce changement si soudain où peu auparavant toutes choses estoient disposees à bonne paix du moins pour ceste annee, je jugeay pour le mieulx d’en faire declaracion à monsieur le connestable que fut, sire, le vije de ce mois. Auquel jour monsieur de Humbercourt eult audience envers le daulphin, et comme de moy mesmes feiz entendre aud. seigneur ce que j’avois sceu du retardement desd. sacre et coronnement, et des apprestes de guerre que l’on faisoit que je luy diz estre trouvés bien eslognez de ceulx qu’il m’avoit peu auparavant tenu du desir que le daulphin avoit à la paix, et soulder plus estroicte amitié avec vostred. magesté (...).
Sa response fut que il prenoit à tresgrant plaisir, je luy eusse fait ouverture de ce que dessus, et qu’il me declairoit veritablement ce qu’en estoit avec protestacion tresexpresse qu’il ne me circonviendroit en riens et comme celluy qui desiroit tousiours faire profession d’homme de bien et de verité. Et me dit sire en conclusion que si tost que le Roy fut mort, le daulphin comme heritier / de ce royaulme avoit par advis de son conseil resolu mander la pluspart de ceulx qui avoient charge des places fortes en leur frontieres, pour les garder jusques à ce qu’il se vit en l’entiere possession de sa couronne, et que suyvant ceste deliberacion l’on avoit encheminé peu à peu les choses à la fin susd. Tellement que jà passé quelque jours monsieur de Cattillon [110] son neveu avoit esté mandé en Picardie avec autres pour tenir prest les gens tant de piet que de cheval, lesquelz ilz avoient soubz leurs charges. Le mesmes avoit esté fait pour le Pyemont où le sr. d’Ausson avoit esté pieca despesché avec ung nombre de gens de piet et de cheval, pour mectre aux garnisons et garder les places. Et consequamment le mesme ordre mis en toutes autres frontieres qu’estoit
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une chose de tout temps accoustumee venant à morir ung Roy de France ; adjoustant qu’il me vouloit bien confesser l’on avoit ung peu plus pressé et avancé la besoigne d’autant que jusques à maintenant led. daulphin n’avoit esté visité doiz la mort du Roy de par vostre magesté et le Roy d’Engleterre . . ./ . .
[3r] entremeslant en cecy que le Roy avoit fait differer son sacre et couronnement pour ce que le temps d’yver avoit semblé le plus à propoz pour le dangier de la multitude de peuple, laquelle ne pourroit causer sinon grande maladies en temps d’esté ; et que possible feroit il led. couronnement assez legierement et sans s’arrester à beaucoup de ceremonies, pour n’en mectre sa noblesse en fraiz, d’autant qu’elle estoit jà fort povre. Prenant son propoz fin, par me dire que le Roy auquel j’avoiz le jour mesmes parlé, present monsieur de Humbercourt [111], avoit esté tresaisé et du tout satisfait d’entendre ce que l’eusse asseuré de l’amitié de vostre magesté en son endroit (...). [L’envoi d’Andelot à l’Empereur. S’il apporte satisfaction au roi, Saint-Mauris pense que le sacre auroit lieu comme prévu. Il continuera à observer les dispositions militaires. Le nouveau roi a beaucoup de lansquenets et Suisses à sa disposition.]
22. À la reine de Hongrie, Poissy, 20 mai 1547
Orig. et déchiffrement : HHSA, Frankreich 15, ‘Saint-Mauris – Marie de Hongrie’, V.
L’on dit icy, madame, que Monsieur de Hely, qui souloit estre gouverneur de Hesdin [112], ne veult laisser la place qu’il ne la rende au Roy, mesmes que le Dolphin et les siens se craindent si l’on le pressoit plusavant qu’il ne la mist aux mains de l’Empereur. Mais, madame, je ne me puis persuader qu’il soit ainsi et suis apres pour savoir la verité de ce qu’en est. Bien ay je entendu tousiours doiz le commenchement de ce regne, qu’il respondit que pour une simple lettre dud. daulphin il ne s’en departiroit, car le feu Roy lui avoit donné le mot du guet pour s’en departir si l’on luy mandoit et non autrement.
Il y a icy eu ung gentilhomme angloiz homme anchien [113] et y ayant esté longuement ambassadeur, lequel a visité le Roy, et à ce que j’ay apercheu, il a esté favorablement recueilli. Il fut une foiz oy en conseil pour les depredacions des Escossoiz, dont il se doulut comme aussi de ce costel. L’on fit instance de certain mur que les Angloiz font dresser auprez du port de Boulogne [114], allegueans que ce soit contre le traicté. Lesd. Angloiz respondans, que ce n’est forteresse ains seullement cela se fait pour accommoder les batteaulx. Il se continue madame et de dyvers lieux, que le feu Roy fit avec lesd. Angloiz une ligue deffensive en la mesme forme qu’elle avoit estee cydevant traictee entre eulx, et a confermé à Trebacius le secretaire de l’ambassadeur d’Engleterre icy resident, que pour vray le conseil d’Engleterre avoit accordé aud. feu Roy et promis sans toutesfoiz qu’il soit par escript de prendre les deniers deuz pour Boulongne si bien l’on les leur payoit avant les huyt annees expirees et qu’ilz avoient consentu à ce que dessus pour vivre en paix avec ceulx d’icy, bien aussi considerans qu’il leur seroit impossible de jamais mectre lesd. deniers ensemble ny avoir moyen les leur rendre. Et je tiens, madame, que led. conseil, le fit tant plus aysement veant le Roy du tout animé lors, à emprendre guerre contre l’empereur, en laquelle ilz desirent le nourrir pour les pryver de leur restituer leursd. deniers, chose madame que le dolphyn pese aujourd’huy, lequel n’a encoires declaré s’il l’observera ce qu’est passé avec lesd. Angloiz, et si peult convenir avec l’emepreur je croy que à payne vouldra il observer l’un ne l’autre des traictez, selon que le connestable veult mal aux Angloiz, et ainsi l’ay je entendu, Madame ne n’ay encoires sceu si l’on a icy payé le second terme de la pension d’Engleterre escheue le premier de ce mois [115].
J’entens que touiours madame les aprestes de guerre en mer cessent de ce costel et se refroidissent beaucop, et que de nouveau par l’advis du conte de Manguillar [sic] l’on a resolu de non faire passer les galleres en levant mais que l’on en envoye la plusgrant part à Nantes et doiz là fera l’on passer par la riviere
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de Loyre jusques pres de Lyon les forsaires pour les mener à Marseille, où l’on fait dresser cincquante galleres toutes neufves, desquelles le Roy en veult deux en mer en non plus.
23. Occurens, 20 mai 1547
Original : HHSA, Frankreich 15, ‘Saint-Mauris – Karl V’ 1547, V, fo. 22-33.
Le xixe de ce mois, commencarent les obseques du feu Roy et messieurs ses deux enffans et en advertira l’on cy apres (...).
Monsieur de Lorges est de present en court où il s’est venu justiffier contre le sr. d’Aulbigny et est assez peu recueilly [116]. L’on actend de temps à aultre Madame d’Allebreth estant demeuree malade pres Tours (...).
[31r] Sachant Madame d’Estampes que son mary venoit nagueres en court par la poste elle le fut actendre à Estampes où elle le supplia avec une infinité de pleurs de la prendre et sa protection. A quoy il luy dit que si elle avoit bien fait elle le trouveroit et qui parleroit au Roy. Et comme il fut en court led. roy luy dit en soubzriant qu’il vouloit accomplir la prophesie que souvent il luy avoit preestimé [?] [117] qu’estoit qu’il auroit part au bien de sa femme pour le merite qu’il avoit receu d’estre si longuement coceu en facon que luy feit main levee des meubles de lad. dame d’Estampes avec permission d’en user à son plaisir et declaira qu’il participeroit en la moytié des immeubles nonobstant la depesche contraire qu’en avoit obtenu lad. dame d’Estampes vivant le feu Roy, tellement que que jà led. sr. d’Estampes fait vendre la vaiselle de sad. femme pour payer ses debtes et l’envoy en une sienne maison de Poictou comme indigne de plus [con]verser ny estre en compaignie. L’on dit que Longueval a jà descouvert maintes choses contre elle, lesquelles l’on luy remarchera si son mary venoit à deffaillir, mais l’on tient que de son vivant l’on n’atachera à la personne d’elle. L’on la condempna puis trois jours au conseil privé de nantir Lm escus qu’elle receust jà long temps pour mesme cause de nantissement selon ce que le feu Roy voulsist que le depost fut entre ses mains et dont il luy avoit fait don, lequel le present roy n’a voulsu agreer comme aussi il ne veult tout ce qu’elle a heu precedant de confiscations d’aultant que par la coustume et loy de France telz deniers doibvent estre applicquez à la munition des villes frontieres. Il se dit que led. roy a fait deliberer par son conseil s’il ne pourra pas raisonnablement tenir tous offices de son royaulme pour vaccans apres l’enterrement de son pere / pour ce qui desire le pouvoir pour priver avec ceste couleur tous ceulx qui ont offices estans de la farine de lad. dame d’Estampes qui veult entierement extirper et du tout exterminer telle peste. L’on a suspendu cy devant au cardinal de Meudon la joyssance de l’evesché de Langres [118] mais il a depuis delaissé à monseigneur de Reins l’abbaye de Wendosme [119] que tenoit pour lad. evesché, laquelle abbaye led. sr. de Reins donna purement a monsieur de Xeinctes son cousin [120] pour estre proche de leur maison de Wendosme dont le Roy luy a sceu tresbien gré.
Madame de Cany seur de lad. dame d’Estampes avoit au temps de credit volé par faveur l’evesché de Palmie[rs] [121] laquelle par le conseil privé a esté restitué à l’evesque, et elle condempnee à la restitution des fruictz montans à lxm francs. Aussi a l’on condempné Montmereaul [122] qui estoit l’ame de lad. dame d’Estampes et celluy qui aida à deschasser le connestable de rendre plusieurs fruictz d’une abbaye qu’il avoit longuement et injustement detenu à l’evesque d’Auxerre [123], lequel retourne en credit avec ses freres. Et jà est Tenteville [124] en court le bien venu, aussi sont tous ceulx de Brienne signamment le conte [125], auquel l’on a rendu Ligny. Vray est que le roy garde encores le chasteau à quelque couleur, et se dit que à peyne s’achevera le fort commencé sur la montagne pour estre chose de tresgrande despence. Toutesfoys cecy ne se scait à la verité.
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L’on tient icy de deux combatz, l’ung d’ung gentilhomme de Daulphiné contre Maugiron lequel il charge de mil commissions, l’aultre de La Chasteneray et Gernacq, et demonstre led. Gernacq desirer lad. combat [126].
Monsieur d’Omale demeure gouverneur en chief de Savoye et Daulphiné et monsieur de Saint Valier [127] lieutenant general, à quoy il ne se vouloit condescendre. Mais la grant seneschalle l’a mené à cela, luy donnant espoir que avec le temps il pourviendra à ce qu’il desire actendant que led. sr. d’Omale puisse estre aultrement pourveu. Et se dit que le Roy fera apres son couronnement chevalier de l’ordre led. sr. de St. Valier et le marquis du Mayne.
Le xve de ce mois arrivarent en ceste court deux courreurs venans d’Allemaigne avec nouvelles que les Protestans se ralieyent et faisoient gens pour resister à l’Empereur mesmes le Lantgrave (...).
[32v] Le conte de Tende [128] gouverneur de Provence avec beaucoup de gentilzhommes sont venuz en court pour defferer comme ilz ont fait monsieur de Grignan et le president de Provence, et a esté mis hors de prison l’advocat d’Aix lequel y avoit esté detenu par le moyen dud. Grignan contre lequel il a proposé present le Roy maintes choses lesquelles il s’est soubmis prouver sur peyne de la vie, de sorte que led. sr. de Grignan est en chemin d’estre vivement ratainct. Et serche l’on deffaire tous ceulx qui attenchent le cardinal de Tournon dont l’on a desja donné commancement aud. Grignan et au conte de Montrevel [129] contre lequel ceulx de Bresse ont icy envoyé maintes doleances, desquelles La Guiche [130] a charge icy informer.
[32v] Led. cardinal de Tournon et admiral sont esté visiter la Royne pour la seconde fois tousjours confessans avoir fait peu pour elle, excusans toutesfois cela par ce que le feu Roy en estoit distrait par Madame d’Estampes et offrans à sa magesté leurs services. Mais ilz n’ont sceu donner couleur à leur faulte inexcusable en ce qu’ilz ne feirent venir sad. magesté où estoit led. feu Roy durant sa maladie selon qu’elle les en avoit fait instamment requerir. Et quant à ce que attouchoit l’administration du publicq ilz dient qu’ilz ne veullent aultre chose sinon de conserver et nourrir bonne paix (…).
[33r] Led. Roy le xiiije de ce mois visita la royne et luy tint une infinité de maintz honnestes propoz d’amys [131] et la vouloit reverer comme sa propre mere et entre autres joyeuses devises luy dict comme il avoit fait visiter les affaires de lad. dame d’Estampes pour veoir si l’on y trouveroit / [33v] quelques lettres qui luy pourroyent servir. L’on avoit trouvé entre les plus riches habitz de lad. d’Estampes ceulx de Bonivet [132], qu’estoit tesmoignage suffisante pour croire ce que ung chacun preschoit de la bonne vie et conduicte de lad. dame, et ne se fait le compte sans bien grandes risees.
Canaples [133] est aujourd’huy hors de credit pour quelques rigoureux propoz qu’il eust du passé avec le connestable et luy oste l’on le comté de Mantes [134] et se donnera à la grant’ seneschalle pour ce qu’elle est proche du bien d’elle. La commune voix tant à la court que à Paris est que l’on trenchera la teste à Longueval et il a si peu d’amys et d’assistence l’on tient il aura peyne d’en eschapper.
24. À l’Empereur, Poissy, 29 mai 1547
Original : HHSA, Frankreich 15, ‘Saint-Mauris – Karl V’ 1547, V, fo. 59-71.
[59r] [L’envoi d’agents en Allemagne et en Suisse pour lever des gens de guerre] [59v] Et est, sire, le bruit commun en ceste court que l’on fait amas de grant nombre de lansquenetz et de Suysses, qualiffians que ce soit pour leur deffence. Aulcuns capitaines ytaliens et de ceulx ausquelz l’on donne quelque fois part des affaires dient couvertement que ceste assemblee de gens se fait pour eviter surprinse mais que si l’on voit de ce coustel le pont pour envahir que l’on recueillera l’occasion, alleguans en cecy, sire, deux choses : l’une que le roy tient pour certain que l’intention de vostre magesté soit luy endresser la guerre cy apres par le
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Piedmont à quoy il veult prevenir ; l’aultre que led. roy ne scauroit mieulx faire d’affoiblir les forces de vostre magesté et l’empescher de seigneurier l’Allemaigne et que vostre magesté ne se face plus grant. Ce mesme propos, sire, d’envahissement, Bassefontaine frere de l’Aubespine [135], declaira nagueres aud. Flameng dud. cardinal de Lorrayne luy demandant led. Flameng et faignant tenir le party du Roy de France si l’on vouloit icy souffrir que vostre magesté donna ainsi la loy à la Germanye, de où sire led. Bassefontaine estoit retourné deux jours auparavant. Auquel il respondit [que] il estoit resolu que led. roy se declaireroit ceste annee contre vostred. magesté et que l’on congnoissoit icy que jà l’on avoit par trop actendu et que pluslongue actente tourneroit à leur ruyne. [Les forces françaises pourraient être prêtes à la mi-août]. [60r] Je allegue sire mon autheur, lequel je ne tiens des plus certains [136], celluy sire qui est icy de la part du sr. don Fernande m’a dit avoir assenti du bailly du Palais, secretaire du connestable [137] avec lequel il a grant amytié, que le roy n’avoit sceu delaisser de faire gens pour ce que le feu roy l’avoit ainsi traicté avec le Turcq et de faire demonstration de vouloir entrer en guerre en temps que led. Turq enchemineroit son armee en Hongrie pour en somme affoiblir la puissance de vostre magesté, donnant à entendre que l’on avoit nouvelles de la descente dud. Turcq par Haraucourt [138], et qu’elles estoient arrivees en mesme temps que l’on avoit entendu la victoire de vostre magesté contre celluy de Saxen. Mais led. bailly asseuroit que toutesfois le roy estoit en volunté de non riens mouvoir (...). [60v] Il [le connétable] declaira aussi nagaires à Madame de Roye [139] selon le rapport qu’elle en fist à la Royne que sur son honneur le Roy ne vouloit aucune chose innover contre vostre magesté et seroit trescontent de demeurer en paix tenant ce qu’il a de present mais que s’il estoit reserché qu’il esperoit luy faire ung bon service si bien il debvoit demeurer soubz le faiz et que le roy estoit conseillé de despendre trois cens mil escuz pour non estre surprins, mais que ce n’estoit à aultre fin et ainsi, sire, le declaira il à ceulx qui luy parlent desd. apprestes avec propos que l’on le tienne lasche et meschant s’il en advient aultrement (...). [61v] Aussi sire, n’est led. roy à present bien avec le roy d’Angleterre selon que vostre magesté l’entendra plus au long par mes lettres à la Royne que sera ung frain de non entrer en guerre tant soubdainement et sans propos. Je pense aussi sire que le connestable et la grant seneschalle ne la desirent pour mieulx faire leurs prouffitz en ce commencement de regne et que plustost ilz serchent de temporiser pour veoir s’ilz pourroient parvenir à quelque bonne paix. Aussi sire, n’entends que en ce royaulme le tabourin sonne nulle part pour faire gens de pied. Bien se dit il que les capitaines apercoipvent secretement leurs legionnaires et qu’ilz leur donnent argent sur main, qu’est possible pour les avoir plus prestz en case de besoing [71v] (...) [des pourparlers avec Mme de Roye au sujet des intentions pacifiques du roi].
[72r] (...) tous lesd. propoz lesquelz elle congnoist assez proceder du cerveau du connestable, auquel, sire, quinze jours avant les obseques ceulx de Guise par especial les deux freres qui gouvernent, pensarent donner ung sault envers led. Roy pour le luy mal imprimer mais je n’ay encores sceu sire de quoy c’estoit, et le declaira aud. seigneur connestable la grant seneschalle qui le porte à tour de bras pour la congnoissance du passé, dont led. seigneur se dolut aud. Roy et luy en parla vivement, remonstrant qui le servoit en homme de bien et le suppliant que s’il en avoit aultre oppinion qui le licencia. A quoy led. roy luy dit, l’appellant son compere, comme il fait tousjours, qu’il ne se donne peyne de telz rapportz où il n’y adjoustoit nulle foy et l’asseura sur son honneur que tant que vivroit et que Dieu luy l’airoit la sens qu’il ne bougeroit d’empres luy, le tenant pour le premier et principal de tous ses serviteurs et par lequel il vouloit endresser tous ses affaires d’importance et qu’il le congnoissoit homme de service. Il l’avoit rappellé tant estoit la chose esloignee qu’il s’y voulust deffaire. / Je ne scay sire, quel succes prendront les affaires du roy. Mais il n’est possible qu’il n’y entrevienne du changement pour estre le conseil la pluspart de jeusnes
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gens qui tous veullent avoir la masse des affaires en main ; et selon le temps et le progres des choses j’en advertiray vostre magesté. * Sire, je supplie le createur (...)
25. À l’Empereur, Poissy, 31 mai 1547
Déchiffrement : HHSA, Frankreich 15, ‘Saint-Mauris - Karl V’.
[Les négociations par la reine Eleonore pour les mariages de Mmes. Marguerite et Elisabeth de France avec the prince de Piedmont et le prince d’Espagne.]
Saint Mauris à l’empereur, 31 mai 1547
Sire, apres mes precedentes lettres escriptes, la Royne Treschrestienne advisa d’envoyer vers le Roy madame de Roye pour le visiter de sa part et congratuler sa convalescence pour ce qu’il avoit esté auparavant aucunement indiposé, pour aussi luy mercyer jointement de sa part la continuation de tant de bons offices qu’il faisoit envers elle tant en ce qui la faisoit souvent visiter que pour le soing qui tenoit à la briefve expedition de l’evaluation de son dot et douaire et du bon espoir qu’il donnoit à sa majesté de la traitter favorablement et favorizer tous ses affaires. À quoy, sire, lad. dame de Roye satisfeist, apres soy estre trouvee devers led. sr Roy, duquel selon le rapport qu’elle en a fait à sa majesté estant retournee de la court elle entendit qu’il se tenoit beaucop obligé à sad. majesté sa bonne mere de la cordialle souvenance qu’elle prenoit de luy et que graces à Dieu il estoit tresbien de sa santé . . . et fust, sire, introduite envers led. Roy lad. dame de Roye par monsr le connestable, lequel a mis en termes que lad. dame Royne la feist ainsi negocier affin qu’il demeura hors de souspeçon qu’il ne porta par trop les affaires de sa majesté et ainsi s’en est il declaré à lad. dame de Roye, laquelle, sire, led. sr Roy ouy bien vouluntiers selon qu’elle est dame scavante et qui scet tresbien dire sa raison. Et à ce propoz, sire, lad. dame Royne asseure led. sr connestable ne plus oser parler en sa faveur tant librement comme il eust autrement fait sans ce que l’on guettoit apres luy s’il delaisseroit de vous tenir le droit dud. sr Roy pour favoriser celluy de lad. dame Royne, de sorte qu’il a tousiours eu pour controlleur monsr de Rains [140] ayant assisté à toutes les negociations ausquelles, à en parler plainement, il ne seroit que de tesmoing . . . [Le roi a demandé à Mme de Roye si la reine Éléonore continuerait à soutenir l’amitié entre le roi et l’empereur.] Lad. dame de Roye luy respondit que lad. dame Royne ne desiroit riens plus que de veoir voz majestez en bonne union et amitié et qu’elle tiendroit bien à grant heur si elle povoit estre l’instrument de la soulder et perpetuer, chose enquoy elle pensoit souvent . . . [Le roi a mis en avant, pour renforcer l’amitié entre lui et l’empereur, les projets de mariage entre Madame Marguerite de France sa sœur et le prince Philippe ainsi qu’ entre don Carlos et Isabelle, la fille du roi. Mme de Roye l’a assuré que la reine Éléonore approuverait ces projets.] Tous lesquelz propoz sire lad. dame de Roye declara à lad. dame Royne present Lordre. Et je tumbant sire en ceste conclusion que de ce costel l’on estoit du tout disposé et sans fainte d’entendre à une ferme et sincere paix et que en cela l’on desiroit scavoir l’intencion de vostre majesté et avoir la responce aux lettres de lad. dame Royne Treschrestienne à vostred. majesté (…) [Quelques jours plus tard, Mme de Roye revient à la cour et parle au connétable et au roi, qui demande si la reine Éléonore aurait quelques idées sur les moyens de faire la paix. Mme de Roye continue :] s’eslargissant en cecy avec toutesfois adiuration de secret qu’elle avoit assentu que l’on povoit seullement insister au plus quatre places [141], mais que le Roy entendoit de faire instance et pryer vostre majesté en traittant lad. paix que le marriage se feist de Monsr d’Oumal [142]
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avec Madame la duchesse de Lorraine [143] et que cela scavoit elle certainement, voire que soubz espoir dud. marriage led. sr d’Oumal et les siens avec la seneschalle de Normandie tiendroyent main envers led. Roy à la paix et lequel ilz meneroient à tout ce qu’ilz pourroient pour parvenir aud. mariage, sans lequel aussi et s’ilz veoyent deboutez ilz feroient possible leur mieulx de l’en refroidir, discourant en cecy, sire, que led. Roy pour auctorizer led. sr d’Oumal avoit changé la conté d’Oumael en ducé et si l’avoit crée per de France et pourveu avec le gouvernement du Daulphiné, d’une pension de quatre mil escuz que ceulx de Bryansont doibvent tous les ans au Daulphin, avec provision d’offices et benefices en son gouvernement . . . Tout ce que dessus, sire, lad. dame de Roye passa evec lad. Royne Treschrestienne de laquelle j’ay eu charge de faire par le menu entendre le tout à vostred. majesté, à la prudence de laquelle elle remet de peser le tout d’en faire comme mieulx elle verra convenir (…) [La reine parle aussi du mariage de sa fille la princesse du Portugal et le prince du Piémont comme moyen d’apaiser les différends à l’égard du Piémont].
26. « Occurens », 15 juin 1547
Original : HHSA, Frankreich 15, ‘Saint-Mauris - Karl V’ 1547, VI, fo. 34-38.
[35v] L’on n’a sceu trouver les papiers de Longueval et tient l’on qu’il les aura fait saulver ès pays d’embas. L’on instruict à dilligence son proces criminel et a l’on prins puis peu de jours deans le conté de Bourgogne Raviet [144], controlleur de la dame d’Estampes lequel sera bien tost à Paris pour estre confronté aud. Longueval. Le filz de Montconnois fut envoyé par monsieur de Guise pour faire lad. prinse et soubz couleur qu’il a des parens et alliez en Bourgogne il demeura quelques jours celle part et espia que led. Raviet alloit en Suysses, lequel il suivist jusques aupres de Joigne où il le saisit en ung petit bocaige et l’amena à Auxonne sans tenir les grans chemins et passer sinon par petitz villiages. Et a icy heu vc escuz pour avoir si bien exploicté. Il se dit que led. Raviet a esté poursuyvy pour descouvrir où sont les deniers de lad. dame d’Estampes, car l’on n’en trouve point. Lad. dame est de present à Poithou en une maison qui se nomme les Essars [145] avec petit train y estant madame de Pointhievres [146] pour la controller. Et monsieur d’Estampes se sert aujourd’huy de sa vaiselle doree, de laquelle il en a jà vendu une portion et recueillit le fruict de ses seigneuries, auquel lad. dame dit nagueres que tout ce qu’elle avoit acquis avoit tousjours esté avec le desir que ce fut pour l’en aider, qui sont propoz non veritables. Car du vivant du feu Roy elle procura qu’il y eust entre eulx separation de biens. Et aujourd’huy la chance est tournee, car le tout s’apercoit par led. seigneur, lequel davantaige ne se veult accommoder à la communion du lit dez que en sa presence l’on trouva les habitz de Bonivet entre ceulx de lad. dame d’Estampes (...).
[37v] Les obseques du feu Roy et de messieurs [ses] deux enfans ont esté solempnellement faictes et avec telle et si excessive pompe que la chose a esté plus de ostentation que lachrimalle. L’on n’en fait icy aultre recit pour ce que l’on tient le tout sera bien tost imprimé.
L’on recherche a present Le Paulin pour ce que l’on a trouvé les gallaires qu’il avoit en charge desgarnies, mais le pis est qui n’a pas de quoy en reprendre si ce n’est par sa personne tant a il prodigalement vescu (...).
[37r] Le cardinal de Tournon se trouva en court il y seullement six jours et print congé du Roy pour se retirer en sa maison. Il fut si favorablement recueilly qu’il n’eust logis non seulement au chasteau de St Germain mais non pas au bourg, par où l’on congnoit que les choses vont fort appassionees en son endroit. Et a la verité le roy ne le veult veoir ny moins en ouyr parler.
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Tous les officiers du feu Roy ont esté retenuz en leurs estatz mesmes Sourdi saulf qu’il ne couche en la chambre du Roy comme il souloit en celle du pere, et fait l’office le jeusne Sainct André, lequel eust l’ordre le jour de Penthecoste dernier. Et fut cree joinctement mareschal de France comme aussi fut Monsieur de Hesdan [147] au lieu de l’amiral, lequel est ou fainct estre malade à Paris de la goutte, accompaignee de regret. L’on luy laisse son estat d’admiral mais il aura ung accesseur pour les plainctes que l’on a cy devant icy faictes des robberies faictes de son temps sur la marine.
Le jeusne monsieur d’Anghien, [148] marquis du Maine [149] et monsieur de St Valier heurent aussi l’ordre led. jour de Penthecoste. L’on dit que Pierre Strossy l’aura.
Le president Bertrandi [150] a icy la charge des finances de France soubz Monsieur de Rains, et s’est desmeslé de lad. charge le chancelier.
Le roy s’est party de St Germain allant à Compiegne et dez là à Villecoustray pour en fin se rendre à Rains où il delibere prendre son sacre sur la fin du present mois de juing. Et jà s’est mis devant Monsieur de Rains pour aller donner ordre aux solempnitez necessaires.
L’on a de nouveau sceu pour vray que Monsieur de Laval [151] ne fut mort. Il estoit envoyé par le Roy gouverneur de Piedmont en la place du prince de Melphe, duquel l’on ne se fie icy.
L’on assentit d’un venant de Molins en Bourbonnoys que là et au Lyonnais il se solevoit quelques pietons et que il se disoit que c’estoit pour refreschir les garnisons du Piedmont.
Le Roy a fait de rechef commander à tous capitaines qui deussent aller sur les lieux de leur charge (...).
Le capitaine Francisque Bernardin a esté depesché par le Roy de France le quatriesme de ce mois pour aller veoir certaines places, tant en Savoye que Daulphiné, lesquelles led. Roy desira faire fortiffier. Et dois le passer en Provence, pour veoir comment les nouveaulx ouvraiges sont advancez. Led. sieur Francisque a esté per quelques jours rebouter, mais il a sceu si bien jouer que l’on l’a retenu, encores qu’il fust de la farine de l’admiral de France.
Estant nagueres malade le connestable d’une colicque que le Roy de France le fut visiter une fois et demeura avec luy plus de deux heures avec demonstration de sentement de son indisposition.
27. « Occurens », 30 juin, 1547
Original : HHSA, Frankreich 15, ‘Saint-Mauris – Karl V’ 1547, VI, fo. 74.
Les occurens sont telz que s’ensuyvent : le conte de Montrevel [152] fut nagueres envers le Roy de France luy remonstrer que l’on l’avoit privé du gouvernement de Bresse et de cinquante hommes d’armes qu’il avoit et que desiroit scavoir la cause s’il avoit en riens meffais offrant le combat à celluy qui le chargeroit d’avoir faict aultrement qu’il ne debvoit. La responce dud. roy fut qu’il le tenoit pour homme de bien et qu’il eust pacience de la provision qu’il avoit faicte. Surquoy led. conte se partit bien mal satisfaict et parlant humblement comme depuis il a fait en diverses compaignies allegant qu’il soit homme de bien.
L’on a voulsu differer Tavannes son beaufilz [153] de cinquante hommes d’armes qu’il a, mais madame Marguerite par la priere de la ducesse de Montpensier y a pourveu tellement qu’il demeure en lad. charge, toutesfois esloigné de credit comme aussi est son frere aisné, le sr. de Villefrancon [154], auquel l’on a osté l’estat de chevalier en la court de Dijon et a esté rendu au baron de Ruffey qui avoit eu le don de survivance du Roy de France vivant le sr. de Ruffey son père. Apres la mort duquel, led. sieur Roy de France ne voulsist advouer lad. survivance ains en pourveust l’autre à la priere du Cardinal de Tournon. L’on a restitué aud. baron la capitainerie de Beaulne que luy avoit esté ostee du vivant dud. Roy de France et si a obtenu le placet
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pour pourveoir ung sien filz de l’abaye de Molesmes, chose que led. Roy de France ne luy avoit oncques voulsu accorder pour ce qu’il estoit allyé du connestable.
Le cardinal de Bourbon a esté fort malade à Bouloigne pres Paris mais de present il se porte assez bien et il se dit que le jour de l’obseque du feu Roy de France et si tost qu’il luy eust donné de l’eau benite / qui fut ayant achevé le service du matin, le mal luy print du sentement qu’il eust de la mort dud. Roy. Si fust mort l’on donnoit Saint Denis à Monsieur de Reyns [155], et Sans à Monsieur de Xainctes [156]. Il est ces jours passez vacqué aulcunes abayes en ce royaulme, lesquelles le Roy de France par le moyen de la seneschale laissa le choix de l’election des personnes à Monsieur de Rains qui depuis les distribua où il luy sembla le mieulx que l’on estime icy à bien grande faveur et honneur.
L’on continue tousiours le mariage de Monsr de Vendosme [157] avec la princesse d’Albrecht et a esté nagueres en court le president du grant conseil traictant les affaires de la maison d’Allebracht pour adviser sur les conditions du mariage. Le père desgoutte aulcunement le personnaige pour son indisposition mais la fille le reculloit tenant propoz qu’elle est contente de l’avoir si led. sieur de Vendosme peult continuer en sancté, de laquelle il est assez bien de present. Omale vouldroit bien rompre tout pour son respect et a tenu propoz led. sieur d’Allebrecht que au fort encores l’aymeroit il mieulx pour sa fille que le premier, prevoyant que sera grant en ce Royaulme, encores qu’il ne soit arresté de goutter l’ung ne l’aultre, mais vouldroit allier sad. fille plus haultement, mesme au prince de Piedmont, dont toutesfois l’on luy a jà icy coppé ce passaige et mis hors d’espoir qu’il se peust conduire. La mere est demeuree malade en ung monastere estant en Poictou et a escript qu’elle veult achever l’annee de dueil differant soy trouver en court pour le regard dud. mariage. /
[75r-v] Le sieur d’Andelot comme ceulx d’icy dient, escripvit n’a pas long temps au Roy de France que l’empereur augmentoit son armee et qu’il debvoit avec icelle prendre le chemin de Worms (...).
Le sieur de Chastillon est retourné du fort de Bouloigne et a fait rapport au Roy du mur que l’on dresse au port dud. Bouloigne que c’est ung fort et que tous capitaines de là entour dient que l’on ne le deust souffrir achever plusavant.
L’admiral de France apres avoir esté longuement malade à Paris s’est trouvé en court à Oudan retournant led. Roy de Anet duquel il a esté bien veu et continué en son estat d’admiral et lieutenant de Normandie. Et quant à son estat de mareschal, Hesdan l’a pieca eu. Et comme led. admiral sceut que l’on luy vouloit donner, il gaigna le devant et le manda offrir aud. Roy avec propoz qu’il cognoissoit n’estre raisonnable que tint lesd. deux offices. Il se trouva au conseil privé mais non pas en l’estroit. Led. Roy le faict dresser [v ?] cent mil francs que luy ont esté leguez par le feu Roy de France. Tout le temps qu’il fut à Saict Clouz il entretint cinq platz de viande à ses despens sans qu’il ait voulsu que led. Roy en ait payé aucune chose. Sy luy convient tenir estat en court il despendra beaucop. Il n’est nouvelle du mariage de son filz avec l’une des filles du connestable et si se dit que l’on veult donner ordre sur les affaires de la mariage.
L’on faict informer contre Bayard lequel l’on treuve fort chargé et veult l’on qu’il en responde personellement [158]. L’on ostera son filz [159] l’estat de contreroleur des guerres duquel a esté pourveu Marchaumont, lequel en voulsist donner quelque recompense aud. fils mais led. Bayard la reffusa [160].
L’on a aussi decerné adiournement personnel contre Grignan pour le faire venir à Paris où n’est encores arrivé Raviet.
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L’on a deporté tous les capitaines des fortz du duché de Bourgogne de leurs charges et en a l’on commis d’aultres en leurs lieux. Monsieur de Guise est retourné en ceste court puis dix jours pour accompaigner le Roy en son sacre où va de present(...).
[75v] Apres que madame d’Estampes a esté envoyé en ung chasteau en Poictou avec garde la contesse de Vertuz [161] a aussi esté menee contre sa volonté en une maison de son mary en Bretaigne où l’on la tient estroictement pour les insolences et rigueurs qu’elle a voulu tenir à son mary dois la mort du feu Roy de France et n’a voulsu declarer où estoient ses joyaulx.
[76r] La femme du filz au conte de Nantueil [162] estant reduicte en une maison pour les insolences dont elle a voulsu user, de quoy l’on se rist icy où l’on dit que aujourd’huy les marys ont leur court. L’on a pareillement declairé par sentence que la femme de Gernacq [163] et l’evesque de Condon frere de la dame d’Estampes [164] sont illegitimes non pas en ses termes mais en semblables, à cause que l’on les a excluz d’une succession comme non ayans esté nez constant le mariage dont il estoit question. Et est led. sr. de Condon en perplexité quant à ses benefices d’aultant que l’on ne les impetre par incapacité.
En somme le parentaige de Madame d’Estampes est en voye d’estre estainct. Pour le moins a resolu le Roy de France le reduire à bien peu. Et pour non contrevenir à ce que le Roy luy ordonne en sa maladie de non mal traicter lad. dame d’Estampes il n’a voulsu que l’on l’ait plusavant reserché mais s’est contenté que le mary ait tout entre mains et qu’elle soit hors toute compaignie comme indigne que l’on ait souvenance d’elle. L’on ne voit en ceste saison par Paris aultres vaiselle sinon celle de lad. dame d’Estampes que led. mary fait vendre.
Le cardinal de Belay [165] se dispose pour aller à Rome apres le cardinal de Lenoncourt [166]. Il se dict maintenant que le Roy de France le veult là avoir, et les aultres qui les suyvront jusques au nombre de huict pour persister que le concille se tiegne en Italie et non en la Germanie (...).
[76v] Aux obseques du feu dernier Roy de France eust deux oraisons publicques, l’une à Nostre Dame de Paris l’aultre à Saint Denys en la premiere il recita ce que led. feu Roy avoit declairé en extremité de son mal quant à la repentance de son peché, par l’aultre il le louhe de plusieurs victoires qu’il avoit heues contre l’Empereur et le feu Roy d’Engleterre parlant en ses termes generaulx quant ceulx du conseil de Paris firent à la costume publier par le palayx que l’on se trouva ausd. obseques ilz firent par celluy qui annuncoit lesd. funerailles que l’on se trouve à l’obseque du feu Roy amateur de justice et fauteur de bonnes lettres sans luy donner aultre tiltre de treschrestien.
Allant Pierre Strossy en Italie par la poste il tumba malade à Paris où il a esté en danger de mort et ne scait l’on encoires quelle pourra estre son convalescence. Ilz publient icy que le sr. Don Fernando a empesché le passaige d’aulcuns Italliens qui vouloient aller et passer dois La Myrandola en Piedmont.
Le Roy a voulsu de nouveau et de son mouvement comme il se dit que [Silvius] la seneschalle [167] ait tout le prouffit des confirmacions des offices de France. Il a donné à messieurs de Guise et connestable, Omale, Hesdan et Saint André à chacun d’eulx cinquante mil frans sur les fiefz nouveaulx et douze mil à la Guiche pour ceulx de Bresse.
28. À l’Empereur, 5 juillet 1547
Original : HHSA, Frankreich 15, ‘Saint-Mauris an Karl V’ 1547, VII, fo. 1.
Sire, * j’ay par mes aultres lettres fait entendre à vostre magesté par le menu ce qu’estoit passé jusques lors en l’affaire de la Royne de France depuis sire sa magesté par l’advis de son conseil escripvit à Messieurs
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les connestable, de Reins et le chancellier pour venir devers elle avec priere qu’elle leur en feist, qu’estoit pour leur declarer aulcune chose de ce que l’attouchoit (...) [les problèmes du douaire de la reine].
[3v] Sire , en cest instant est retourné de Sainct Germain madame de Roye, laquelle a declaré à la Royne avoir sceu de lieu seur, que l’on ne differoit la sacre sinon pour la demeure de Andelost [168], et si tost qu’il seroit venu l’on s’enchemineroit pour led. sacre à Rains où l’on faict venir du moins allentour d’illec les nouveaulx lansquenetz pour là les mectre en reng de bataille, qui sera pour une ostentation et afin de faire entendre que l’on avoit levé lesd. lansquenetz à la fin susd. afin que le roy se trouva bien accompaigné en ung acte tant solempnel et selon que l’importance et circonstance d’icelluy le requiert.
Aussi sire conferma lad. dame que le Roy n’estoit sans craincte qu’il eust entendu que vostre majesté prenoit son chemin avec son chemin contre Wormes et que jusques à la venue dud. sr d’Andelost il en seroit en peyne, et comme, sire, il se y continue à dire par cest court que ceulx d’icy ont bien grande craincte de vostre majesté me faict tant plus croire qu’ilz ne scauroient moins oseroient riens mouvoir ceste annee et ainsi sire l’ay je entendu de nouveau de divers lieux.
Le conte de Challant, sire, m’envoya icy passé trois jours son secretaire pour me faire entendre qu’il avoit esté dressé par le conseil du Roy des deniers qu’il poursuyvoit et qu’il estoit assigné sur le tresorier de l’espargne avec quelques termes, et que comme son affaire estoit resolu il faisoit son compte s’en aller trouver monsr le prince de Piedmont, duquel il avoit esté mandé, et que lors il donneroit raison à vostre majesté de ce qu’il avoit icy passé sans me mander riens davantaige . ./ . . En conclusion, sire, tout ce qu’il dit diversement consiste en ce que comme de luy mesmes il avoit parlé à messrs le connestable et d’Omale pour la reintegration de monsr de Savoye (...) enquoy led. sr connestable luy dit que le neud de ceste matiere consistoit en la restitution de Piedmont, chose laquelle le Roy ne pouvoit condescendre pour l’asseurance de son royaulme, mais que au demeurant il estimoit que le tout se pourroit aisement dresser avec moyens convenables, replicquant à cela led. sr conte que les moyens pouvoyent estre de mariages et nouvelles alliances denommant madame Marguerite et la princesse d’Allebreth, [169] de laquelle princesse il luy fut dit qu’il ne parla non plus car estoit resolu la marier en France et que jamais le roy ne le consentiroit aultrement (...)*.
29. À l’Empereur, Poissy, 20 juillet 1547
Dechiffrement : HHSA, Frankreich 15, ‘Saint-Mauris – Karl V’ 1547, VII, fo. 20.
[28r] [Entretiens avec le connétable sur les propos tenus par Andelot devant l’empereur au sujet d’une plus étroite alliance avec la France] Par ce que dessus vostre majesté pourra, avec sa tresgrande prudence faire jugement de la volonté dud. sr Roy et ses ministres quant aux susd. apprestes [de guerre] et si les raisons qu’ilz alleguent de nouveau pour non les interrompre sont telles, que avec fondement l’on se peut asseurer de leurs parolles (...). Seullement sire diray je à vostred. majesté, que la Royne treuve ceste continuacion desd. apprestes tressuspecte, de tant plus que vostre magesté les ait asseuré tant plainement de sa juste et saincte intencion et ne se peult assez persuader qu’ilz soient en deliberacion de mouvoir aucune chose contre le Roy d’Angleterre, si longuement qu’ilz seront en difficulté l’amitié de vostre magesté et qu’ilz n’auront plus estroictement traicté avec icelle. Comme qu’il en soit, sire, desd. apprestes, je tiens que à payne les employeront ilz contre vostred. magesté ceste annee, estant mesme la saison beaucoup avancee et le chemin que l’on prent d’aller à Fontainebleau pour y estre l’yver prochain, avec compte que l’on fait que la Royne moderne y accouchera et que sa couche achevee, l’on se trouvera à St Denis pour le couronnement, et puis à Paris pour l’entree du Roy, en sorte que ja la noblesse s’apreste pour faire joustes
[p. 35]
et esbatement. Aussi, sire, la gendarmerye d’icy n’est aucunement preste ny mandee pour s’assembler et si est bien mal montee, voire ne se fait aucune mention de vivres ny d’autres choses requises à l’endressement de la guerre (...).
30. À l’Empereur, Reims, 27 juillet 1547
Original : HHSA, Frankreich 15, ‘Saint-Mauris – Karl V’ 1547, VII, fo. 31.
[31v] J’ay sceu de bon lieu que led. Roy de France est fort animé contre l’Anglois et que s’il se peult asseurer de l’amytié de vostre magesté qu’il leur endressera la guerre, mais qu’il ne se mectra en ceste dansse qu’il n’ayt traicté avec vostred. magesté. Qu’est chose, sire, assez vray semblable et Monsr le connestable desire jusques au boult que l’on enchemine lad. guerre comme aussi font ceulx de Guyse pour le regard de l’Escosse.L’on m’a aussi declairé sire que led. Roy de France est en volunté s’il ne change d’opinion de faire passer les lantsquenechts pres Bouloigne avec quelques legionnaires de la Champaigne et Picardie et environ quinze cens Suysses et deux mil Gascons avec quelque peu de gendarmerie pour assister celle part iusques à ce qu’il ait fait dresser la poincte que le feu Roy de France avoit une fois fait commencer respondant sur le port dud. Bouloigne, laquelle poincte les Anglois ruynarent / ne pas longuement. Et il est certain sire que led. Roy de France vouloit que lad. poincte fust endresseee pource qu’elle tiendroit led. port du tout subgect (...).
31. À l’Empereur, Reims, 29 juillet 1547
Original : HHSA, Frankreich 15, ‘Saint-Mauris – Karl V’ 1547, VII, fo. 47.
[47r] [Sur la question du douaire de la reine Éléonore d’Autriche] Sa magesté, Sire, peu avant mon partement d’icelle demeura en resolution de non aller de cestuy esté à Sainct Mur des Fossez pres Parys, tant pour les grandes chaleurs regnans de present que la peste estant aud. Paris, faisant compte de demeurer au monastere de Poissy jusques à la fin d’aoust.
Annexes :
Annexe 1 : Les gentilshommes de la chambre du roi, 1540-1550
Annexe 2 : Les maîtres d’hôtel du roi, 1540-1550
Annexe 3 : Le chiffre de Jean de Saint-Mauris
Notes
[1] Le roi et la reine de Navarre, Marguerite d’Angoulême (1492-1549), sœur de François Ier, et son époux, Henri II d’Albret (1503-1555), roi de Navarre.
[2] François de Lorraine, duc d’Aumale, plus tard duc de Guise.
[3] Francisco Bernardino Vimercato, gentilhomme de la chambre du roi.
[4] Peut-être René de Pocaire, envoyé en Allemagne à la fin de 1546, – transcrit fautivement « Ocaire ». Voir R. Gaucheron, Lettres, autographes et manuscrits de la collection Henri de Rothschild, Mâcon, 1924, p. 104-105, et Mesnage à l’amiral, Ratisbonne 14 juillet 1546, BnF, ms. fr.17889, fo. 3 : « Monsr de Ruffec m’a escript que le sr de Pocaire, present porteur, est au Roy et personnaige fidelle, par lequel je luy puis mander et faire savoir toutes nouvelles. Et pour ceste cause, et que led. sr de Pocaire m’a dict que incontinant qu’il seroit arryvé à Trente, il avoit intention aller en France en dilligence, pour aucuns affaires, je luy ay baillé la presente depesche ».
[5] Sur les relations avec l’Angleterre en ce moment, voir David Potter, Henry VIII and Francis I : the Final Conflict, Leiden, 2011, p. 462-481.
[6] Le nonce du Pape Paul III était Girolamo Dandino (1509-59), évêque d’Imola (1546), nonce, 1540-41, 1543-44, 1546-47.
[7] Les pourparlers à Bruges en novembre 1545 où se trouvait l’amiral d’Annebault, pour rénégocier et « perpétuer » les termes de l’amitié entre François Ier et Charles-Quint (et aussi en apparence pour négocier la paix avec l’Angleterre).
[8] La reine Marie de Hongrie (1505-1558), sœur de l’empereur et gouvernante des Pays-Bas (1531-1555).
[9] Pierre Strozzi (1510-1558) , fuoruscito florentin qui entre au service de François Ier et commande des troupes en Piémont en 1542-1543. Général des galères pendant la guerre contre l’Angleterre en 1545, il se trouve au camp des Protestants en 1546 ; chef militaire en Ecosse en 1548, maréchal en 1554.
[10] Orazio Farnese, duc de Castro (1532-53), petit-fils du Pape Paul III et frère d’Ottavio Farnese, duc de Parme. Il vient en France en 1543. En 1547, il est fiancé à Diane, la fille naturelle d’Henri II (projet de mariage faisant partie d’une entente entre la France et le pape).
[11] Ferdinando Gonzaga (1507-1557), fils de Francesco, marquis de Mantoue, gouverneur de Milan pour l’empereur (1546-54).
[12] Antoine Escalin des Aimars, baron de la Garde, dit « le capitaine Paulin » (1498 ?-1578), capitaine des galères en 1545, ambassadeur extraordinaire en Angleterre (1546-1547).
[13] Pierre Maria III de Rossi, comte de San Secondo (1504-1547), chef des troupes italiennes au service de la France. Voir les portrait de lui par Parmigianino (Prado, et collection privée vendue à Londres).
[14] Catherine de Médicis était élevé dans la maison de Filippo Strozzi (le père de Pierre), dont la femme Clarice était la petite-fille de Laurent le Magnique.
[15] Alfonso d’Avalos d’Aquino, marquis de Pescara et del Vasto, gouvereur de Milan (mort en mars 1546). Il est défait par le duc d’Enghien à Cerisole en 1544, mais victorieux contre Strozzi à Serravalle en juin 1544.
[16] Mouvement des États de Bohème en mars 1547 contre les demandes fiscales du gouvernement du roi Ferdinand Ier, frère de l’empereur. Le roi supprime la rebellion en août.
[17] Intitulé employé par les diplomates des Habsbourgs pour désigner l’Électeur de Saxe, Jean Frédéric (1503-1554), soumis au ban de l’Empire en juillet 1546.
[18] Françoise de La Marck, fille née en 1547 à Robert IV de La Marck, prince de Sedan et duc de Bouillon et Françoise de Brézé, comtesse de Maulevrier.
[19] Strasbourg et les autres villes du sud-ouest de l’Empire étaient isolés par le départ de l’armée de la Ligue en Saxe en novembre 1546.
[20] L’on présente ici une transcription intégrale de cette dépêche longue et importante, dans laquelle se trouvent toutes les matières qui touchaient les relations entre l’empereur et François Ier à la fin du règne de ce dernier.
[21] Ferrante Gonzaga (1507-1557), comte de Guastalla, vice-roi de Sicile (1536-46), vice-roi de Milan, 1546.
[22] Gaspard II de Coligny, plus tard amiral de France (mort en 1572).
[23] François de Coligny, sieur d’Andelot (1521-69), colonel général de l’infanterie dès 1555.
[24] Charles III (1504-53), duc de Savoie.
[25] Gabriel de Luetz, sieur d’Aramon (mort en 1553), envoyé en Turquie en 1547 (partant « la vigile des rois », le 5 janvier 1547, et de Venise le 24 février). Voir C. Scheffer (éd.), Le voyage de Monsieur d’Aramon, ambassadeur pour le roy en Levant, escript par noble homme Jean Chesneau, Paris, 1887.
[26] Aramon n’était pas arrivée à la cour du Sultan lorsqu’il reçut les nouvelles de la mort du roi. C’est le sieur de Valenciennes (peut-être Guillaume de Valenciennes, secrétaire du roi de Navarre dans les années 1550) qui apporte les lettres d’Henri II lui annonçant le mort du roi (C. Scheffer (éd.), Voyage…, p. 17).
[27] Gilbert Bayard, secrétaire pendant les dernières années de François Ier. Sur lui : F. Thomas, Gilbert Bayard, diplomate et secrétaire des finances de François Ier, s.l., 2010.
[28] Il s’agit d’une nef de l’amiral sous la charge de Gilbert Rostin de Normandie, qui a fait naufrage à l’entrée de la rivière de Cadiz ; les marins ont été arrêtés (Rostin à l’amiral, 28 juin 1546, BnF fr. 17889, fo. 160-161). L’ambassadeur Mesnage poursuit ensuite le cas, mais sans résultat.
[29] Carvajal.
[30] Beltran de la Cueva de Toledo, 3e duc d’Albuquerque, vice-roi d’Aragon et chef des troupes espagnoles au service d’Angleterre en 1544, très apprécié par Henry VIII. Il est en procès depuis printemps 1545.
[31] Francisco de Los Cobos y Molina (1477-1547), secrétaire de Charles V et chef du gouvernement en Espagne.
[32] Antoine Sanguin (1502-59), oncle de la duchesse d’Étampes, évêque d’Orléans, grand-aumônier, cardinal (1540).
[33] C’est ainsi que les ambassadeurs de l’empereur toujours désignent le roi et la reine de Navarre.
[34] Eméric de Rochechouart (1543-80) selon Théodore de Bèze en 1561 : « boutefeu, de bouffon & maquereau de Cour, & des plus asnes de son rang » (Histoire Écclésiastique des Eglises Réformées en France, G. Baum et A. E. Cunitz (éd.), Paris, 1883-89, 3 vol. ; vol. 1, p. 894).
[35] Sic, pour duc ?
[36] Philippe le Magnanime (1504-67), landgrave de Hesse.
[37] Pages très intéressantes sur les obséques d’Henry VIII à Paris que j’ai commentés dans mon livre Henry VIII and Francis I…, p. 475-476.
[38] Jean-Philippe, Rhingrave (1520-1566), chef des lansquenets au service du roi de France. Sur lui, voir D. Potter, « Les Allemands et les armées françaises au XVIe siècle. Jean-Philippe Rhingrave, chef de lansquenets : étude suivie de sa correspondance en France, 1548-1566 », dans Francia n° 20, 1993, p. 1-20, et n° 21, 1994, p. 1-61.
[39] Jean cardinal de Lorraine (1498-1550), favori de François Ier.
[40] Charles le Téméraire, tué à la bataille de Nancy (1477).
[41] Johannes Sturm (1507-89), recteur du gymnase de Strasbourg et parmi les plus influents diplomates de la ligue de Schmalkalden.
[42] Georg von Reckerodt, chef de lansquenets
[43] David Paniter, évêque de Ross depuis 1545, ambassadeur envoyé début de mars (voir lettre d’Odet de Selve du 3 mars 1547, G. Lefèvre-Pontalis (éd.), Correspondance politique de Odet de Selve, Paris, 1888, p. 113.
[44] Martin du Bellay (1498-1559), auteur partiel des Mémoires et sieur de Langey depuis la mort de son frère Guillaume en 1543.
[45] Le nom ne figure pas dans le chiffre et le déchiffrement.
[46] Voir la correspondance entre François Ier et Christophe Richer dans Mémoires du sieur Richer, ambassadeur pour les roys tres-chrestiens François premier & Henry second en Suède & Dannemarch, s.l., 1625.
[47] Le baron de la Garde conclut un traité avec le conseil du roi d’Anglettere mais il rentre en France après la mort de François Ier et le traité n’a pas été ratifié (voire D. Potter, Henry VIII and Francis I…, p. 477-479).
[48] François d’Escoubleau de Sourdis (mort en 1549), premier valet de chambre du roi.
[49] Diane de Poitiers (1500-1566).
[50] Antoine Perrenot de Granvelle (1517-1586), évêque d’Arras, fils du conseiller de Charles-Quint, Nicolas Perrenot de Granvelle.
[51] Jacques Mesnage, ambassadeur de François Ier auprès de l’empereur, 1544-1547.
[52] Poplesie : apoplexie ?
[53] Paul de la Barthe, sieur de Termes (1482-1562), plus tard maréchal de France.
[54] Dépêche qui n’a pas survécu, mais voir celle du 25 mars, ci-dessus, n° 9.
[55] Le 6 mars, le reine Éléonore écrit à Granvelle de Poissy de la mort de son mari « duquel je sens la mort bien grandement et laquelle m’est bien dure à comporter par l’ennuict que j’en recois avec bien grande raison. Son trespas m’a meu vous envoyer le porteur de cestes affin d’avoir vostre bon advis sur aulcunes choses qui me concernent, desquelles l’ambassadeur de l’empereur monseigneur vous advertira bien au long, auquel je vous prie en respondre bien amplement. » (BB, Ms Granvelle 40, folio 260).
[56] Louis de Perreau, sieur de Castillon, gentilhomme de la chambre du roi et valet de chambre de la reine Eléonore. Ambassadeur en Angleterre, 1537-1538 (mort en 1553).
[57] Charles de Cossé, sieur de Brissac (1507-1564), envoyé en ambassade auprès l’empereur en 1547, nommé maréchal en 1550.
[58] Sandrey ? Peut-être Guillaume Bochetel, sieur de Sassy, secrétaire d’État en 1547.
[59] Cosme Clausse, sieur de Marchaumont, nommé secrétaire d’État en 1547.
[60] Thomas Perrenot de Granvelle (1521-1571), sieur de Chantonnay, fils de Nicolas Perrenot de Granvelle, ministre de l’empereur.
[61] Pacquelon : marchand des Pays-Bas désigné comme « cogneu de me Mathieu Strek ».
[62] Marie d’Acigné (1502-1558), femme de Jean VIII de Créqui, sieur de Canaples.
[63] Marie de Montchenu, dame de Massy ou Macy (vers 1515-v. 1560), fille du baron de Chaumont, premier maitre d’hotel. Elle fut des demoiselles de la reine Éléonore et de Catherine de Medicis, et une des femmes les plus favorisées de François Ier à la fin de sa vie.
[64] Charlotte de Pisseleu, comtesse de Vertus, sœur de la duchesse d’Étampes.
[65] Françoise de Longwy était la veuve de l’amiral Chabot de Brion, souvent appellée « madame d’amiralle » après sa mort, mais elle n’était pas la sœur de Charlotte de Pisseleu.
[66] Jacqueline de Longwy (née avant 1524 – 1561), duchesse de Montpensier, quoique son mari, Louis III de Bourbon duc de Montpensier n’était pas formellement duc qu’après la mort de sa mère, Louise de Bourbon, en 1561.
[67] Gilbert Bayard, secrétaire pendant les dernières années de François Ier.
[68] François de Lorraine (1519-1563), duc d’Aumale et 2e duc de Guise.
[69] Robert IV de la Marck (1520-1556), prince de Sedan et duc de Bouillon. Sur le problème de la succession au maréchalat, voir El Hage Fadi, « La successsion du maréchal du Biez de sa disgrâce (1547) à la nomination de Pierre Strozzi (1554) », dans Bibliothèque de l’École des Chartes, 166, 2008, p. 555-71. M. El Hage Fadi affirme que ce document ne pourrait être antérieur à la fin de mai et que la date ici présent résulte d’une « erreur commise à l’occasion du déchiffrage du rapport ». Le contenu du document rend cet interprétation impossible. Il est daté explicitement le 6 avril et donne un récit des évènemens jusqu’au 4 de ce mois.
[70] Jean IV de la Baume (1504-1552) comte de Montrevel, vicomte de Ligny-le-Chatel, seigneur de Pesmes, de Valfin, de Marboz, de Foissiat, de Bonrepos, de l’Abergement, marié à Hélène de Tournon, dame de Vassalieu (1510-1571), la nièce du cardinal de Tournon.
[71] Louis-Adhémar de Monteuil, comte de Grignan (mort en 1558), envoyé en Allemagne en 1545. Son neveu et héritier, Gaspard-Adhemar de Castellane avait épousé Anne de Tournon en 1529.
[72] Antoine Escalain des Aimars, baron de La Garde, dit le capitaine Polin (v. 1498-1578). Voir la dissertation de Yann Bouvier, « Antoine Escalin des Aimars (1498 ?-1578) - De la Garde-Adhémar au siège de Nice, le parcours d’un Ambassadeur de François Ier », dans Recherches Régionales, n° 188, octobre-décembre 2007, Nice, Conseil Général des Alpes-Maritimes, 28 p.
[73] Antoine Bohier, baron de Saint-Ciergues (mort en 1569) ?
[74] Charles de Lorraine, cardinal de Guise et puis de Lorraine, archéveque (1538-1574), frère du duc d’Aumale.
[75] Diane de Poitiers (1499-1566), grande sénéchale de Normandie, duchesse de Valentinois.
[76] Jean du Thier (mort en 1560), secrétaire du connétable.
[77] Cosme Clausse (mort en 1558), secrétaire du dauphin (1540), président de la chambre des comptes de Nantes.
[78] Claude de Laubespine (1510-67), secrétaire des finances de François Ier et puis secrétaire d’État sous Henri II, François II et Charles IX.
[79] Guillaume Bochetel (mort en 1558), sieur de Sassy, secrétaire des finances de François Ier et secrétaire d’État sous Henri II, greffier de l’Ordre de Saint-Michel.
[80] François Olivier, chancelier (1545-1560).
[81] Odet de Coligny (1517-1571), neveu d’Anne de Montmorency, cardinal-diacre en 1533.
[82] Hippolyte d’Este (1509-1572), cardinal de Ferrare en 1538, grand favori de François Ier, cardinal protecteur de la France auprès du Saint-Siège.
[83] Guy de Maugiron (mort en 1555).
[84] Jacques Albon de Saint-André (v. 1505-1562), fils de Jean d’Albon.
[85] Jean de Taix (v. 1480-1555) qui avait remplacé Galiot de Genouillac en 1546.
[86] La charge de grand maître de l’artillerie fut donnée à Charles de Cossé puis (en 1550) à Jean d’Estrées.
[87] Léon Strozzi (1515-1554), prieur de Capoue, frère de Pierre Strozzi.
[88] Nicolas de Bossut, sieur de Longueval, proche de la la duchesse d’Étampes et parmi les personnages les plus influents au conseil à la fin du règne de François Ier. Le même jour (le 6 avril), l’ambassadeur anglais Wotton remarque que : « The fifth of this present, Mons. de Longuevall came hitherto Paris in the evening, and in the morning was had to the Bastile to prison » (P. Frazer Tytler, England under the reigns of Edward VI and Mary , Londres, 1839, 2 vol. ; vol. 1, p. 41.
[89] Claude de Savoie, comte de Tende et de Sommerive (1507-1566).
[90] Virginio Orsini, comte de l’Anguillara, favori de la duchesse d’Étampes et capitaine des gallères du Levant.
[91] Ils existent deux seigneuries à ce nom, une en Ardennes et une en Berry.
[92] Jacques de Montgommery, sieur de Lorges (v.1485-1560), chef de l’armée française en Ecosse en 1545 ; père de Gabriel.
[93] Jean d’Albon, le père de Jacques, favori d’Henri II et maréchal.
[94] Claude Gouffier, sieur de Boisy, comte de Maulevrier (1542), duc (1566) de Roannais (1501-70), grand écuyer en 1546 suivant Galiot de Genouillac. En 1544, il avait épousé Françoise de Brosse de Bretagne.
[95] François d’Escoubleau de Sourdis (mort en 1549).
[96] Jean Poncher, général des finances, condamné à une amende en 1533. Par conséquant, ses héritiers furent forcés de renoncer à la possession de Limours, qui fut donné par le roi à Mme d’Étampes.
[97] Antoine Sanguin, oncle de la duchesse d’Étampes.
[98] Marguerite d’Angoulême (1492-1549), sœur de François Ier et épouse d’Henri II d’Albret, roi de Navarre.
[99] Georges d’Armagnac (1501-1585), évêque de Rodez, conseiller du roi, cardinal dès 1544.
[100] Jean de Lorraine (1498-1550), grand favori de François Ier.
[101] Charles de Cossé-Brissac (1505-63), ambassadeur extraordinaire auprès de l’empereur en 1547.
[102] Moncalieri (Piémont).
[103] De la dépêche d’Alvarotti du 13 avril (Modena, Archivio di Stato, busta 24) : « Hieri, che fu il primo giorno della Santa Pasqua, il Re andò a messa in San Germano nella gran cappella del castello, accompagnato da tutta la corte. Vestì da duolo d’una lunghissima veste di panno morello, la coda della quale era portata da Mons. d’Umala et da Mons. di Umena suo fratello, con una berretta di panno morello, et con un poco di coperta di dietro. La messa fu cantata dal Cardinal Givri ».
[104] Philippe de Stavele, sieur de Glajon, baron de Chaumont and Haverskerke, maître de l’artillerie de l’empereur, serviteur de Marie, reine de Hongrie et gouvernante des Pays-Bas.
[105] Voir la dépêche d’Alvarotti du 13 avril (Modena AS, Francia, busta 24) : « Avanti hieri S. M.tà tornò da Poissì da visitare la Regina bianza [Eleonore], la quale si dice che per uno anno non si moverà di là. Et poi si pensa che viverà anco in Francia, o in quello o in altro luogo. [en chiffre :] Tornata S. M. a casa magnò la sera tanto d’una porchetta salvatica e mal cotta che la notte si trovò un poco male ».
[106] Gabriel Guzman, confesseur de la reine Eléonore et abbé de Notre-Dame de Longpont (1544-1550) qui, en 1545, s’était entremis (avec le confesseur de l’empereur) dans les pourparlers entre François Ier et Charles-Quint au sujet d’une plus proche amitié.
[107] Dechiffrement orig. : « la royne ».
[108] Pierre de Salcedo, d’origine espagnol, capitaine d’Hardelot et munitionnaire du Boulonnais sous Henri II.
[109] La bataille de Mühlberg, le 23 avril 1547 (les courriers de Mesnage prirent normalement environ 10 jours pour faire le voyage du camp de l’empereur à la cour de France). Mesnage écrit encore une fois au roi le 29 avril, pour lui dire que l’Électeur de Saxe a renoncé à l’électorat (BnF, ms. fr. 17890, fo. 165).
[110] Gaspard de Coligny, sieur de Châtillon.
[111] Envoyé extraordinaire de l’empereur pour faire les condoléances de son maître.
[112] Adrien de Pisseleu, frère de la duchesse d’Étampes.
[113] Le dépêches de l’ambassadeur anglais, Nicholas Wotton, ne sont pas bien préservées pour cette période, mais on peut consulter une dépêche de François van der Delft de Londres du 29 mai (dans G. A. Bergenroth, P. de Gayangos, M.A.S. Hume, R. Tyler (éd.), Calendar of Letters, Despatches and State Papers Relating to the Negotiations Between England and Spain, Preserved in the Archives at Simancas and Elsewhere (1485–1558), London, 1862–1954, 13 vol. ; vol. 9, p. 90-93) et les dépêches d’Odet de Selve du 25 avril (Lefèvre-Pontalis (éd.), Correspondance politique d’Odet de Selve…, p. 134-136), pour savoir que l’ambassadeur dont est fait mention ici fut Sir Francis Bryan, qui avait été ambassadeur de Henry VIII en France à plusieurs reprises (1530, 1531, 1535-1536, 1537, 1538).
[114] La « Dunette », môle fortifié au havre de Boulogne.
[115] En effet, le second terme de la pension ne fut jamais payé.
[116] Jacques de Montgommery, sieur de Lorges (1485-1562), capitainede la garde écossaise, et Jean Stuart, 5e sieur d’Aubigny, frère de Matthew Stuart, earl of Lennox.
[117] preestimé : prédite.
[118] Claude de Longwy a éte évêque de Langres depuis 1530.
[119] L’abbaye de la Trinité de Vendôme.
[120] Le cardinal Charles de Bourbon, évêque de Xaintes dès 1545.
[121] L’évêque de Pamiers, Bertrand de Lordat, fur remplacé en 1547 par Jean de Luxembourg.
[122] Etienne de Montmirel/ Montmirail, sieur de Fourquevaux ; voir P. Marichal et al. (éd.), Catalogue des Actes de François Ier, Paris, 1887–1908, 10 vol. [ci-après CAF] ; vol. 6, 399, 20947 ; 441, 21172. Peut-être aussi Etienne de Montmirel, conseiller du Parlement de Paris.
[123] François II de Dinteville (1530-1554) tomba en 1539 en disgrâce puisqu’il était impliqué ainsi que ses deux frères Guillaume et Gaucher, dans le crime de Sébastien Montecuculli, condamné à mort le 7 octobre 1536, à Lyon, pour avoir empoisonné le dauphin François. L’évêque d’Auxerre crut prudent de se retirer à Rome début 1539. Pendant que le pape Paul III lui faisait bon accueil, on mettait sa tête à prix en France et saisissait tout son temporel, ses meubles et ses biens. Mais l’innocence de François de Dinteville fut reconnue ultérieurement et il put revenir dans son diocèse en 1542. Deux de ses abbayes se trouvaient en Champagne : Montier-la-Celle et Montiéramey, détenues par Pierre de Mareuil, évêque de Lavaur, qui avait été nommé en son absence administrateur du siége d’Auxerre.
[124] Jean de Dinteville, bailli de Troyes (mort en 1554) (le célèbre ambassadeur peint par Holbein) et ses frères Guillaume et Gaucher furent de nouveau en faveur à partir de 1547.
[125] Antoine II de Luxembourg, comte de Brienne (mort en 1557), frère de l’évêque de Pamiers.
[126] Le célèbre duel entre Guy Chabot, sieur de Jarnac, mari de Louise de Pisseleu, représentant les amis de Mme d’Étampes, et François de Vivonne, sieur de La Châtaigneraie, ami du dauphin, qui reprensenta ceux de Diane de Poitiers (le duel eut lieu le 10 juillet 1547).
[127] Guillaume de Poitiers, frère de la grande sénéchalle.
[128] Claude de Savoie, comte de Tende (1507-1566), fils du bâtard de Savoie.
[129] Jean de la Baume, comte de Montrevel en Bresse (mort après 1552).
[130] Gabriel de la Guiche, sieur de la Guiche (né en 1497). Son frère Claude était évêque d’Agde et ambassadeur au Concile de Trente.
[131] Mots orig. en chiffre : « maintes honnestes et affectionnes propos d’amis et qui la vouloit . . . ».
[132] « ceulx de Bonivet » inseré dans le dechiffrement. Mots orig. en chiffre : « habits dudict a qui li ceulx de Bonivet » (problème évident dans le chiffre orig.) Il s’agit de toute évidence de François Gouffier, sieur de Bonnivet (mort en 1556) premier fils de Guillaume Gouffier, ou bien de son frère François le jeune (mort en 1594).
[133] Jean VIII de Créquy, sieur de Canaples (mort en 1555) dont la femme, Marie d’Acigné (1502-1558) était favorite à la cour de François Ier.
[134] Du domaine royal, le comté de Mantes fut de temps en temps donnée à vie à un favori du roi.
[135] Sébastien de Laubespine (1518-1582), abbé de Bassefontaine et évêque de Limoges (1558). Frère du secrétaire Claude de Laubespine, il participa à la gestion de la politique extérieure de la France à la fin du règne de François Ier et fut plus tard parmi les diplomates de confiance de Catherine de Médicis.
[136] Mot qui provient du chiffre original.
[137] Nicolas Berthereau, secrétaire du connétable de Montmorency et bailli du Palais depuis 1537.
[138] Philippe de Longueval, sieur de Haraucourt (1513-1620).
[139] Madeleine de Mailly, dame de Conti (morte en 1567), demi-sœur des Coligny, femme de Charles, seigneur de Roye et mère d’Éléonore de Roye. Elle est dame d’honneur de la reine (BnF, ms. fr. 7856, p. 1013-14).
[140] Charles de Lorraine.
[141] C’est-à-dire en Piémont.
[142] François de Lorraine.
[143] Chétienne de Dannemark (1521-90), duchesse et régente de Lorraine, fille de Chrétien II et nièce de l’empereur.
[144] Nicolas Raviet, receveur de Dijon (CAF, III, 259, 8713) ou Jean Ravier, conseiller du Parlement de Dijon et conseiller clerc (quoique marié) de Paris (procès criminel, CAF, IV, 208, 11958) et ambassadeur en Suisse.
[145] Château assez sombre situé en Vendée.
[146] La mère du duc d’Etampes, Jeanne de la Clyte, comtesse de Penthièvre (fort agée).
[147] Sedan. Sur la succession des maréchaux de France en ce temps, voir surtout El Hage Fadi, La succession du maréchal…, p. 555-571.
[148] Jean de Bourbon, comte d’Enghien (1528-1557), frère du duc de Vendôme.
[149] Claude de Lorraine, marquis de Mayenne (1526-73), plus tard duc d’Aumale.
[150] Jean Bertrand (1482-1560), garde des sceaux (1551), cardinal (1557).
[151] Claude de Monfort, appellé Guy XVII comte de Laval, mort en 1547.
[152] Voir ci-dessus Jean de La Baume.
[153] Françoise de La Baume avait épousé Gaspard de Saulx-Tavannes en 1525.
[154] Guillaume de Saulx, sieur de Villefrancon.
[155] Le cardinal Louis de Bourbon était abbé commendataire de Saint-Denis dès 1529. Ce n’est qu’en 1557 qu’il fut remplacé par le cardinal de Lorraine.
[156] Le cardinal Charles de Bourbon, évêque dès 1545.
[157] Antoine de Bourbon, plus tard roi de Navarre (mort en 1562), qui était malade en 1546.
[158] Selon de Thou (livre III), la cause de la disgrâce de Bayard furent ses railleries au dépens de Diane de Poitiers, mais ce n’est qu’une belle histoire. Bayard était trop mêlé aux affaires pendant la période de domination de la duchesse d’Étampes, d’Annebault et de Tournon. Bayard mourut en 1547.
[159] Gilbert Bayard, fils de Gilbert et de Marguerite de la Porte.
[160] Marie-Noëlle Baudouin-Matuszek et al. (éd.), Catalogue des Actes de Henri II, Paris, 1979-2010, 7 vol. ; vol. 3, no. 4759.
[161] Charlotte de Pisseleu, sœur de la duchesse d’Étampes, épousa François III d’Avagour, comte de Vertus (1517-49), mariage qui resta sans enfants. Mais peut-être parle-t-on de la comtesse de Penthièvre (voir note 142).
[162] François Ier créa le comté de Nanteuil pour Henri de Lenoncourt, bailli de Vitry en 1543, et il était gouveneur d’Ivry en 1544. C’est son fils Robert de Lenoncourt qui épousa en 1543 Jossine de Pisseleu, fille d’Adrien, sieur d’Heilly et nièce de la duchesse d’Étampes.
[163] Louise de Pisseleu, sœur de la duchesse d’Étampes, épousa Guy Chabot de Jarnac en 1540.
[164] Charles de Pisseleu, évêque de Mende (1538-1554) et de Condom (1545-1564).
[165] Jean du Bellay, évêque de Bayonne et puis de Paris. D’abord très apprécié par la duchesse d’Étampes (il reçut les diocèses de Limoges en 1541, Bordeaux en 1544, Le Mans en 1546) leur relation souffrit quand Du Bellay se montra mécontent du fait que le roi avait donné sur les revenus de son archéveché une pension de 6000 lt à Madame d’Étampes et à Annebaut pour les recompenser du fait qu’ils étaient intervenus lors des négociations de la paix en 1544 (voir R. Scheurer, Correspondance de Jean du Bellay, Paris, 1973-2012, 6 vol. ; vol. 3, p. 277-8, lettre à Mme d’Étampes). Il partit pour Rome en 1547 et y resta jusqu’en 1550.
[166] Robert de Lenoncourt (1510-61) évêque de Chalons-en-Champagne (1535), cardinal en 1538, frère du comte de Nanteuil.
[167] « Silvius » dans le texte et « la seneschale » en dessus.
[168] Envoyé en mission extraordinaire à l’empereur pour négocier une plus étroite amitié.
[169] Jeanne d’Albret (1528-1572), fille de Marguerite de Navarre et Henri II d’Albret.