Première partie : Docteurs et lecteurs royaux en médecine
Jacqueline Vons
Jacqueline Vons, Le médecin, les institutions, le roi. Médecine et politique aux XVIe-XVIIe siècles, Paris, Cour de France.fr, 2012. Ouvrage numérisé inédit mis en ligne le 1er avril 2012 dans le cadre du projet de recherche "La médecine à la cour de France (XVIe-XVIIe siècles)", https://cour-de-france.fr/article2342.html.
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I. Les premiers lecteurs royaux en médecine
C’est à la fin de l’année 1529 que François Ier décida de concrétiser l’institution qu’il avait promise de longue date pour l’enseignement des disciplines humanistes. Le recrutement des premiers « lecteurs royaux » au Collège est attesté par plusieurs documents à partir de 1530 [1]. La médecine ne figurait pas parmi les premières disciplines enseignées ; à la suite d’un concours de circonstances particulier, le premier titre de lecteur royal en médecine fut attribué en 1542 à Guido Guidi, un médecin et chirurgien florentin venu présenter à François Ier un projet éditorial de grande envergure.
Né le 10 février 1509, lié à la famille des Médicis, Guido Guidi (1509-1569) avait fréquenté les milieux médicaux et humanistes de Florence avant de servir à Rome comme médecin du cardinal Niccolò Ridolfi, petit-fils de Laurent le Magnifique. Parmi les manuscrits achetés en 1492 par l’humaniste Janus Lascaris pour le compte de ce dernier, figurait un codex chirurgical byzantin, le Codex de Nicétas, qui servit de modèle à plusieurs manuscrits [2]. Ridolfi confia à Guido Guidi la transcription et la traduction en latin du texte ; il en résulta deux superbes manuscrits, issus de l’atelier de Christopher Auer à Rome entre 1539-1541, illustrés par Francesco Rossi dit Salviati et ses élèves [3]. Ayant appris que le roi François Ier encourageait la publication de textes antiques inédits, Ridolfi lui fit offrir les manuscrits au printemps 1542, par l’intermédiaire de Guido Guidi, en même temps qu’il lui envoyait une lettre de recommandation de l’archiatre pontifical Andrea Turini pour le jeune chirurgien. Le roi autorisa Guidi à publier la traduction latine de ces textes chirurgicaux et lui donna les titres de « médecin ordinaire du roi » et de « lecteur royal en médecine » ainsi que quelques revenus ecclésiastiques pour financer l’entreprise. Guidi se retrouva donc médecin du roi par quartier [4], placé sous la tutelle du premier médecin Louis de Bourges. Le 2 août 1542, ce dernier lut à l’assemblée des docteurs de la faculté de médecine de Paris les lettres royales autorisant Guido Guidi à lire et à commenter sa traduction du De vulneribus capiti d’Hippocrate ; à contre-cœur, les docteurs obtempérèrent au désir du roi [5] ; en septembre 1452, Guidi commença ses cours dans les bâtiments du Collège de Cambrai, et se déclara très satisfait de ses deux titres et émoluments [6]. Logé comme un certain nombre de ses compatriotes dans l’hôtel du Petit-Nesle grâce à la protection et à l’amitié du sculpteur et orfèvre Benvenuto Cellini, il y rencontra l’imprimeur Pierre Gautier. Superbement illustrée, la Chirurgia de Guidi sortit des presses de Gautier en mai 1544, avec les privilèges accordés par le pape Paul III, le roi François Ier et le duc de Ferrare, et précédée d’une épitre où Guidi faisait l’éloge de Pierre du Chastel, protecteur des lecteurs royaux [7] . Nommé « lecteur du roi » par la seule volonté de ce dernier, Guido Guidi renonça à sa charge de lecteur royal à la mort de François Ier en 1547 et proposa ses services au duc Côme de Médicis dont il devint le médecin personnel, en même temps qu’il enseigna la médecine et la philosophie à l’université de Pise. Il mourut à Pise en 1569.
Cette nomination a suscité de nombreuses interprétations. On a tenté a posteriori de présenter Guidi comme un médecin de grand renom invité en France pour donner des cours : « Il faut dire de ce grand et illustre professeur, premier de ce bel Ordre et Liste des célèbres Lecteurs du Roy en Medecine instituez à Paris : Vidus venit, Vidius vidit, Vidus vicit : car il vint avec honneur, en estant requis [8] ». Mais, ainsi que le démontre clairement Mirko D. Grmek, cet éloge ne résiste pas à l’examen des faits : la décision de François Ier peut s’expliquer autant par le goût du roi pour la Renaissance italienne que par le plaisir de voir son nom associé à un très beau livre et peut-être par le désir de contrarier l’école de médecine en ne
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choisissant pas un des grands maîtres (par exemple, Guinther d’Andernach, Jean Fernel, Jacques Du Bois dit Sylvius [9]) comme premier lecteur royal en médecine.
Goujet donne pour successeur à Guidi un médecin issu de la Faculté de Médecine de Paris, André (de) Beauvais, licencié en juillet 1548, docteur en 1550, sous le décanat de Jacques Houllier, qui serait resté en poste jusqu’au moment où Jacques Du Bois, pressenti dès le départ de Guidi, aurait finalement accepté sa nomination de lecteur royal en 1550 [10]. Rien ne permet d’étayer cette affirmation et le choix par le roi d’un lecteur sans notoriété, sans titres, se justifie mal. Un épisode singulier rapporté dans les Commentaires de la faculté renforce la suspicion : à la date du 27 février 1556, l’assemblée des docteurs délibère sur une requête présentée par André de Beauvais, qui se dit nouvellement nommé « lecteur et professeur royal en chirurgie » (lectorem et professorem regium in chirurgia). Il sollicite l’autorisation de faire également (etiam) un enseignement de chirurgie en français pour les barbiers à la Faculté, ce qui signifie implicitement qu’il assurerait déjà des cours au Collège. L’assemblée lui demande de produire les lettres royales attestant de sa nomination et, en attendant, lui permet de faire des cours libres, mais en-dehors des heures prises par les lecteurs ordinaires de la faculté, et à condition d’enseigner en latin uniquement [11]. Dans les assemblées suivantes, on signale qu’André de Beauvais n’a toujours pas montré ces lettres… qu’il ne possédait peut-être pas. En tout cas, l’anecdote montre bien les différences de titres et de statuts entre le lecteur royal, ne dépendant que du roi, celui qui est dit « lecteur libre », toléré mais non rémunéré par la faculté, et le lecteur ordinaire en médecine choisi par ses pairs pour enseigner à la faculté.
Ce fut donc Jacques Du Bois, dit Sylvius, qui fut désigné comme lecteur royal de chirurgie en 1550. Né à Louvilly près d’Amiens en 1478, Jacques Du Bois était le 7e enfant d’une famille nombreuse. Son frère aîné, François Du Bois, professeur d’éloquence et Principal du Collège de Tournai à Paris vers 1514, le fit venir auprès de lui ainsi que son frère Jean. Jacques suivit les cours assurés par des humanistes de renom : Lascaris pour le grec, Vatable pour l’hébreu, Lefèvre pour les mathématique. Il commença à lire les auteurs médicaux antiques, en même temps que l’anatomie et la botanique requéraient son attention. Il semble bien avoir fait des cours libres, qui avaient du succès, dans la maison d’un chirurgien, le « grand Guillaume », en-dehors des institutions officielles et sans aucun diplôme. La faculté s’en émut et porta plainte contre ce « quidam appelé Sylvius » [12]. Il partit pour Montpellier où il se fit immatriculer le 21 novembre 1529 et fut reçu bachelier le 29 du même mois [13]. Il est cependant difficile d’admettre qu’il y ait obtenu son doctorat, puisque, quelques mois plus tard, on le retrouve à la faculté de médecine de Paris, où il est admis au grade de bachelier sous le second décanat de Hubert Coquiel [14]. Le docte Sylvius put recommencer à donner des cours au Collège de Tréguier, en-dehors de la faculté ; ses leçons d’anatomie illustrées par des dissections (Ambroise Paré l’assista quelquefois) et ses démonstrations sur la composition des remèdes attiraient un public nombreux. Le 27 janvier 1535, l’assemblée des docteurs décréta que tous ceux qui professaient hors de l’école pourraient désormais enseigner dans les locaux de l’école, tout en restant rémunérés par leurs étudiants. Étaient particulièrement visés par cette mesure Du Bois et Fernel, qui enseignait pour sa part au Collège de Cornouaille [15]. Pressenti par Henri II en 1548 pour succéder à Guidi, Du Bois finit par accepter le poste en 1550 et l’occupa jusqu’à sa mort le 13 janvier 1555. Il fut inhumé dans le cimetière des pauvres Écoliers près du Collège de Montaigu [16].
La même année, les Commentaires de la faculté de médecine inscrivent le titre de medicinæ professor regius à côté du nom de Jacques Goupyl, docteur régent [17]. Il s’agit d’une figure exemplaire d’érudit humaniste, fin helléniste, qui se trouva en fin de compte nommé « par hasard » sur une chaire de médecine au lieu de celle en grec qui lui avait été promise. Comme beaucoup d’autres, Jacques Goupyl était venu à la
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médecine après une maîtrise en lettres (qu’il avait faite à Poitiers), il avait pris ses grades à la faculté de médecine de Paris sous le décanat de Jacques Houllier, avait obtenu la licence le 10 juillet 1548 [18] et le doctorat trois mois plus tard. Il fut nommé lecteur ordinaire à la Faculté pour les cours de Materia medica dispensés aux apothicaires, et il lisait les textes de Dioscoride devant un public dense et intéressé, selon le témoignage de Pierre Belon [19]. Il habitait les lieux, puisqu’il avait loué la maison de la rue de la Bûcherie en 1548, pour six années, moyennant 30 livres tournois par an et quelques servitudes [20]. Il était surtout connu pour son travail éditorial. Remarqué par l’helléniste Jacques Toussaint (1499-1547), premier professeur de langue grecque au Collège Royal, il donna plusieurs éditions savantes, annotées et commentées, de textes médicaux et scientifiques grecs et arabes [21]. La préparation de l’édition des Douze livres d’Alexandre de Tralles avait été pour lui l’occasion d’accéder à la Bibliothèque du Roi [22]. En 1552, sur la recommandation du Cardinal de Lorraine, le roi délivra des lettres de provision en sa faveur pour « faire leçons publicques » des « livres de medecine estans en langue grecque » [23] en lui promettant la place de premier lecteur en langue grecque vacante au Collège, ce qui l’autorisait à enseigner sans avoir le titre de lecteur royal (sans les émoluments non plus). La première chaire vacante fut en fait celle de médecine [24]. Son amitié avec des humanistes, des princes et des poètes (La Ramée, Tiraqueau, Emmanuel Philibert duc de Savoie, Jacques Du Bois, etc…), ses qualités d’homme « probe et savant » (uir probus et doctus) selon ses contemporains mêmes, ne furent certainement pas étrangères à cette nomination. Il reste que l’on ne sait rien des cours qu’il fit au Collège, ni même s’ils différaient des lectures et commentaires faits à la Faculté ; il publia encore, peu il est vrai, mais il devait travailler à un grand ouvrage, des Commentaires d’Hippocrate, quand, en 1564, des pilleurs s’en prirent à son appartement et détruisirent sa bibliothèque comportant de nombreux et rares manuscrits. On prétend qu’il fut si affecté de cette perte qu’il mourut peu de temps après.
II. La période des affrontements
La mort de Goupyl marque aussi la fin de l’âge d’or des premiers lecteurs royaux en médecine. Une lettre de Lambin adressée à Henri prince d’Angoulême en 1565 décrit la situation déplorable où se trouvaient les lecteurs royaux dont les émoluments avaient été réglés très irrégulièrement, voire suspendus au cours des dernières années, et presse le frère du roi d’intervenir en faveur de l’institution fondée par François Ier [25] ; Charles IX répondit par la création d’une seconde chaire en médecine en 1568, à laquelle s’ajoutèrent une chaire en chirurgie créée par Henri III en 1574 et une dernière chaire pour l’anatomie et la botanique en 1595 créée par Henri IV. La deuxième partie du XVIe siècle fut marquée par des affrontements croissants entre l’université et certains de ses membres - qui étaient aussi lecteurs royaux – et ce dans un contexte politique et religieux de plus en plus tendu. Henri II avait déjà procédé par ordonnances successives pour exiger que les cours du Collège puissent avoir lieu dans des salles des collèges de Tréguier et de Cambrai, où officiaient également les professeurs chargés de la préparation au baccalauréat [26]. Sous la régence de Catherine de Médicis, la situation se détériora entre les deux institutions, et dans chacune des institutions mêmes, dans un climat rendu plus acerbe par les guerres de religion. Le doyen du Collège royal, Ramus, obtint par lettres patentes du 8 mars 1566 l’autorisation de soumettre à un examen public tout candidat à un poste de lecteur royal avant de le nommer. La demande semble avoir été justifiée par la candidature de Jacques Charpentier à la chaire de mathématiques, candidature irrecevable pour Ramus, mais le 11 mars 1566 le Parlement confirma Charpentier dans ses fonctions de lecteur royal [27].
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Par ailleurs, le roi intervint plusieurs fois en obligeant l’Université à réintégrer des docteurs et des étudiants qu’elle avait exclus à cause de leur appartenance à la religion réformée; le 8 octobre 1570, en se fondant sur l’article XII de l’édit de Paix de Saint-Germain-en-Laye d’août 1570, l’Université obtint des lettres patentes qui restreignaient le droit d’y enseigner aux seuls catholiques ; Jacques Charpentier, devenu doyen de la faculté de médecine, fit exclure six docteurs-régents protestants, Nicolas Charton, Jean de Gorris, Simon Baudichon, Julien Paulmier, Albert Lefèbvre et Maurice de La Corde. Les six docteurs seront réintégrés après des interventions du duc de Montmorency, du duc d’Orléans et du roi lui-même ; le 17 mai 1571, ils obtinrent de Charles IX de nouvelles lettres patentes les réhabilitant dans tous leurs droits. La faculté de médecine dut les réintégrer mais les « dispensa » de faire des leçons (pour ne pas dire qu’elle le leur refusa) [28].
Si la faculté de Médecine fut touchée par les luttes et les conflits religieux, elle semble s’être tenue davantage à l’écart des débats portant sur la définition et le statut du lecteur royal, ou au moins, n’en fait-elle guère état dans les Commentaires. Ces derniers font bien la distinction entre le lecteur royal (professor regius) et le lecteur ordinaire dans les écoles (lector ordinarius), parfois appelé professeur ordinaire (professor ordinarius medicinæ in scholis medicorum), choisi parmi les docteurs-régents, mais seuls les cours dispensés par les docteurs dans les écoles pouvaient donner lieu à un diplôme ; la faculté de médecine se réservait ainsi le monopole des titres et de l’exercice de la médecine, tout en réitérant au fil du siècle son droit exclusif de consultation, de vérification de titres étrangers et, dans la foulée, son droit de regard sur l’impression et la vente d’ouvrages médicaux, sus peine de la confiscation de la marchandise et plus griefve, comme plaira à la court d’ordonner [29]. Car c’est là que résidait la force de la Faculté de Paris dont les statuts règlementaient strictement l’enseignement et la pratique [30]. Or, ce monopole était moins menacé par le Collège Royal, institution savante, que par deux autres catégories professionnelles, les « illicites » d’abord, les médecins de cour ensuite. Sans revenir sur l’historique et l’organisation de la Maison médicale du roi [31], il suffit de rappeler que dans les temps qui nous concernent, vivaient à la cour, auprès des rois, reines et enfants de France, des médecins, des chirurgiens, des barbiers, des apothicaires, etc…, chargés de la santé des membres de la famille royale, organisés de manière hiérarchisée, soumis à l’autorité du premier médecin. Certains étaient rétribués toute l’année sur la cassette des rois et princes qu’ils soignaient, d’autres étaient présents par quartiers, d’autres encore figuraient sur les listes des maisons du roi, mais sans gages. Ils accompagnaient la cour dans ses déplacements et furent donc pendant un temps assez long « médecins itinérants ». Leur titre de médecin du roi et le brevet qu’ils avaient acheté leur donnaient aussi le droit d’exercer en-dehors de la cour. La faculté de médecine accepta d’abord bon gré mal gré cet état de fait et se montra conciliante ; en novembre 1549, par exemple, elle accorda aux médecins du roi comme aux lecteurs ordinaires issus de ses rangs, retenus auprès du roi lors de son entrée, la même gratification- deux écus d’or- que s’ils avaient assisté aux cérémonies dans le cadre universitaire [32]. Mais à partir du moment où le roi se fixa à Paris et dans ses alentours, ses médecins devinrent également sédentaires. Dès lors, ils risquaient de devenir des concurrents pour les médecins issus de la Faculté de Paris, et de nuire à son monopole d’exercice territorial. En fait, cette situation conflictuelle ne se rencontrera que tardivement, sous les Bourbons.
Curieusement, sous les derniers Valois, nous assistons à une conjoncture exceptionnelle ; en effet, c’est parmi les docteurs-régents de la faculté de médecine de Paris que le roi choisit un grand nombre de ses médecins et c’est parmi eux que se recrutent aussi des lecteurs royaux [33]. Dans ce cercle très fermé, où se reproduisent à l’identique des structures, des charges et des hommes pendant près de cinquante ans, de
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véritables dynasties familiales se mettent en place, où l’on endosse plusieurs fonctions simultanément ou successivement, où l’on se démet des unes pour assurer les autres, mais toujours plus ou moins dans la main du prince. Si les Commentaires font mention de plaintes et de procès récurrents de la faculté de médecine de Paris, soucieuse de préserver son monopole des prescriptions et des traitements, contre des charlatans et « empiriques » de toute espèce, d’autres catégories professionnelles, chirurgiens, barbiers, apothicaires, voire certains médecins venus de l’extérieur, mais aussi issus de son sein, n’hésitent pas à porter la discussion sur des points doctrinaux et sur la thérapeutique contestant ainsi l’enseignement officiel de la Faculté et réclamant la reconnaissance de leur spécificité par un statut professionnel distinct [34].
Dans cette histoire conflictuelle qui dure pendant plus d’un siècle, certaines nominations marquent, plus encore que l’intérêt du roi pour le Collège, sa volonté d’intervenir directement dans les luttes corporatives en prenant parti pour les uns contre les autres, plus particulièrement dans les querelles entre médecins, chirurgiens et barbiers. L’origine du conflit remonte au 15 janvier 1505, date à laquelle les maîtres barbiers jurés de Paris avaient déposé auprès du doyen de la faculté de médecine une requête pour être admis aux lectures de chirurgie et pour être avertis des anatomies [dissections], moyennant le paiement de droits et la prestation d’un serment [35]. L’école de médecine avait obtenu l’exclusivité des cadavres de condamnés ; on lit par exemple dans les Commentaires un arrêt du Parlement en date du 27 mars 1526 qui donne à l’école le corps d’un certain Jehan Despastures « pour faire sur ycelluy corps aucunez experiences concernant l’art et science de medecine » et qui stipule : « Ladicte court a ordonné et ordonne ledict corps, apres ladicte execution faicte, estre baillé et délivré ausdicts doyen et Faculté de Medecine et ce sans préjudice des droitz de juridition de l’evesque de Paris, aux officiers duquel avoit esté permis par ladicte court faire prandre et mener ledict corps mort et icelluy faire pendre à son gilbet et fourches patibulaires de Sainct Cloud » [36].
La faculté avait également tenté à plusieurs reprises de placer les chirurgiens de robe longue sous sa férule, mais s’était régulièrement exposée à des refus plus ou moins déguisés. Ainsi, le 27 janvier 1531, seulement cinq chirurgiens du Collège de Saint Côme avaient accepté d’être inscrits sur les registres d’immatriculation de la faculté, moyennant le paiement des droits et d’un tiers des dépenses en anatomie, l’obligation de prêter serment à la faculté, de produire des certificats d’assiduité aux cours dispensés par les docteurs-régents [37] et d’aider la faculté à lutter contre les empiriques, sans réelle contrepartie, puisqu’était maintenue l’interdiction qui leur était faite de toute prescription, acte médical par excellence. Or, ce fut en 1574, à un moment crucial de la lutte entre médecins universitaires et chirurgiens de robe longue parisiens, jaloux de leurs prérogatives respectives et de leur influence sur les barbiers, qu’Henri III créa le premier poste de lecteur royal en chirurgie pour le médecin Martin Akakia, quelques années à peine avant de donner aux chirurgiens de Saint Côme la Lettre de déclaration sur le droit et la possession des maîtres et professeurs en chirurgie de faire leçons publiques de leur art et science [38]. Mais les lecteurs royaux choisis pour enseigner la chirurgie sont de toute évidence médecins et non chirurgiens ; ils enseignent à l’École de médecine et non au Collège de chirurgie ; ils lisent, traduisent et commentent en majorité les œuvres d’Hippocrate… Il n’est donc pas exclu que les interventions royales, qui se feront de plus en plus fréquentes avec l’arrivée au pouvoir des Bourbons, reflètent une réalité qui a été très longtemps occultée par la recherche sur la médecine en France à cette époque, celle d’une aspiration à une médecine autre que théorique, autre que galénique et catholique romaine, y compris dans certains milieux universitaires.
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III. Les modalités de transmission du titre
Comme pour les autres lecteurs royaux, les questions des nominations et des fonctions de ceux qui se prévalaient du titre de « professeur royal en médecine » [39] restent un point relativement obscur. Pierre de la Ramée avait tenté d’instaurer une épreuve d’examen qui consistait en fait en une cooptation de nouveaux membres par des pairs, mais cette tentative avait échoué, lors du contentieux avec Charpentier en 1566. Les Commentaires de la Faculté de Médecine de Paris ne donnent aucune information au sujet de ces nominations, tout au plus voit-on apparaître parfois, soudainement, la mention de professor regius, à côté du nom d’un docteur-régent, lors de l’approbation annuelle des comptes du doyen en novembre de chaque année, ou encore une demande faite aux intéressés de montrer la preuve de leur nomination et de produire les lettres royales, comme ce fut le cas pour André de Beauvais.
Beaucoup de nominations paraissent dues essentiellement aux appuis et aux protections du roi, des princes et des prélats [40] ; au XVIIe siècle, on constate que des chaires devenues vacantes à la suite de la résignation (ou de la mort) de leur titulaire font l’objet de transactions diverses, dons, ventes et achats, disputes et concours comme cela se pratiquait à Montpellier. L’élu n’était pas pour autant « propriétaire » du poste sinon du titre ; il avait besoin de l’autorisation du roi s’il voulait démissionner ou résigner sa charge, mais on peut se demander s’il ne s’agissait pas là d’une pure demande protocolaire, quand on observe l’abondance de transmissions quasi familiales, du père au fils, d’oncle à neveu, de beau-père à gendre. Que ce soit par filiation directe ou par alliance, on assiste à la mise en place de dynasties familiales de lecteurs royaux en médecine, comme il en existe chez les médecins du roi. On retrouve souvent les mêmes personnes émargeant sur la cassette royale, payées pour leurs doubles fonctions [41]. Pourtant, la vénalité de ces charges reste controversée ; si Jean-Eudes Girot donne quelques exemples de « trafic » de chaires au Collège Royal, à partir de 1566 [42], il reste que seules les sources notariales permettraient de vérifier si ce commerce fut pratiqué ou non pour les postes de lecteur royal en médecine comme pour la charge de médecin de cour [43]. Françoise Lehoux fait observer que cette dernière était une charge « personnelle », dans le sens où le roi l’attribuait gratuitement ou en faisait don, et que son titulaire pouvait dès lors en disposer comme d’un bien propre qui entrait dans son patrimoine, la vendre ou la léguer [44]. Néanmoins le roi gardait un droit de regard et pouvait disposer de cette charge en cas de vacance, mort, résignation ou démission.
Si l’on considère le but dans lequel les premiers lecteurs du roi avaient été installés par François Ier - lecture et interprétation de textes antiques sacrés et profanes-, les premiers lecteurs royaux en médecine ne dérogent pas à la règle. Ils furent en effet des médecins érudits, hellénistes, participant à la restauration des textes médicaux grecs. Ce fut le cas de Jacques Dubois, de Jacques Goupyl, et de quelques autres grandes figures qui marquèrent la deuxième moitié du XVIe siècle, à l’origine de véritables dynasties de savants médecins, souvent praticiens aussi. À l’écart de ces grandes familles et de leurs réseaux d’influences et de connaissances, on rencontre quelques personnages isolés, dont il n’est pas toujours facile de comprendre la raison de leur nomination. S’ils n’ont pas acheté leur charge, ont-ils été choisis pour leurs mérites, puisqu’ils n’avaient pas d’antécédents familiaux dont se réclamer ? Ont-ils été désignés pour servir les intérêts de la politique royale plus que celle de la science ? Les incertitudes à leur sujet sont nombreuses et la consultation des documents souvent aléatoire, quand elle ne remet pas en cause la tradition ; c’est ainsi que des médecins cités par divers biographes comme lecteurs royaux ne l’ont peut-être pas été ou, s’ils ont donné des cours, n’ont pas été titularisés. Ce fut le cas apparemment de Jacques d’Amboise. Goujet est le premier à le donner comme professeur royal de chirurgie de 1591 jusqu’en
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1606 [45], c’est-à-dire jusqu’à sa mort, qui survint probablement en août, en même temps que celle d’un de ses fils, également prénommé Jacques, lors d’une épidémie de peste. Les faits démentent cette affirmation, à commencer par l’inscription sur son tombeau, qui ne mentionne pas cette nomination dans l’énumération de ses titres : « Écuyer, Seigneur de la Bruchère, Docteur en médecine, Conseiller Médecin ordinaire du roi » ; l’inscription étant consacrée par Demoiselle Louise des Portes, son épouse, par ses enfants et ses deux frères, et répétée en latin, j’y vois un argument sérieux pour exclure Jacques d’Amboise de la liste du Collège Royal. D’où viendrait alors l’erreur commise par Goujet, qui dit s’appuyer sur les Commentaires de la Faculté de Médecine ? En fait, ce n’est pas dans les Commentaires, mais dans une petite liste tardive, Medicorum Parisiensium notitia, de 1752, reliée avec les Questionum medicarum series chronologica, que l’on peut lire cette mention. Jacques d’Amboise fut d’abord chirurgien comme son père, puis obtint ses grades de médecin à la faculté de médecine de Paris et fut nommé recteur de l’Université. C’est à ce titre qu’il participa à deux événements considérables : le serment de fidélité que l’Université prêta à Henri IV en 1594, et le procès qu’elle eut avec les Jésuites la même année ; il y prononça deux discours Orationes duæ in Senatu habitae pro universis Academiæ ordinibus in Claromontenses qui se jesuitas dicunt, qui furent imprimés à Paris [46].
Une deuxième chaire en médecine, créée par Charles IX en 1568 [47], fut attribuée à Louis Duret (1527-1586). Né à Baugé-la-Ville en Bresse, fils de Jean Duret, gentilhomme et seigneur de Montanet en Piémont, de médiocre fortune, Louis Duret vint à Paris où il fit des études de lettres et se montra excellent helléniste, latiniste et arabisant. Il suivit les cours de Jacques Du Bois et fut chargé de l’éducation d’Achille de Harlay, futur Premier Président du Parlement, puis il entreprit des études de médecine et s’attacha à Jacques Houllier d’Etampes, docteur-régent de la Faculté de Médecine de Paris [48]. Licencié en juin 1552, docteur trois mois plus tard, c’était un grand travailleur, grand admirateur d’Hippocrate qu’il nommait summus præceptor. Il devint médecin ordinaire de Charles IX en 1560 et fut nommé lecteur royal en médecine en 1568. Il fut maintenu par Henri III dans ces deux charges. Fut-il premier médecin de l’un et l’autre roi ? Goujet l’affirme, et beaucoup d’autres après lui. Mais il apparaît sur les listes des médecins du roi en tant que « médecin à divers gages » de 1575-1589, sans gages en 1584, et le contrat de mariage de sa fille Catherine, en date du 10 novembre 1583, ne mentionne que les titres de « conseiller, médecin et lecteur ordinaire du roy et docteur régent en la faculté de médecine » [49]. Marié avec Jeanne Richer, il eut plusieurs enfants qui firent carrière dans les milieux de la médecine, du Parlement et de la Finance [50]. Bressieu, Dorat, de Thou, Scévole de Sainte-Marthe, André Du Laurens, Guy Patin, Jean Riolan firent son éloge [51]. On ignore quels furent ses cours au Collège de France, mais sans doute reprit-il ceux qu’il avait dictés en 1566-1567, en tant que lecteur ordinaire à la faculté de médecine, et qui furent édités après sa mort par son fils Jean en 1631 ; il s’agit de Commentaires des Prénotions coaques, du Régime dans les maladies aigues d’Hippocrate (travail éditorial caractéristique d’un médecin humaniste), mais aussi de discussions, de notes philologiques et de scolies d’une grande précision philologique et nosologique accompagnant les textes de médecine pratique, De morbis internis, écrits par son maître et contemporain Jacques Houllier [52].
Son fils, Jean Duret, lui succéda en 1586 et resta en poste jusqu’en 1599, date à laquelle il démissionna en faveur de Pierre Seguin. Né à Paris en 1563, moins connu à son époque que son père, Jean Duret n’hésitait pas à rappeler sa filiation : Joannes Duretus, Ludivici filius. Il fit ses études à la Faculté de Médecine de Paris ; après avoir soutenu ses deux thèses [53], il fut reçu licencié le 18 juin 1584 et obtint le doctorat la même année. Il épousa Renée Luillier (1565- 1622), fille de Nicolas Luillier, président de la Chambre des
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Comptes, dont il eut deux fils [54]. Dès 1588, il reprit les Commentaires écrits par son père et les publia sous le titre Hipocratis Magni Coacæ prænotiones, dédiés à Henri III ; ils furent un succès éditorial au siècle suivant. Le nom de son père le fit entrer rapidement au service des grands [55]. Fut-il premier médecin de Marie de Médicis comme l’affirme Hazon [56] ? L’inventaire de ses biens post mortem, en date du 10 septembre 1629, ne mentionne pas ce titre mais celui de conseiller et médecin ordinaire du roi [57]. Adversaire déterminé de Paracelse, Jean Duret prit une part active dans les luttes contre l’antimoine aux côtés de Jean Riolan au tournant du siècle [58] ; on connaît de lui plusieurs controverses et un traité sur la peste publié en 1599, Advis sur la maladie [59]. Il vécut jusqu’en 1629, et mourut, paralysé, des suites d’une attaque d’apoplexie.
Cependant, si les Duret constituent un premier exemple d’accession à la chaire par filiation héréditaire, la situation que révèlent les listes de lecteurs royaux en médecine entre 1568 et 1590 est dans l’ensemble plus complexe. Des noms et des dates se chevauchent, et les notices de Goujet ne permettent pas toujours d’établir avec certitude la succession des remplacements sur les deux chaires de médecine. Par exemple, le nom de Simon Baudichon figure sur les listes des lecteurs royaux en médecine en 1568 [60], en même temps que celui de Duret, mais probablement en succession de Goupyl. Originaire du diocèse du Mans, Simon Baudichon avait demandé à subir les épreuves du baccalauréat le 12 mars 1554, en même temps que Julien Le Paulmier et Pierre Belon ; il avait été licencié le 28 mars 1556 et docteur la même année. Son nom apparaît régulièrement parmi les signatures des docteurs régents de la faculté, sans que soit mentionné le titre de professeur royal [61].
Goujet lui donne pour successeur en 1577 un certain Jean Leconte, né à Meaux, licencié de la faculté de Médecine de Paris le 2 juin 1562, doyen de la même Faculté en 1572 et 1573, resté dans le poste jusqu’en 1585 [62]. Il faut encore noter à peu près à la même époque le nom de Jean Lefèvre, qui aurait été lecteur royal en médecine de 1582 (ou plutôt 1585) à 1590. Originaire du diocèse de Rouen, il vint étudier à la Faculté de Médecine de Paris où il fut bachelier en 1564, licencié le 14 mai 1566, docteur la même année [63]. Les Commentaires le déclarent mort en 1590. Son successeur serait Paul Le Maître, d’origine champenoise, mais diplômé de Montpellier, nommé en 1590 ou en 1593 [64]. Il s’agirait en fait de la première nomination d’un lecteur royal en médecine « étranger » à la Faculté de Médecine de Paris. Il est vrai que Paul Le Maître a pu bénéficier de l’appui de son frère Rodolphe le Maître, médecin des Enfants de France, auteur de nombreux ouvrages. Il semble d’ailleurs que Paul Le Maistre quitta rapidement ses fonctions pour entrer au service de Henri IV, en 1595 ou en 1596 [65].
En 1574, le premier titre de lecteur royal en chirurgie fut octroyé au médecin Martin Akakia (1539-1588) qui le garda jusqu’en 1588. La tradition veut que le nom Akakia, signifiant « sans malice, sans méchanceté » en grec, soit un jeu humaniste à partir du véritable nom de famille, Malice. Né en 1539 à Paris, Martin Akakia est représentatif de ces lignées de médecins dont l’ancêtre, provincial, était venu s’installer à Paris et y avait fait carrière. Son père, également appelé Martin Akakia (1497?- 1551), dit Catalaunensis, originaire de Châlons, était venu faire ses études à la faculté de médecine de Paris ; bachelier en mars 1523, licencié en 1525, sous le décanat de Jean Desjardins de Lyon (Hortensius), il avait reçu le bonnet de docteur en 1526. Élu procureur de la Nation de France en avril 1523, nommé docteur régent en 1526, élu lecteur ordinaire le 6 novembre 1529, il fut probablement envoyé comme député de l’Université au Concile de Trente en 1545, sur la proposition de François Ier dont il était un des médecins [66]. C’est donc dans un milieu privilégié, fréquenté par des humanistes, des poètes tel Clément Marot et des médecins attachés à la restauration des ouvrages de Galien [67], que Martin Akakia fils vécut ses premières années. Il fit ses
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études à la faculté de médecine de Paris en tant que Parisinus [68], fut déclaré bachelier en 1568, licencié en 1570 sous le décanat de Jean Charpentier [69]. Il fut reçu docteur en mai 1570. La même année, il épousa Marguerite Coignet, fille de Thomas Coignet, joaillier, dont il eut plusieurs enfants [70]. Grâce à l’appui de Tristan de Rostaing, Chevalier de l’ordre de Saint-Michel, et de Jacques Amyot, évêque d’Auxerre, il fut nommé en 1574 sur la première chaire de chirurgie au Collège Royal et, en 1578, fut coopté comme second médecin d’Henri III, sur les recommandations de Marc Miron, premier médecin du roi. Il prononça alors au Collège Royal un Panégyrique d’Henri III, discours de réception dans ses nouvelles fonctions de second médecin qui était aussi un discours de remerciement à ses protecteurs [71]. Selon Goujet, il sollicita du roi l’autorisation de se démettre de sa fonction de professeur royal, lorsqu’il ne put plus assumer les deux charges simultanément, et aussi parce qu’il voulait continuer ses consultations privées, sans doute plus lucratives que les émoluments de professeur au Collège Royal [72]. Ou bien était-il malade ? Il mourut en effet la même année, âgé de quarante-neuf ans seulement, et laissant six enfants mineurs, après avoir désigné leur mère comme tutrice [73]. Sa succession au Collège apparaît confuse : Martin Akakia aurait proposé lui-même Jean Martin comme successeur, affirme Goujet, qui cite des lettres patentes le confirmant dans cette charge, lettres datées du 17 décembre 1588, soit après la mort d’Akakia. Mais, toujours selon Goujet, Jean Martin, déjà trop occupé, aurait engagé Akakia à choisir Pierre Seguin (son gendre) ; ce dernier fut agréé mais ne reçut ses lettres qu’en juin 1594 [74].
En réalité, ce fut probablement Étienne Gourmelen qui assura l’interim jusqu’en 1594. Il est difficile de reconstituer la carrière de ce médecin originaire du diocèse de Quimper, qui commença par aller étudier le droit à Toulouse, cédant aux instances de ses parents qui le destinaient au barreau ou à une fonction de jurisconsulte [75]. Il vint ensuite à Paris où, à force de lectures, il acquit une culture médicale suffisante pour justifier son tempus studendi et être déclaré bachelier en 1558 sous le décanat de François Brigard (1558-1559) [76] ; il fut licencié le 28 mai 1560 et docteur le 5 mars 1561, sous la présidence de Robinet. Il fut doyen en 1574 et en 1575, l’année où la faculté présenta une fois de plus une requête au parlement pour empêcher la vente d’ouvrages de médecine publiés à Paris avant qu’elle les eût approuvés. Ses cours aux écoles portaient sur Hippocrate et Galien ; il semble qu’il les ait poursuivis au Collège lorsqu’il fut nommé par Henri III sur une chaire de chirurgie en 1588. Ce choix semble justifié si l’on considère les écrits de Gourmelen, son intérêt pour la chirurgie et pour la vulgarisation des opérations manuelles en langue française. C’est ainsi que les six livres, Synopseos Chirurgiæ libri sex qu’il avait publiés en 1566 chez Gilles Corbin à Paris furent traduits par André Malésieu, chirurgien de Paris, prévôt du Collège de Chirurgie, et publiés en 1571, précédés d’une « Introduction au lecteur estudiant en la Chirurgie françoise » [77]. En 1572, il publia une traduction en latin, De alimento, d’un traité hippocratique qu’il avait commenté dans ses cours et qu’il dédia aux médecins Nicolas le Grand, Simon Piètre, François Brigard et Jacques Charpentier [78], médecins de la Faculté et médecins des rois Charles IX et Henri III. Il publia en 1580, chez Charles Gilles à Paris, un petit traité, Stefani Gormeleni Curiosolitæ, Paris. Med. Chirurgiæ artis ex Hippocratis et aliorum ueterum Medicorum decretis, portant sur la ligature des vaisseaux après amputation, dédié à Marc Miron, premier médecin du roi Henri III, qui fut à l’origine d’une querelle fameuse avec Ambroise Paré, lequel lui répondra dans son Apologie [79]. Il publia encore un traité sur la peste, Avertissement et Conseil à Messieurs de Paris, tant pour se préserver de la peste comme aussi pour nettoyer la Ville et les maisons qui y ont été infectées, à Paris chez Nicolas Chesneau en 1581. Il mourut en août 1593.
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IV. La constitution de réseaux
Avec le nom de Jean Martin, médecin sous Henri III et Henri IV, s’ouvre un arrière-plan de relations professionnelles puissantes, un réseau de personnalités où l’humanisme philologique est encore présent, mais se mêle aux influences du droit et de la justice. Issu d’une famille pauvre, Jean Martin fut protégé par Jean de Vermeil et Guillaume Cappel, médecins de la faculté de Paris, qui pourvurent aux frais de ses études au Collège du Cardinal Lemoine puis à celui de la Marche. Maître ès arts, il enseigna pendant onze ans les humanités, la rhétorique et la philosophie, cinq ans au Collège de la Marche puis six ans au Collège de Bourgogne. Il devint l’ami et le conseiller du Principal de ce Collège, Geoffroy de la Faye, élu recteur de l’Université de Paris le 14 mars 1561. Très estimé comme humaniste et érudit, connaissant le latin, le grec, l’hébreu et l’arabe, Jean Martin entreprit des études de médecine. Il fut déclaré bachelier de la faculté de médecine de Paris en 1568, licencié en 1570, docteur le 15 juillet 1572, sous la présidence de Brigard [80]. Nommé lecteur ordinaire en chirurgie à l’Université, il donna également des cours à son domicile, cours toujours destinés aux chirurgiens. Après son doctorat, il présida plusieurs thèses, et fut remarqué par Louis Duret, professeur au Collège Royal, qu’il remplaça quand il fut malade ; il dicta alors ses Commentaires sur divers ouvrages d’Hippocrate : Les lésions de la tête (où il corrige le texte donné par Scaliger), Les maladies internes (qu’il dédie à Pierre Seguin), les Aphorismes, le traité Airs, lieux et eaux (dédié à Jacques Cousinot), qui seront imprimés par René Moreau [81]. Il reste que sa titularisation comme lecteur royal est incertaine. Duval ne le signale pas. Selon Goujet, il aurait été nommé à la succession de Martin Akakia par une lettre patente d’Henri III datée du 17 décembre 1588 à Blois, mais aurait renoncé en faveur de Pierre Seguin, qui n’occupera le poste qu’en 1594 (ce fut Gourmelen qui occupa la chaire en 1588). Jean Martin devint médecin ordinaire de Henri IV, et fut plusieurs fois appelé en consultation avec le premier médecin Marescot, médecin de Marguerite de Valois et de Marie de Médicis. Son nom figure parmi ceux des juges nommés lors de l’examen solennel de plusieurs citations grecques contenues dans le traité de Morney, Traité de l’Institution de la Sainte-Eucharistie, examen qui eut lieu le 4 mai 1600, pendant une Conférence tenue à Fontainebleau devant le roi et la cour. Les juges protestants étaient le Président de Canaye et Casaubon, Professeur royal de langue grecque, alors que le Président de Thou, l’avocat Pithou et Jean Martin officiaient pour les catholiques. Si sa maison fut toujours ouverte aux savants d’Europe qui reconnaissaient et admiraient son savoir, il n’hésitait pas à corriger les interprétations d’autres érudits, par exemple celles de Joseph Scaliger en 1576 [82]. Déjà âgé, il dut être opéré de la pierre par Girault et Collot en 1588. Il fut parmi les premiers défenseurs des eaux minérales et fit la promotion des eaux de Forges où il s’était rendu pour soigner une forme de lithiase ou d’hydropisie (dite ascita, due à une obstruction des reins). Il mourut d’une fièvre « ardente », âgé de 70 ans, à la fin de l’année 1604. Il fut l’une des dernières grandes figures de médecin érudit, et en même temps tourné vers la modernité.
Parmi ses nombreux enfants, Martin Akakia avait laissé un fils, également prénommé Martin, également médecin. Curieusement, ce fils de Parisinus partit faire ses études à Montpellier où il fut immatriculé le 3 février 1593 et reçu bachelier le 20 mars 1593 [83]. À son retour, il s’inscrivit à la Faculté de Médecine de Paris qui ne semble pas avoir validé les titres acquis à Montpellier, puisqu’il soutint ses thèses en 1596 et en 1597 [84] ; il obtint la licence en 1598, et le doctorat quelques mois plus tard. À peine fut-il docteur que le roi Henri IV le nomma lecteur en chirurgie au Collège Royal (1599-1604), en succession de son beau-frère, Pierre Seguin qui se démit de ses fonctions en sa faveur au moment où lui-même fut nommé lecteur royal en médecine. Pierre Seguin, qui avait épousé la fille de Martin Akakia père, avait lui-même bénéficié quelques années auparavant de la démission de son beau-père en sa faveur [85]. Vers 1600, Martin Akakia
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fils « quitta ses leçons » pour accompagner le Duc de Béthune dans son ambassade à Rome. Il revint en 1603, malade et affaibli par l’étude et un travail assidu, selon Goujet, peut-être atteint de la vérole s’il faut en croire Patin [86]. Les Commentaires signalent sa mort en 1604. Il ne semble donc pas qu’il ait démissionné, puisqu’il est toujours signalé comme professeur royal de chirurgie en 1604. Il faut donc admettre que pendant quatre années, la chaire demeura vacante et que les cours ne furent pas assurés. Ce Martin Akakia n’a laissé aucun ouvrage. Il avait un frère cadet, Jean Akakia, docteur de la Faculté de Médecine de Paris en 1612, qui devint médecin ordinaire de Louis XIII et suivit son souverain dans la campagne de Savoie, où il mourut, laissant dix enfants, parmi lesquels un fils également prénommé Martin [87].
Également représentative des réseaux d’influences qui se constituent vers la fin du siècle, la figure de Pierre Seguin dont il vient d’être question mérite une attention particulière. Il était le fils d’un médecin parisien, également prénommé Pierre Seguin, qui mourut en 1607, et le petit-fils de Simon Seguin, docteur de la Faculté de Médecine de Paris [88] ; il avait épousé Anne Akakia (fille du médecin Martin Akakia), qui mourut en 1591. Lui-même vécut très âgé et mourut à Paris le 28 janvier 1648, à 82 ans. Après sa maîtrise ès arts, il enseigna pendant quelques années au Collège du Cardinal-le-Moine, puis entreprit des études à la faculté de médecine de Paris ; il fut bachelier en 1589, licencié le 6 juin1590 [89], docteur la même année. Il aurait été proposé par Jean Martin pour succéder à Martin Akakia père en 1588, alors qu’il n’avait pas encore de grades, mais ne reçut ses lettres patentes signées par Henri IV, du camp devant Laon, que le 26 juin 1594.
Selon ses biographes, Pierre Seguin attirait par ses leçons un public nombreux qui le suivit lorsque, après avoir reçu de nouvelles lettres patentes datées du 10 septembre 1599, il passa le 23 octobre sur la chaire de médecine dont Jean Duret venait de démissionner. Il semble bien que sa nomination comme médecin consultant de Louis XIII, puis comme premier médecin d’Anne d’Autriche ait été due à sa réputation de professeur au Collège Royal [90]. En 1518, il obtint du roi non pas une démission, mais un remplacement temporaire qu’effectuerait son fils Michel, également médecin, docteur de la Faculté de Paris en 1616, médecin consultant au service du roi, avec promesse de titularisation de ce dernier après sa mort. Mais Michel mourut en 1523. Son père reprit alors les cours et s’en démit définitivement en faveur de son neveu Claude Seguin en 1630 ; ce dernier devint en 1641 Conseiller du Roi et premier médecin de la reine Anne d’Autriche et mourut en 1672 [91]. En 1643, Pierre Seguin acheta une charge de médecin ordinaire, ce qui confirme la réalité de la vénalité de la charge [92]. En 1645, Patin le signalait comme l’Ancien des professeurs royaux et l’accusait d’être du camp de Turquet de Mayerne et autres « charlatans » [93] ; il fut cependant un médecin humaniste qui participa à l’édition des Prælectiones in librum Hippocratis de morbis internis de Jean Martin. Il fut inhumé avec son épouse dans l’église de Saint-Germain-l’Auxerrois, et son fils Pierre, antiquaire, lui consacra une épitaphe qui l’égalait à Fernel [94].
Au terme du XVIe siècle, la situation de l’enseignement de la médecine, à la Faculté de Médecine de Paris comme au Collège Royal, est en équilibre instable. L’arrivée à la cour de médecins issus d’universités étrangères, en particulier de l’université de Montpellier, mit à mal la notion de territoire médical si chèrement défendue par Paris. Ces médecins de Montpellier se réclamaient d’Hippocrate et étaient les héritiers d’une longue tradition chirurgicale et d’un enseignement dispensé aux chirurgiens en français ; leur arrivée à Paris suscita un intérêt nouveau pour la botanique et la chirurgie. En outre, dans le dernier quart du XVIe siècle, de nouvelles formes de pensée et de pratique médicales se construisaient, en
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opposition à Galien ou en-dehors des paradigmes galéniques ; elles étaient soutenues par les rois qui se montraient intéressés par des projets thérapeutiques fondés sur des médicaments nouveaux. Sans être nécessairement paracelsiens, beaucoup de médecins montpelliérains et parisiens montraient de l’intérêt pour ces techniques alchimiques qui devaient débarrasser les substances minérales de leurs impuretés et les rendre propres à un emploi thérapeutique. Un simple examen des titres des thèses soutenues à Paris au tournant du siècle montre la percée de ces nouvelles tendances. On y constate l’influence grandissante des conceptions hippocratiques de la maladie et de la santé, mais aussi l’apparition des nouvelles idées alchimiques sur la structure du corps. Les sujets proposés, formulés le plus souvent de manière elliptique ou condensée, font presque tous référence aux Aphorismes ou au traité Airs, eaux et lieux, qui figurent en bonne place dans les lectures faites au Collège Royal par des médecins qui enseignaient aussi dans les écoles. Il est difficile d’imaginer une dichotomie complète entre un enseignement officiel, galénique, et des leçons publiques, d’orientation plus hippocratique, voire alchimique… Les débats sur « les parties contenantes, contenues ou impétueuses », telles qu’elle sont définies dans les sujets de la thèse proposée en 1599 à Martin Akakia sont un écho des théories paracelsiennes sur l’anatomie des maladies décrite à la même époque, dans le milieu des médecins de cour par un Joseph Du Chesne par exemple [95]. Ainsi sur le plan du monopole territorial comme dans les principes de la doctrine galénique officielle et de son application dans la materia medica, la toute puissante Faculté de Médecine parisienne voyait son influence s’effriter au fur et à mesure que le pouvoir du roi s’accroissait et se traduisait par des décisions et des interventions plus fréquentes. Les condamnations de la faculté de médecine semblèrent à certains des combats d’arrière-garde. La rupture s’annonçait inévitable.
Notes
[1] Voir TUILIER (2006), p. 145- 163 (153).
[2] Ms Parisinus græcus 2248. Le codex de Nicétas est actuellement étudié par Marie- Hélène Marganne et son équipe de recherches à l’Université de Liège. Voir MARGANNE (2009) et (2010).
[3] Ms Parisinus gr. 2247 et Parisinus lat. 6866 ( BnF).
[4] Guidi était médecin par quartier, c’est à dire qu’il faisait le service du roi pendant un trimestre. Il y avait huit médecins nommés « par quartier », deux par trimestre. Le reste de l’année, ils avaient leur clientèle privée. Guidi n’était donc pas premier médecin, comme cela est quelquefois dit.
[5] Ms BIU Santé, Commentarii V, 1541-1542, fo 177v-178r : …. In qua congregatione Lecte sunt nonnulle littere a domino Ludovico Burgensis, primo regis medico, transmisse quibus significabatur Facultati ut permitteret magistrum Guydonem Wido, medicum regium, Parisiis legere librum quendam, videlicet Ypocratem De vulneribus capitis, ab illo versum et traductum, quibus lectis, Facultas, oculis et auribus pertusis, absque ulteriori congregatione mandato regio parere voluit (« L’assemblée reçut lecture de lettres transmises par Louis de Bourges, premier médecin du roi, par lesquelles il était signifié que maître Guido Guidi, médecin du roi, lirait à Paris Les blessures à la tête d’Hippocrate, livre qu’il avait traduit. Après ces lettres aussi désagréables à lire qu’à écouter, l’assemblée décida d’obéir à l’ordre du roi sans attendre une autre réunion »). Cf. CONCASTY (1964), p. 347.
[6] GRMEK (2006), p. 425.
[7] Vidus Vidius, Chirurgia e graeco in Latinum conversa Vidio Florentino interprete cum nonnullis ejusdem Vidii commentariis, Paris, P. Gautier, 1544. Le livre contient de nombreuses illustrations, dont trente en belle page. Le privilège royal mentionne que Guidi fit imprimer le livre « à ses grandz fraiz, mises et despens et au grand profit et promotion des estudians en médecine, et principalement en la chirurgie », voir GRMEK (2006), p. 428.
[8] Voir DUVAL (1644), p. 63-64 ; GRMEK (2006), p. 422 ; GOUJET (1971) reprend la thèse de l’invitation faite par le roi, p. 288.
[9] GRMEK (2006), p. 423.
[10] GOUJET (1971), p. 289-290.
[11] Ms BIU Santé, Commentarii VI, 1555-1556, f° 329r : Super ea re decrevit Facultas primum ut litteras suas regias ostenderet Facultati; quod si velet interpretari chirurgiam, quæ una est præcipuis partibus medicinæ, id ei licere etiam in nostris scholis, modo id faceret aliis horis quam quæ sunt constitutæ lectoribus nostris ordinariis. Quod vero alia lingua quam consueta, decrevit in scholis nostris id honeste fiery non posse nec illi esse permittendum, quoniam id esset mali exempli et professore medico indignum (« La Faculté décréta en premier lieu qu’il devait montrer ses lettres royales à la Faculté, que s’il voulait expliquer la chirurgie, qui est l’une des parties essentielles de la médecine, cela lui serait permis aussi dans nos écoles, à condition qu’il fît cela à des heures différentes de celles qui ont été fixées pour nos lecteurs ordinaires. Mais quant au fait d’utiliser une autre langue que la langue d’usage, cela était décemment impossible dans nos écoles et on ne pouvait l’y autoriser, car ce serait un mauvais exemple, et indigne d’un professeur en médecine »). Cf. CONCASTY (1964), p. 574 ; GRMEK (2006), p. 436-437.
[12] Ms BIU Santé, Commentarii IV, 1529- 1530, f° 255r : Et supplicuit honorandus Petrus Rozée ut prohiberetur cuidam vocato Sylvio legenti in domo ejusdam vocati Magni Guillelmi, cyrurgi, ne amplius legeret. Cf. CONCASTY (1964), p. 168.
[13] Archives de la Faculté de Médecine de Montpellier : S. 19 f° 106 [immatriculation] : Vicesima prima Novembris receptus est Dominus Magister Jacobus Sylvius, Diœcesis Ambianensis, a quo recepi libras duas. Cf. GOURON (1957), p. 58.
[14] Ms BIU Santé, Commentarii V, 1531-1532, f° 301r : À la date du 28 juin 1532, la Faculté examine la demande de probation de temps d’étude déposée par Du Bois en vue de l’examen du baccalauréat, ainsi que la supplique annexe de pouvoir se présenter aux questions cardinales et quodlibétaires dans un délai de quelques mois pour être admis à la licence. La Faculté consent à la première demande et reporte l’examen des autres ; elle signale l’élégance du latin du candidat. Cf. CONCASTY (1964), p. 197-198. Il ne semble pas que Du Bois ait obtenu un doctorat à Paris ; le 27 janvier 1535, il est encore signalé comme bachelier de Paris et docteur de Montpellier, cf. note suivante. Son nom n’apparaît pas parmi ceux des docteurs régents qui signent le registre chaque année. Cependant le titre de Doctor Montispessulani n’aurait sans doute pas suffi à assurer le renom de Du Bois à Paris. Et les exemples de médecins ayant acquis un double titre sont rares (François Miron, par exemple, fut docteur à Montpellier en 1509 et à Paris en 1514). René Moreau, le premier biographe de Du Bois, a pu minimiser l’expérience de Montpellier, au nom de la doxa galénique et en réaction contre une médecine pratique jugée trop arabisante, cf. MOREAU (1630).
[15] Ms BIU Santé, Commentarii V, 1535-1536, f° 62r : Die 27 mensis Januarii anni 1535, Magistro Tagaultio facultatis Decano, statuum fuit congregatis Doctoribus ut qui extra Scholas Medicinæ profitebantur, possent deinceps legere in Scholis, et mercedem suorum laborum ibidem ut et alibi a scholasticis accipere. Hoc autem statuum est propter Ioannem Fernel, qui legebat in Collegio Cornuale et Iacobum Sylvium bacchalaureatum Scholæ Parisiensis et doctorem Montispessulani qui Medicinam profitebatur in Collegio Tricquet (Tréguier). Il dut y avoir des abus, puisqu’en 1546, l’assemblée précise que les cours donnés à l’extérieur de l’école ou au domicile du docteur ne devaient pas avoir lieu en même temps que les leçons ordinaires de l’école qui avaient lieu généralement l’après-midi, cf. CONCASTY (1964), p. 408.
[16] Ses ouvrages de médecine furent réunis et publiés en 1630 par les soins du médecin René Moreau qui en dédia la collection à Charles Bouvard, conseiller et médecin du roi. Voir VONS « Du Bois, Jacques » (CdF) ; GOUJET (1971), p. 289-292.
[17] Ms BIU Santé, Commentarii VI, 1554-1555, f° 267r Cf. CONCASTY (1964), p. 535.
[18] GOUJET (1971), p. 292, donne le titre de la thèse quodlibétaire à laquelle il répondit négativement : An crudi humores medicamento purgandi sunt ? (« Faut-il purger les humeurs crues par un médicament ? ») Voir FRANKLIN (1864), p. 115- 117.
[19] BELON (1551), f° 47 : « Quant a l’anatomie que j’ay descripte, je veul bien faire entendre … l’avoir faicte publiquement, l’an passé au Collège de Medecine, lors que Monsieur Goupil lisoit le Dioscoride en grec, avec moult frequent et tresgrand auditoire ».
[20] Ms BIU Santé, Commentarii VI, 1548-1549, fos 108v et 109r : Die mercurij 13 marti 1548 (i.e. 1549) convocata fuit Facultas in burellum super duobus articulis. Prior erat de locatione domus scholarum […], unanimiter omnes Jacobo Goupylo, viro probo et docto, eam elocarunt, ad sex annos proximos, precio triginta librarum turonensium et certis conditionibus quæ in contractu continentur (« Le mercredi 13 mars 1549, la Faculté se réunit en bureau pour examiner deux articles. Le premier concernait la location d’une maison appartenant aux écoles […]. À l’unanimité, on désigna comme locataire Jacques Goupyl, homme probe et savant, pour les six années suivantes, pour un loyer de trente livres tournois et moyennant certaines conditions inscrites dans le contrat »). Cf. CONCASTY (1964), p. 440. La somme annuelle versée pour la location est comptabilisée dans les registres des années suivantes (par exemple en 1553-1154 : ibid., f° 249r).
[21] Il eut une intense activité éditoriale: Alexandri Tralliani libri XII græce, Rhazae de pestilentia libellus ex Syrorum lingua in græcam translatus, J. Goupyli in eosdem castigationes, Paris, Robert Étienne, 1548; Dioscoridis libri octo graece et latine, Joanne Ruellio Suessionensi interprete, castigationes in eosdem libros per Jacobum Goupylum, Paris, Benedictus Prevost, 1549 ; Ruffi Ephesii De vesicæ renumque morbis. De purgantibus medicamentis. De partibus corporis humani. Sorani De utero & muliebri pudendo, Paris, Adrien Turnèbe, 1554 ; Aretæi Cappadocis de acutorum, ac diuturnorum morborum causis & signis, lib. IIII. De acutorum, ac diuturnorum morborum curatione, lib. IIII, Paris, Adrien Turnèbe, 1554 ; Pauli Aeginetae Opera, Joanne Guinterio interprete. Ejusdem Guinterii, & Jani Cornari Annotationes. Item Jacobi Goupyli & Jacobi Dalechampii Scholia in eadem opera, Lyon, Guillaume Rouille, 1567 ; Actuarii Ioannis filij Zachariae opera : De actionibus et spiritus animalis affectibus, eiusque nutritione lib. II. De urinis lib. VII. Methodi medendi lib. VI. Rerum ac verborum memorabilium index, Paris, G. Morel, 1556 ; Sphère du monde composée par Alexandre Picolomini [sic], traduite de Tuscan en français par Jacques Goupil. Plus un discours de la terre et de l’eau fait par ledit Picolomini traduict nouvellement en François par Jacques Martin, et quelques annotations sur ladite sphère, Paris, D. Cavellat, 1608.
[22] La bibliothèque de textes grecs constituée par Guillaume du Chastel, grand aumônier de François Ier, et destinée à l’usage des professeurs royaux, n’eut jamais de bâtiment propre pour l’abriter et se retrouva dans la Bibliothèque du Roi Henri II qui fit relier les livres et les conserva à Fontainebleau. Voir CORON (1998), p. 143-183.
[23] OMONT (1894), p. 185-186.
[24] GIROT (1998), p. 43-108, et plus particulièrement p. 66.
[25] LAMBIN (1566).
[26] GOUJET (1971), p. 42-44.
[27] Pour une analyse détaillée du conflit, voir GIROT (1998), p. 70-71. La Faculté de Médecine avait pris le parti de Charpentier dès 1551, lors de la première controverse avec Ramus. Ce dernier fut déclaré Universitatis hostis dans les Commentaires, et pour éviter des risques de tumultes et de débordements, l’assemblée des docteurs-régents se rangea à l’avis de faire juger l’affaire par une délégation composée du doyen et six docteurs-régents par faculté : Fernel, Houllier, de Gorris, de Flesselles, Montanus et Marin furent choisis pour accompagner Jean du Hamel, doyen de la faculté de Médecine, cf. Ms BIU Santé, Commentarii VI, 1550-1551, f° 149r : Die decima quinta januarii convocata fuit Universitas super controversia inter dominum rectorem pro Universitate et Petrum Ramum, Universitatis hostem (« Le 15 janvier l’Université se réunit au sujet de la controverse entre le recteur de l’Université [Charpentier] et Pierre Ramus, ennemi de l’Université ») et CONCASTY (1964), p. 466.
[28] Le cas de Maurice de La Corde (Cordatus ou Cordaeus), docteur régent depuis 1559 est plus complexe. Il avait fait un premier séjour au Châtelet en 1569 pour avoir publiquement invité un impétrant à se ranger du côté des huguenots, se serait rétracté, mais aurait à nouveau professé la religion protestante après l’édit de 1570. Le 31 octobre 1573, la Faculté le renvoya devant un tribunal académique réuni par le recteur de l’université qui refusa d’entériner sa requête. Le médecin fit appel au Parlement et obtint le 3 août 1574 un arrêt qui ordonnait l’exécution de celui de 1569. Cette affaire eut des suites jusqu’en 1576. Maurice de La Corde publia et commenta plusieurs traités hippocratiques, Hippocratis Coi Libellus peri Partheniôn, hoc est de iis quæ virginibus accidunt, Paris, Gabriel Buon, 1574 (dédié à Marguerite, reine de Navarre) et Hippocratis Coi medicorum principis libri priori de morbis mulierum interpretatio et explicatio, Paris, Denis Duval, 1585. Voir HAAG (1852), p. 350 ; CREVIER (1761), livre VI, p. 734-742 et livre XII, p. 283-288) ; VONS, « Maurice de La Corde » (CdF). En 1572, Jean de Gorris fut interdit d’examen pour avoir refusé de prêter le serment d’assister aux cérémonies religieuses de la faculté et ne fut réintégré qu’après de longs mois de démarches (voir infra).
[29] En français dans le texte. Ms BIU Santé, Commentarii V, 1535- 1536, fo 47r-v : Die Jovis 2e martii anni 1535 (i.e. 1536) datum est et pronunciatum arrestum a supremo senatu contra empiricos et omnes illicite practiquantes, ne scilicet aliquis deinceps praxim medicam exercere præsumat in urbe Parisiensi et suburbiis ejusdem, nisi doctor esset aut ad minus licentiatus in schola Parisiensi. Quod si in alio studio generali promotus esset, non prius admitteretur ad praxim exercendam quam a quatuor doctoribus medicis scholæ Parisiensis examinatus esset et approbatus (…) Cautum etiam est eodem arresto ne quis impressor, aut bibliopola, libros aliquos de arte medica tractantes imprimeret deinceps aut venales exhiberet, nisi prius visitati essent et approbati a tribus doctoribus medicis per Facultatem deputatis (« Le jeudi 2 mars, l’Assemblée prononça un arrêt contre les empiriques et autres praticiens illicites : personne ne serait autorisé à pratiquer la médecine dans la ville de Paris ni dans ses faubourgs, s’il n’était docteur ou tout au moins licencié de l’école de Paris. Si quelqu’un venait d’une université d’une autre nation, il ne serait pas admis à pratiquer la médecine avant d’avoir été examiné et approuvé par quatre docteurs médecins de l’école de Paris (…). Par le même arrêt, aucun imprimeur ou libraire ne pouvait imprimer ou mettre en vente des livres traitant de l’art médical, si ceux-ci n’avaient été auparavant vus et approuvés par trois docteurs en médecine envoyés par la Faculté »). Cf. CONCASTY (1964), p. 255.
[30] Voir Introduction. Plusieurs révisions des statuts de l’Université de Paris se succèdent au XVIe siècle, sans modifier les prérogatives acquises. La réforme annoncée par Henri IV au début de l’année 1595 aboutira à de nouveaux statuts soumis à la signature du Parlement de 1598.
[31] LUNEL (2008).
[32] Ms BIU Santé, Commentarii VI, 1549-1550, f° 123v : Eo die [die sabbati 16 novembris], regii medici et lectores exposuerunt Facultati nihil illis decanum largitum esse pro ingressu regis Henricus 2 in urbem et supplicarunt ut quamvis eo die abessent a comitatu rectoris et Universitatis, attamen illis, ut regis servitio addictis, his scholæ servientibus et lectionum causa occupatis, percipere honorarium illud liceret quod aliis præsentibus datum est. Ac eorum quidem petitioni Facultas annuit et consensit ut singuli binos aureos acciperent (« Ce jour là, les médecins du roi et les lecteurs ont déclaré à la Faculté qu’ils n’avaient rien reçu du Doyen pour l’entrée du roi Henri II dans Paris : malgré leur absence dans le cortège du recteur et de l’université, les uns parce qu’ils avaient été adjoints au service du roi, les autres parce qu’ils étaient de service dans les écoles et occupés par leurs leçons, ils suppliaient qu’on leur permît de recevoir la gratification qui avait été donnée à ceux qui avaient été présents. La Faculté accéda à leur demande et consentit à donner à chacun d’eux deux deniers d’or »). Cf. CONCASTY (1964), p. 448-449.
[33] Mais la règle n’est pas absolue. La très influente famille des Miron qui compte plusieurs médecins de rois au XVIe et XVIIe siècles, ne présente aucun membre au Collège Royal. Voir CHATELAIN (2009).
[34] Voir deuxième partie.
[35] Ms 2058, BIU Santé, p. 9 : Extrait des titres concernant la chirurgie servant à faire voir sur quel pied elle a été établie et reconnue par les Rois prédécesseurs de Sa majesté depuis Saint-Louis jusqu’à présent.
[36] Ms BIU Santé, Commentarii IV, 1526-1527, f° 199v, avec extrait des registres du Parlement en français.
[37] WICKERSHEIMER (1915), p. LXXXIII et LXXXIV. Commentarii IV, 1531-1532, fos 295v-296r : procès-verbal de la séance de la faculté de médecine du 27 janvier 1531 (1532), où sont énumérées les obligations des chirurgiens (obéissance et respect, discrétion, aide contre les empiriques, interdiction de prescription, prestation de serment), avec les noms des cinq chirurgiens qui prêtèrent serment et signèrent (Adrien Rougeault, Guillaume Le Vavasseur, Nicolas Dampham, Pascal Bazin, Égide des Bruyères). Cf. CONCASTY (1964), p. 193-195.
[38] Voir deuxième partie.
[39] Les pages de titres des livres ne sont pas une preuve suffisante. Certains médecins se prévalent indifféremment du titre de « lecteur royal »ou de « médecin du Roi », sans que soit garantie l’authenticité de ces titres.
[40] En l’absence de sources sûres sur la nomination, j’ai indiqué dans les biographies des lecteurs royaux en médecine les protecteurs connus, dans la mesure où ces protections peuvent avoir influencé de manière occulte le choix du roi. Des cardinaux tels Richelieu semblent avoir pris des décisions à titre personnel. Voir deuxième partie.
[41] CONCASTY (1964), p. XCVI, n. 4, note l’aisance matérielle dont jouissaient ces médecins du roi, qui étaient aussi lecteurs royaux et docteurs régents. Aux émoluments et gages s’ajoutaient des dons en propriétés foncières, en espèces, en rentes, en cadeaux divers, en charges lucratives pour eux et les membres de leur famille.
[42] GIROT (1998), p. 85-86.
[43] LUNEL (2008), p. 70-72. L’office de premier médecin du roi était délivré sans limitation de durée et ne semble pas avoir été vénal, sinon sous Mazarin qui fut le premier, et peut-être le seul, à vouloir vendre l’office de Premier médecin du roi, à la mort de Vautier en 1652. Voir PATIN, Lettre à Falconnet, 5 juillet 1652, éd. Réveillé- Parise (1846), p. 6 : « C’est une place vacante pour laquelle le cardinal Mazarin cherche trois mille pistoles. Voilà un de mes compagnons qui dit qu’on l’a offerte à Guénaut à ce prix-là, qui l’a refusée, et qu’il croit que Valot les donnera. Ainsi tout est à vendre, jusqu’à la santé du roi, ce qui est d’un très mauvais exemple ».
[44] LEHOUX (1976), p. 334-336 : inventaires de succession de Jacques d’Amboise et de René Chartier.
[45] GOUJET (1971), p. 304- 306.
[46] Mais une confusion avec son quasi homonyme Jacques-Marie d’Amboise (1576-1611), également recteur de l’Université de Paris, et chargé d’une chaire de philosophie grecque et latine, est possible.
[47] Cf. Ms 3050, fos 1-3, Bibliothèque Sainte-Geneviève.
[48] Jacques Houllier (1510 ?- 1562), bachelier en 1534, obtint le doctorat en 1536. Il fut doyen de la faculté de médecine en 1546 et 1547 et lecteur ordinaire de la faculté en 1538. Son nom apparaît régulièrement dans les Commentaires. Élève des médecins philologues de la génération précédente (Guinther d’Andernach), à une époque où Paris était un centre d’édition et de traduction des classiques grecs et de Galien en particulier, Jacques Houllier était réputé pour ses leçons et pour les commentaires qu’il donna de plusieurs textes hippocratiques (De morbis internis, Aphorismata). Outre Louis Duret, il eut pour élèves Jean Liébault et Alexis Gaudin, et eut une rôle influent dans les courants de pensée hippocratique à cette époque, voir à ce sujet LONIE (1985), p. 155-173.
[49] LEHOUX (1976), p. 8 ; GOUJET (1971), p. 295-296. Voir aussi CHOMEL (1765) ; VONS, «Duret, Louis» (CdF). Il n’est pas rare de voir des médecins demeurer sur les listes, alors qu’ils sont morts.
[50] CHOMEL (1765), p. 12 ; GOUJET (1971), p. 295, se contente d’indiquer qu’il fit un mariage « fort avantageux ». Sa fille Catherine épousa Arnoul de Lisle, gentilhomme du pays de Clèves, professeur royal en langue arabe. Le roi assista au mariage et donna la vaisselle d’argent qui avait servi au festin.
[51] Voir L’ESTOILE (1699), t. 2, p. 341.
[52] Louis Duret traduisit et commenta plusieurs écrits d’Hippocrate, soit par retour direct, soit par l’intermédiaire de Houllier : In magni Hippocratis librum de humoribus purgandis et in libros tres diæta acutorum, L. Dureti Segusiani commentarii interpretatione et enarratione insignes, Paris, J. Jost, 1631 [commentaires publiés par Jean Duret] ; Aduersaria, enarrationes et scholia in Iacobi Hollerii opera practica, et scholia in eiusdem librum de morbis internis, Paris, Charles Macé, 1571 [réédition en 1611, avec une préface de René Chartier] ; Hippocratis magni Coacæ prænotiones ; opus admirabile in tres libros distributum, interprete et enarratore L. Dureto Segusiano, Paris, Baptiste Dupuys, 1588. Sur la place des Prénotions coaques dans le Corpus hippocratum, voir FERRACCI (2009).
[53] Titres des thèses : An morbi omnes vel intra vel extrinsecus nascuntur ? (« Toutes les maladies sont-elles d’origine ou interne ou externe » ?) ; An hydropi ab hepate Phlebotomia et paracenthesis ? (« Faut-il pratiquer une phlébotomie ou une paracenthèse en cas d’hydropisie provenant du foie » ? ), cf. BARON, Ms BIU Santé 2322, p. 11.
[54] LEHOUX (1976), p. 67, note un fils, Paul, baptisé le 9 mai 1600 (mort prématurément ?) et un autre fils, Nicolas, avocat au Parlement, mort en 1622, la même année que sa mère, âgé de 19 ans.
[55] Il donna ses soins au Cardinal de Bourbon, Abbé de Saint Germain des Prés, qui mourut en 1594 d’une mystérieuse maladie. Le rapport d’autopsie est signé le 30 juillet 1594 par plusieurs médecins, dont Jean Duret. Voir LEHOUX (1976), p. 21 ; CLEU (1913), t. XII, p. 268-276.
[56] HAZON (1778), p. 82.
[57] LEHOUX (1976), p. 19. La fonction de médecin ordinaire apparaît sous Henri IV ; son titulaire est chargé de remplacer le premier médecin en cas d’absence, il est domicilié à la cour et est présent lors des consultations, cf. LUNEL (2008), p. 84.
[58] Ms BIU Santé, Commentarii X, f° 66. Sa qualité de médecin du roi fait de Jean Duret le porte-parole de la volonté du roi dans l’affaire Du Chesne et Mayerne.
[59] GOUJET (1971), p. 299, signale un Advis sur la maladie, Paris, Claude Morel, 1619 et une Histoire admirable des plantes et herbes esmerveillables et miraculeuses en nature, Paris, 1605, mais il fait erreur en l’attribuant à Jean Duret. Elle est due à Claude Duret, juge à Moulins, frère de Jean Duret.
[60] GOUJET (1971), p. 295 ; GIROT (1998), p. 74-76, pense que la nomination de Simon Baudichon, appartenant à la religion réformée, était en réalité antérieure à 1568, et qu’elle était due à Ramus, Doyen du Collège, en octobre 1565, pendant l’absence de Charles IX et de la cour occupés dans le grand tour de France. Il est possible que son entrée en fonctions ait été retardée jusqu’à l’obtention des lettres patentes.
[61] Ms BIU Santé, Commentarii VI, f° 241v, 284v. Titre d’une des thèses : An ex suppressis hæmorroïdibus glabrities ? (« Est-ce que la suppression des hémorroïdes entraîne la perte du système pileux ? »), BARON, Ms BIU Santé 2322, p. 4.
[62] GOUJET (1971), p. 298.
[63] Parfois orthographié Fabre ou Faber. Baudichon, Le Conte et Lefèvre sont cités sur le même rang que Guidi, Du Bois, Goupyl, L. Duret et Martin Akakkia parmi les personnalités du Collège morts dans l’exercice de leurs fonctions ou s’en étant retirés pour des motifs forts, dont Henri Monantheuil souhaiterait voir exposés les portraits dans la classe des professeurs en médecine du « Collège achevé et parfait » , dans le discours adressé à Achille Harley en 1595, cf. MONANTHEUIL (1595) ; GOUJET (1971), p. 55-57 .
[64] GOUJET (1971), p. 304.
[65] GOUJET (1971), p. 304. Rodolphe Le Maître est connu comme auteur de nombreux ouvrages, dont certains sont des ouvrages de déontologie et d’éthique, Doctrina Hippocratis, aphorismi nova interpretatione ac methodo exornati. Leges medicinae arcana judicia patrocinium doctrina Hippocratis, Parisiis, 1613.
[66] Ms BIU Santé, Commentarii IV, f° 148v, 208v. Cf. CONCASTy (1964) p. 72, 106, 130. Éloy le donne comme lecteur au Collège Royal, mais il se trompe, en confondant le père et le fils ou la charge de lecteur ordinaire à l’Université avec celle de lecteur royal.
[67] Martin Akakia père publia en 1538 C. Galeni de curandi ratione ad Glaucum libri duo cum Commentariis, et en 1543 Ars medica quæ est Ars parua, tous deux chez Wechel, à Paris, et souvent réédités au cours du XVIe siècle ; il travaillait à une édition du Galeni ad Patrophilum liber de constitutione artis medicæ quand il mourut (BnF, MS fonds latin 7120).
[68] Les Commentaires distinguent Lutetianus (de la ville de Paris) et Parisinus (incluant les faubourgs). Cf. Compendiaria medicorum parisiensium notitia chronologica series, Ms 8164, BIU Santé, p. 11.
[69] Il répondit par la négative aux deux thèses proposées : An omnis Cacochymia alimenti pravi soboles ? (« Tout état cacochyme résulte-t-il d’une mauvaise alimentation ? ») en 1569 et An omni dispnœæ eadem remedia ? (« Les mêmes remèdes conviennent-ils à toute difficulté respiratoire ? ») en 1570. Cf. GOUJET (1971), p. 297.
[70] LEHOUX (1976), p. 25, 26, passim.
[71] Martini Akakia Regii et Medici et Professoris ob suamin ordinem Regiorum Medicorum cooptationem, Panegyricus Henrico Valesio Regi Christianissimo dictus, Paris, Frédéric Morel, 1578. Le terme cooptatus est intéressant pour comprendre les mécanismes de l’élection.
[72] GOUJET (1971), p. 297, utilise une formule contournée : « Il ne pouvoit d’ailleurs se refuser à quantité de particuliers qui avoient confiance en ses lumieres ». Que la mort de Martin Akakia fût soudaine, j’en vois une preuve dans le fait qu’il a peu publié (un livre sur les maladies des femmes, De morbis muliebribus, publié dans Israel Spachius, Scriptorum ueterum recentiorumque Collectio, 1597, et des Consilia, ibid., parfois attribués à son père), mais qu’il a laissé deux ouvrages à l’état de manuscrit, des commentaires sur un traité d’anatomie de Jacques Du Bois, Annotata in libros tres anatomicos I. Sylvii, 1577 (BnF MS fonds latin 7071) et un traité sur les fardements, Tractatus de his medicinæ partibus quæ dicuntur Cosmetica et Commotica, 1578 (BnF MS fonds latin 7071). Pour la succession de Martin Akakia au Collège, voir Jean Martin, Pierre Seguin et Étienne Gourmelen.
[73] LEHOUX (1976), p. 64. Dans l’inventaire du 15 décembre 1588, Madeleine Coignet est désignée comme tutrice des six enfants mineurs. Le testament de Martin Akakia pourvoit à l’éducation de ses enfants jusqu’à 20 ans, id, p. 540. Madeleine Coignet mourra en 1631, id, p. 542- 543.
[74] GOUJET (1971), p. 300.
[75] GOUJET (1971), p. 300, mentionne les éloges que ce médecin reçut de ses contemporains médecins et lettrés (Jean Dorat, André Malésieu, René Moreau), mais il est possible que ses différends avec Ambroise Paré aient relégué le rôle de Gourmelen au second plan dans l’histoire de la médecine. Peu d’études lui ont été consacrées. Voir ROGER (1900) ; CONCASTY (1964), p. 641, ne signale qu’une brève notice dans L. O. M. Miorcec de Kerdanet, Notices chronologiques sur les théologiens, jurisconsultes, philosophes de la Bretagne, Brest, 1818, p. 105- 106. Ses ouvrages ont récemment été numérisés dans le cadre de la rubrique Littérature médicale en français de 1500 à 1600, avec une introduction d’ É. BERRIOT- SALVADORE, http://www.biusanté.parisdescartes.fr/histmed/medica/
[76] Ms BIU Santé, Commentarii VII, 1557-1558, f° 10v. Une note du doyen Antoine Dufour indique que Gourmelen du diocèse de Quimper a présenté sa demande en dehors des délais habituels, pour raison de santé, mais que son temps d’études a été approuvé en sa présence et devant les examinateurs à la Toussaint 1557 (Stephanus Gourmelen, diocesis Corisopitensis, in artibus magister, probavit IIIIor annos studii sui in medicina, finitos in festo Omnium Sanctorum anni Domini 1557. Hic Gourmelen propter valetudinem cum aliis non supplicaverat, sed tamen eius tempus ante me decanum et examinatores probatum est). Cf. CONCASTY (1964), p. 613.
[77] André Malésieu, Le Sommaire de toute la chirurgie, contenant six livres, composé en latin par M. Estienne Gourmele [sic], Docteur en medecine, et traduit en françois par M. André Malesieu, chirurgien à Paris, Paris, Nicolas Chesneau, 1571. Une nouvelle traduction enrichie, due à Germain Courtin, docteur en médecine, fut publiée chez Jamet et P. Mettayer en 1603, sous le titre Le guide des chirurgiens.
[78] Hippocratis libellus de Alimento a S. Gormeleno, Doct. Med. Par., e Græco in Latinum conuersus et commentariis illustratus, Paris, Nicolas Chesneau, 1572.
[79] Ambroise Paré, Apologie et Traicté contenant les voyages faicts en divers lieux, dans Œuvres complètes, Paris, 1585, Nicolas Buon, p. 1207-1245. Voir BERRIOT-SALVADORE (2011), p. 14.
[80] Voir HAZON, p. 76-77 ; GOUJET (1971), p. 301-304.
[81] Il laissa plusieurs écrits, copiés et publiés par ses élèves, et dédiés le plus souvent à d’autres médecins du roi et lecteurs au Collège Royal. Ainsi, le cours qu’il dicta du 1er mars 1575 au 13 septembre 1576 fut copié par ses élèves Martin Le Pigny et Jean Lamon, et publié par René Moreau à Paris, chez J. Libert, sous le titre Prælectiones in librum Hippocratis Coi Medicorum Principis de morbis internis, comprenant le texte grec, la traduction latine et les commentaires de Martin ; il était dédié à Pierre Seguin, médecin et professeur royal. Seguin écrivit une « Vie de Martin » au début des Maladies internes publiées par Moreau en 1637. Les Praelectiones in librum Hippocrati Coi Medicorum principis de aëre, aquis et locis, dédiées à Jacques Cousinot, furent éditées à Paris, chez M. & P. Guillemot, en 1646, par les soins de René Moreau.
[82] Ad Iosephi Scaligeri ac Francisci Vertuniani pseudo-Vincentiorum Epistolam Responsio, Paris, E. Gorbin, 1578.
[83] GOUJET (1971), p. 309, le nomme Martin Akakia II, car il fut le 2e à enseigner au Collège Royal, mais dans l’ordre généalogique, il s’agit du 3e Martin Akakia. L’épisode montpelliérain est ignoré de Goujet, mais attesté par les registres de Montpellier, cf. GOURON (1957): Martin Akakia est immatriculé le 3 février 1595 sous le n° 3081.
[84] Réponses affirmatives aux thèses proposées dont les sujets reflètent un mélange d’idées hippocratiques et alchimiques : An in contentis, continentibus et impetum facientibus sanitas et morbus ? (« La santé et la maladie se trouvent-elles dans les parties contenues, contenantes et celles ayant une force impulsive » ?), An orgasmos et pepasmos purgationi scopi ? (« La purgation est-elle utile en cas d’échauffement et de coction des humeurs » ?), An a capitis omate oppositæ partis convulsio lethalis ? (« Une convulsion mortelle peut-elle se produire à partir d’un hématome situé sur la partie opposée de la tête ? »).
[85] GOUJET (1971), p. 309, montre l’importance de ces réseaux familiaux lorsqu’il écrit que Pierre Seguin avait deux raisons pour choisir Martin Akakia comme successeur: « Il était devenu le beau-frère de Martin II du nom en épousant Anne Akakia, et il connaissait par lui-même le rare mérite de celui-ci ».
[86] PATIN, Lettre [à Charles Spon] du 16 novembre 1645, éd. J. H. Réveillé-Parise, t. I, p. 367.
[87] Voir deuxième partie.
[88] Encore bachelier, Simon Seguin ( ?- 1591) fut désigné avec trois autres médecins (de Gorris, Perreau, Laffilé) de la Faculté de Médecine de Paris pour juger les Commentaires qu’Angelo Piccolomini, médecin originaire de Ferrare et diplômé de l’Université de Padoue, venait de publier à Paris sur le De humoribus Galeni. Le 12 octobre 1555, Nicolas Vigoureux, docteur-régent, avait dénoncé l’ouvrage comme contenant des absurdités et des assertions fausses. Les médecins retenus dans le jury étaient réputés comme latinistes et hellénistes ; ils rendirent un avis favorable au libraire en 1556. L’épisode met en lumière le rôle de censure exercée par les docteurs-régents de Paris en matière de publication médicale. Voir CONCASTY (1564), p. XCII, p. 564-566.
[89] Thèses soutenues : An iisdem nutrimur quibus constamur (« Notre nourriture est-elle conforme à notre constitution ? ») en 1588, Confertne apoplexiæ febris superveniens ? (« L’arrivée de la fièvre est-elle un bien en cas d’apoplexie » ?) en 1589, An in ægris et sanis idem cibandi scopus ? (« Le but de l’alimentation est-il identique pour les malades et pour les gens en bonne santé ? ») en 1590. Cf. GOUJET (1971), p. 306-307.
[90] BARON, Ms BIU Santé 2322, p. 105 : Il est nommé « Conseiller et premier médecin de la reine « lors de sa présidence à la thèse cardinale de Hugo Chasles.
[91] VONS, « Seguin, Claude» (CdF).
[92] LUNEL (2008), p. 86.
[93] PATIN, Lettres, éd. Réveillé-Parise, t. I, p. 367.
[94] VONS « Seguin, Pierre » (CdF).
[95] DU CHESNE, Joseph, Tetras gravissimorum totius capitis affectuum, Marbourg, 1606, p. 44.