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Poétique de la diplomatie : Hugues Salel et l’entrée de Charles Quint en France (1539-1540)

John Nassichuk

John Nassichuk, "Poétique de la diplomatie : Hugues Salel et l’entrée de Charles Quint en France (1539-1540)", dans Bulletin de l’Association d’études sur l’humanisme, la réforme et la renaissance, année 2002, volume 55, numéro 55, p. 51-67.

Extrait de l’article

La carrière poétique d’Hugues Salel débuta en 1534, lorsqu’il publia, à la suite du Palais des nobles Dames de Jehan du Pré, une œuvre de jeunesse : le Dialogue non moins utile que delectable, précieux et piquant débat en 320 vers entre Jupiter et Cupidon. La même année, le Pantagruel de Rabelais parut à Lyon chez François Juste ; en tête de l’édition figure un dizain que Hugues Salel adressa « A l’autheur de cestuy livre ». La publication de ce dizain assura déjà à Salel une certaine renommée, liée au grand succès de l’ouvrage de Rabelais. Mais ce fut pendant les années suivant la trêve de Nice (conclue en 1538) qu’Hugues Salel, nommé valet de chambre ordinaire du roi, prit sa place à la cour de François Ier et acquit la réputation de poète royal dont il jouit jusqu’à sa mort en 1553. En 1540, le roi le nomma abbé commandataire de Saint- Chéron, don qui lui permit d’entamer le travail littéraire significatif qu’est sa traduction de Ylliade en vers français. La faveur royale continua même après le décès de François Ier : en 1549 Henri II nomma Salel abbé de Saint-Sanson et, cette même année, Catherine de Médicis lui accorda le titre de « Conseiller et Aumosnier ordinaire de la Roine ».

Dans une carrière aussi distinguée malgré la modestie relative de son œuvre, les écrits des années de la trêve de Nice apparaissent décisifs. Fin 1539, Charles Quint sollicite la permission de traverser la France afin de réprimer une révolte à Gand. François Ier, souffrant d’un abcès, envoie à la rencontre de l’empereur ses deux fils et Anne de Montmorency. Le roi ne néglige aucun aspect de la propagande diplomatique : Hugues Salel accompagne la mission royale dans l’entourage du dauphin Henri, puis escorte Charles Quint. Pour célébrer l’occasion du passage impérial, le poète compose une série de pièces, « véritable cycle qui se recommande autant par l’adresse politique que par les mérites littéraires ». Parmi ces pièces de circonstance, la plus importante est incontestablement la célèbre « Chasse Royale » présentée à Charles Quint et à François Ier lors de l’entrée de l’empereur à Paris, le 1er janvier 1540. C’est une lecture de ce long poème qui fera, dans un premier temps, l’objet des pages suivantes ; dans un deuxième temps, on considérera les autres pièces commémorant le passage de Charles Quint sur le sol de France. Plus brèves que la « Chasse Royale », ces pièces épigrammatiques présentent toujours un grand intérêt par le complément qu’elles apportent à la pièce principale.

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