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Le chiffre de François Ier : exégèse

Thibaud Fourrier, François Parot

Thibaud Fourrier, François Parot, "Le chiffre de François Ier : exégèse", Paris, Cour de France.fr, 2022. Article inédit mis en ligne le 15 déc. 2022 (https://cour-de-france.fr/article6524.html).

Extrait de l’article [1]

Certains emblèmes de la fin du Moyen-âge et du début de la Renaissance, pour être bien connus, n’en gardent pas moins une part de mystère [2]. Dans la panoplie emblématique du roi François Ier figure un de ces signes particulièrement difficiles à interpréter, formé d’un « 8 » enroulé autour d’une croix triple, bien reconnaissable malgré quelques variantes graphiques (fig. 1).

Ce roi disposait d’un répertoire emblématique fourni (devise, monogramme, couleurs…), conçu avant même son avènement, dont il était fait un usage intensif. Il n’en va pas de même pour l’emblème dont nous parlons ici, qui semble postérieur à son couronnement et qui n’a été identifié que sur un petit nombre de supports, tous en rapports étroits avec le roi. Aucun texte contemporain n’en fait mention, ce qui rend même difficile d’en définir la nature.

Plusieurs années d’investigation nous ont cependant permis d’identifier un ensemble de strates herméneutiques possibles ou probables qui va, en bref, du monogramme au talisman. Le matériel découvert est si riche que nous avons dû scinder notre exégèse en deux parties : la première recouvre l’interprétation monogrammatique et symbolique, sujet de notre publication présente, la seconde plus acroamatique traite de son contenu doctrinal en rapport avec l’enseignement du franciscain Jean Thenaud, qui a déjà donné lieu à publications [3].

Au constat de la complexité de cet objet sémiotique, véritable cas d’école, nous avons convenu de le faire entrer dans la catégorie des « chiffres », comprenant lettres et monogrammes divers, catégorie aujourd’hui encore mal cernée, mais qui, au-delà de simples initiales ou de combinaisons plus ou moins savantes de lettres, est l’expression résumée d’un nom, d’une idée, d’une image, d’une sentence, d’un mystère.

Nous nous attacherons ici à décrire le corpus des diverses représentations connues de cet emblème, en y intégrant de nouveaux exemplaires qui avaient jusqu’à présent échappé aux chercheurs. Nous en établirons la typologie et, dans la mesure du possible, la chronologie. Enfin, nous entrerons dans la première partie de l’étude de sa polysémie. L’ensemble de nos recherches sur cet emblème sera regroupé dans un ouvrage à paraître prochainement.

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Notes

[1Cet article correspond à notre contribution à la journée d’études Des Chiffres et des Lettres - monogrammes, lettres emblématiques et chiffres énigmatiques dans l’emblématique, fin du Moyen âge - début de la Renaissance, organisée par Laurent Hablot (CESCM/EPHE) au monastère royal de Brou (Ain), les 5 et 6 novembre 2015

[2Par exemple les deux E adossés de Philippe le Bon, en relation probable avec un appel à la croisade (Eques Ecclesiae), qui n’est pas sans rapport (au moins visuel) avec notre sujet : cf. Francis Salet, Emblématique et histoire de l’Art, Revue de l’Art, 1990, n°87, p. 24.

[3Thibaud Fourrier et François Parot, « La « cabale » de Jean Thenaud : un éclairage sur le « chiffre » de François Ier », dans Jean Thenaud voyageur, poète et cabaliste, (dir.) I. Fabre et G. Polizzi, Droz, 2020, p. 295-327 ; également François Parot, « L’inventio de Jean Thenaud pour l’aliénation de François Ier », dans les Cahiers de la revue Accademia, Caballa II, juin 2021, p. 55 à 83.