Le vin de champagne pendant l’Empire
Patrick Demouy
Demouy, Patrick, Le vin de champagne pendant l’Empire, Histoire des sciences médicales, 2014, 48 (3), p. 297-300
Extrait de l’article
La Champagne viticole a connu bien des bouleversements pendant la période révolutionnaire. D’abord avec la vente comme biens nationaux des vignobles des aristocrates politiquement incorrects (comme la famille des marquis de Sillery, émigrés, ou Jacques Cazotte, de Pierry, guillotiné) et des ecclésiastiques, moines et chanoines, qui étaient des grands propriétaires depuis le haut Moyen-Âge. Il s’agissait de domaines extrêmement morcelés car constitués de dons et d’acquisitions échelonnés sur des siècles. Au XVIIIème siècle, les moines ne travaillant plus de leurs mains, ces parcelles, de surface réduite, étaient confiées à des tâcherons, qui s’en sont alors bien souvent portés acquéreurs à bon prix. Aujourd’hui encore 55% des vignerons possèdent moins d’un hectare. Les rentiers et les notables ne pressentaient pas l’avenir de la viticulture champenoise dont ils voyaient surtout les mauvaises récoltes ; ils préféraient les terres labourables ou les bois. La part prépondérante dès lors d’une viticulture paysanne explique la tendance à privilégier les plants les plus productifs et résistants pour satisfaire la demande locale de vins à bon marché. L’augmentation des fumures favorisait les rendements, mais donnait une mauvaise odeur au vin, aux dires des nostalgiques de la qualité privilégiée par les propriétaires de l’Ancien Régime.