Élisabeth-Charlotte D’Orléans (1676-1744) : une femme à la mode ?
Sarah Lebasch
Lebasch, Sarah, "Élisabeth-Charlotte D’Orléans (1676-1744) : une femme à la mode ?", Dix-huitième siècle 1/2012 (n° 44), p. 399-423
Extrait de l’article
La cour est sans aucun doute le lieu où s’exprime le plus le souci des apparences, parce qu’elle est le lieu du paraître par excellence comme le rappelle l’ouvrage dirigé par Isabelle Paresys et Natacha Coquery, Se vêtir à la cour en Europe (1400-1815). Les apparences vestimentaires sont rythmées et codifiées par les événements à la cour, qu’ils soient ordinaires (messe, chasse, promenade, bal...) ou extraordinaires (baptême, mariage, deuil de cour, sacre, couronnement) puisqu’elles constituent un ensemble de signes matériels qui construisent l’apparence des souverains et des courtisans. Pièces vestimentaires, textiles, couleurs, ornementation et bijoux participent à cette représentation du luxe, et ce sont aussi des marqueurs identitaires. Le vêtement révèle autant les codes propres à la société de cour, chère à Norbert Elias, que ceux de la présentation de soi, soumise au regard d’autrui, qui s’y élaborent. Il permet « à sa manière, de voir jouer les mécanismes de la société de cour et s’intègre dans la représentation du rang par la forme et dans les concurrences pour les signes du prestige », comme le soulignait Daniel Roche en 1989 dans La Culture des apparences. La cour élabore depuis le Moyen âge, et encore plus à l’époque moderne, un système vestimentaire fondé sur la splendeur comme un instrument politique, sur lequel Philip Mansel attire l’attention dans son ouvrage Dressed to rule. Paré de ses plus beaux habits ou de manière plus sobre, le prince est décrit comme celui qui donne le ton à la cour, utilisant le vêtement comme une arme politique et économique.