Aux sources de l’art des tailleurs et des couturières de l’époque moderne (XVIe au XVIIIe siècle) : des traités d’époque aux relevés contemporains
Sébastien Passot
Passot Sébastien, « Aux sources de l’art des tailleurs et des couturières de l’époque moderne (XVIe au XVIIIe siècle) : des traités d’époque aux relevés contemporains », Apparence(s), 9, 2019.
Extrait de l’article
La toute première fonction d’un vêtement est d’être porté. Cette problématique essentielle ne doit pas être oubliée au cœur de musées de mode où ne nous restent que les enveloppes des corps qui les ont habitées. Il apparaît donc essentiel, pour transmettre au public une idée qui soit la plus juste possible de ces habits, tel qu’ils ont pu être portés, de saisir au mieux la façon dont ils sont taillés et fabriqués.
Les pièces vestimentaires qui nous sont parvenues ne sauraient à elles seules être suffisantes pour saisir une histoire globale de la mode de l’époque à laquelle elles appartiennent. Les collections de la Renaissance et du XVIIe siècle sont extrêmement lacunaires, beaucoup plus riches pour le XVIIIe siècle mais, en grande majorité, les habits qui sont conservés ne concernent qu’une toute petite partie de la population.
Selon les méthodes de recherche en application à la School of Historical Dress, la bonne compréhension du vêtement ne peut être pleinement satisfaisante qu’en appliquant la méthodologie d’étude des « quatre C » : Contenu, Coupe Construction & Contexte.
Les deux premiers points ont été largement développés dans les nombreuses publications traitant de l’histoire de la Mode à l’époque moderne : description détaillée des pièces vestimentaires et évolution de la silhouette, analyse des pratiques et enjeux socio-économiques, étude approfondie de l’histoire et des techniques des textiles, etc. L’approche matérielle des vêtements-mêmes par une étude plus poussée de leur coupe et de leur fabrication occupe une place très minoritaire et, nous le verrons, assez récente lorsqu’il s’agit d’ouvrages d’analyse scientifiques.