Consommation et marché au XVIIIe siècle
Jean-Yves Grenier
Grenier Jean-Yves, "Consommation et marché au XVIIIe siècle", Histoire & Mesure, 1995 volume 10 - n° 3-4. Consommation, p. 371-380
Extrait de l’article
Les phénomènes de consommation dans les sociétés de l’époque moderne pourraient bien souvent fournir des clefs pour comprendre l’économie d’Ancien Régime. La pensée économique du XVIIIe siècle, à la différence de l’école classique qui s’affirme à partir d’Adam Smith, leur accorde d’ailleurs une place centrale dans ses analyses. Ils restent pourtant mal connus. L’historiographie du sujet — pour l’essentiel assez récente — est en effet dominée par deux types d’études. Les premières sont descriptives et cherchent à reconstituer le monde des objets ou le cadre de vie des populations anciennes. Ces démarches empiriques, souvent appuyées sur les sources notariales et les inventaires après décès, sont parfois très riches et elles renouvellent notre connaissance de l’environnement matériel de l’Ancien Régime. Elles procèdent cependant plus du constat que de l’explication. Les secondes sont plus globales car elles mettent en situation l’objet dans la vie sociale. Les récentes analyses de Daniel Roche à propos du vêtement aux XVIIe et XVIIIe siècles en sont un exemple. Son ambition est ainsi plus marquée puisqu’il s’agit de comprendre ce fait social global que sont les habitudes vestimentaires en les situant dans un ensemble de pratiques culturelles et dans un système signifiant. Ce type d’approche a considérablement enrichi notre compréhension de la consommation mais dans une perspective d’abord culturelle. Les comportements économiques en tant que tels ne sont guère pris en considération.