Médecins et empiriques à la cour de Louis XIV
François Lebrun
François Lebrun, "Médecins et empiriques à la cour de Louis XIV", dans Histoire, économie & société, année 1984, volume 3, numéro 3-4, p. 557-566.
Extrait de l’article
Dans la France de la seconde moitié du XVIIe siècle, la Cour constitue un monde particulier à bien des égards. Les quelques milliers de personnes qui vivent à l’ombre du Roi Soleil, d’abord à Saint-Germain ou à Fontainebleau, puis après 1682 presque toujours à Versailles, appartiennent en majorité à la haute noblesse et mènent une vie largement oisive, occupée de fêtes et d’intrigues, sur laquelle les mémoires et correspondances du temps jettent un jour crû. Pourtant, face à la maladie et à la mort, roi, princes et courtisans se retrouvent, en dépit de certaines apparences, dans une situation cruellement semblable à celle de l’ensemble de leurs contemporains. Encore, l’assistance d’un corps médical pléthorique, notamment autour du souverain et de sa famille, loin d’être un avantage, est-elle sans doute un danger supplémentaire compte tenu de l’impuissance de la médecine et de l’entêtement de beaucoup de médecins. Il n’est pas surprenant dans ces conditions que l’on recourt aux empiriques de toute espèce, qu’une frontière floue, d’ailleurs, sépare des tenants de la médecine officielle.